Fermeture du centre de déradicalisation de Pontourny : "Il faut trouver une idéologie de remplacement aux radicalisés" estime la sénatrice Nathalie Goulet
Le ministère de l'Intérieur a annoncé vendredi matin la fermeture de l'unique centre de déradicalisation en France, en Indre-et-Loire. "Pas étonnant", estime la sénatrice UDI Nathalie Goulet.
Le ministère de l'Intérieur a annoncé ce vendredi matin la fermeture de l'unique centre de déradicalisation en France, en Indre-et-Loire. Il avait été ouvert à titre expérimental en septembre 2016, et seules neuf personnes sont passées entre ses murs.
Nathalie Goulet, sénatrice UDI de l’Orne et vice-présidente de la Commission des Affaires étrangères de la Défense et des Forces armées du Sénat, a expliqué sur franceinfo que "ces opérations de lutte contre la radicalisation ont fait plus l'objet de communication que de travail de fond et de méthode".
franceinfo : Comment expliquez-vous que l'expérience ne se soit pas révélée concluante ?
Nathalie Goulet : Ces opérations de lutte contre la radicalisation ont fait l'objet de plus de communication que de travail de fond et de méthode. Ce n'est pas étonnant que ça ne fonctionne pas. (...) J'ai fait adopter la semaine dernière au Sénat un amendement sur la loi antiterroriste. S'il est adopté par l'Assemblée nationale, il va encadrer toutes les associations qui s'occupent de lutte contre la radicalisation. Aujourd'hui, nous n'avons pas d'harmonisation, nous avons différents programmes, beaucoup de bonne volonté mais pas de méthodologie. Il faut professionnaliser la lutte contre la radicalisation. Comme on est toujours dans la réaction et le répressif, on a du mal à s'attaquer à la prévention.
Cette lutte contre la radicalisation devrait passer par quelle méthode ?
Il faut absolument un conseil scientifique qui puisse créer des programmes, avoir un contrôle, une évaluation et une professionnalisation de ce désembrigadement, ou de ce que j'appelle moi la reconstitution du lien citoyen. Le nombre de jeunes gens radicalisés augmente chaque mois. (...) À l'unité centrale de lutte antiterroriste on a dû dépasser les 13 000 personnes signalées, dont une grande partie de convertis.
Le plus dur n'est-il pas à venir avec l’effondrement de l'EI, certaines personnes vont être tentées de revenir en France ?
Forcément, mais il faut travailler sur le fond du sujet. Il faut trouver une idéologie de remplacement aux radicalisés, et reconstruire ce lien citoyen. Aujourd'hui, nous n'avons pas grand chose à leur offrir. Je ne suis pas optimiste sur ce type de centre car il est difficile pour ces gens de revenir en arrière. Madame Domenach, au comité interministériel de lutte contre la radicalisation fait un travail important pour insérer une méthodologie et des contrôles.
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