Comment trois jihadistes présumés ont échappé à la police française
Ces Français, surveillés de près par la DGSI, ont été interpellés en Turquie à leur retour de Syrie. Mais ils ont réussi à rejoindre la France, mardi, sans être arrêtés. Explications.
"Aucun policier n'est venu nous accueillir à l'aéroport." Arrivé en France depuis une heure, mardi 23 septembre, Imad Djebali a confié sa stupéfaction au micro de RTL. "Même nous, cela nous a étonnés", a-t-il reconnu, alors qu'il s'attendait, avec deux autres hommes, à être "attrapé" et placé "en garde à vue" par les autorités françaises. Les trois jihadistes présumés, surveillés de près par la DGSI, ont fini par se présenter d'eux-mêmes, mercredi, à la gendarmerie. Francetv info revient sur les dysfonctionnements à l'origine de ce gros raté, a déclenché une enquête de l'Inspection générale de l'administration et de la "police des polices".
En profitant d'un couac entre la Turquie et la France
Imad Djebali, Gael Maurize et Abdelouahab El Baghdadi, détenus en Turquie après leur retour de Syrie, devaient être expulsés, mardi, "par un vol à destination de Paris en provenance d'Istanbul", selon le ministère de l'Intérieur. Le pilote de l'avion ayant refusé de les embarquer, "les services turcs ont décidé de les renvoyer en France par un vol à destination de Marseille", précise l'Intérieur.
Problème : les services français n'ont été informés par Ankara de ce changement de vol qu'après leur arrivée sur le sol français. "Il y a manifestement un gros cafouillage, mais il est en grande partie dû aux difficultés, à l'absence de très bonne collaboration avec les services turcs", a estimé, mercredi, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Une enquête administrative a été ouverte.
En profitant d'un contrôle des passeports aléatoire
"On a passé la douane, on a montré les passeports", raconte Imad Djebali. "Ils ont voyagé avec leur passeport. Ils n'ont pas été inquiétés, a constaté son avocat Pierre Dunac. Aussi incroyable que cela puisse paraître, c'est la réalité."
A leur descente de l'avion, les trois jihadistes présumés sont passés, sans encombre, devant la police aux frontières, comme n'importe quel voyageur. Leur arrivée n'ayant pas été signalée à la police, ils ont pu échapper à un contrôle approfondi de leur identité. "Tous les passeports ne sont pas filtrés, il n'y a aucun automatisme, indique une source policière à l'AFP. C'est le policier qui a l'initiative, en fonction du niveau de risque qu'il perçoit."
Le système de contrôle des passeports, baptisé Cheops, qui centralise quasiment tous les fichiers de police et de gendarmerie, était en panne, mardi après-midi, selon des sources policières. "Ces pannes sont fréquentes parce que nous avons des systèmes informatiques avec des moteurs de 2 CV", souligne le Syndicat des cadres de la sécurité intérieure, interrogé par France Info.
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