Immobilisme, volontarisme et irréalisme : la conférence de Hollande ne convainc pas
Les éditorialistes saluent une conférence réussie sur la forme, mais déplorent notamment l'absence de réformes de structure.
Il a parlé à la presse, elle lui répond, vendredi 17 mai. Au lendemain de la conférence de presse de François Hollande, les éditorialistes donnent leur sentiment sur la prestation du chef de l'Etat.
Plutôt satisfaits sur la forme, ils accusent notamment le président de persister dans une politique jusqu'alors peu fructueuse, selon eux.
Le bon point : la forme offensive
"L'an II du quinquennat, ce doit être l'offensive." Ce message, lancé par François Hollande, a été entendu et bien perçu. Vendredi matin, Le Parisien note que le chef de l'Etat "s'est posé en chef". Midi Libre a vu un François Hollande "pédagogue", et Le Figaro lui-même écrit que le président, "non sans talent mais avec quelques longueurs, se pose en force qui va".
"Loin de l'intervention sans saveur commise il y a moins de deux mois à la télévision, le chef de l'Etat a corrigé son image écornée", juge l'éditorialiste de Libération Eric Decouty, par sa "capacité à trancher", son "volontarisme" et "en traçant les grandes lignes de sa méthode". Satisfait, Libération ? Pas vraiment. Si la prestation est jugée efficace "sur la forme", "il n'est pas certain que la correction de son image suffise à retrouver un peu de confiance".
François Hollande "est sympathique, il décide, confirme David Guévart dans Le Courrier picard, avant de nuancer : "Mais [il] n'enclenche pas la dynamique attendue."
Le constat : l'immobilisme sur le fond
De droite à gauche, la presse n'a pas été convaincue par le contenu du discours du président, déterminé à poursuivre sa politique. "A garder vaille que vaille un cap qui est loin d'avoir fait ses preuves, il prend le risque de précipiter sa chute", estime Christophe Bonnefoy dans Le Journal de la Haute-Marne. "Sur le fond, le chef de l'Etat a pour l'essentiel réaffirmé les grandes lignes de sa politique, juge aussi Libération.
"Le président n'a pas changé", conclut la journaliste politique du Monde Françoise Fressoz, sur son blog. "Il veut bien réduire les déficits et doper la compétitivité au nom de l'idée de grandeur qu'il se fait du pays. En revanche, il ne sera pas le président qui aura fait passer le modèle français par-dessus bord. Il n'est pas là pour mener une expédition punitive qui plomberait définitivement le moral des troupes. Au contraire."
Du coup, la plupart des quotidiens déplorent que le président ait été "très peu disert sur les réformes de structure", selon l'expression de La Croix. "Il a esquivé la question des changements en profondeur nécessaires pour dynamiser l'économie française", déplore l'éditorialiste du quotidien catholique, François Ernenwein, pour qui les annonces de jeudi n'ont pas suffi.
A gauche, le ton est aussi virulent pour dénoncer l'immobilisme du président, mais dans la rigueur. "Austérité an II", titre L'Humanité. François Hollande "n'a pas eu de mots assez forts pour peindre en rose une politique de renoncement qui, mutatis mutandis, s'inscrit dans une certaine continuité avec la précédente", écrit le quotidien communiste.
La critique : le manque de réalisme
Offensif, le président a également été perçu comme optimiste. "Le président sait que sa cote d'amour, réduite à son poids électoral du premier tour, restera calquée sur la courbe du chômage et du pouvoir d'achat. Il espère seulement qu'un coup de talon au fond de la piscine l'aidera à refaire surface", estime Ouest France.
Pour Le Figaro, cela relève du manque de réalisme. "Il est surtout fort satisfait de sa politique, qui, avec de la chance et pour peu que les Français fassent preuve d'un minimum de patience, finira par produire des résultats. Il y a dans ce contraste entre une réalité dont chacun reconnaît qu'elle est désastreuse et l'optimisme de commande du chef de l'Etat quelque chose de proprement stupéfiant", attaque le quotidien conservateur.
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