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Terrorisme : trois questions sur le devenir des jihadistes français qui se sont rendus en Syrie et en Irak

Alors que le groupe terroriste Etat islamique vient de perdre le contrôle de sa dernière ville en Syrie, le sort des 700 adultes et 500 enfants français qui se trouvent encore dans la zone pose question.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le palais de justice de Paris, le 11 octobre 2017. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

"Nous sommes face à des gens qui sont davantage déçus que repentis." Le procureur de la République de Paris, François Molins, a résumé l'état d'esprit des Français partis en Syrie et en Irak pour s'engager dans les rangs du groupe terroriste Etat islamique, vendredi 10 novembre, sur franceinfo. L'organisation a été chassé de la dernière ville de Syrie, jeudi, posant la question du devenir des jihadistes français qui se sont engagés avec l'organisation terroriste, ainsi que de leur famille.

Franceinfo répond à trois questions sur le devenir de ces ressortissants ou résidents français dont le sort inquiète les autorités.

1Combien sont les jihadistes ?

Selon le gouvernement, environ 1 700 Français sont partis rejoindre les zones jihadistes irako-syriennes depuis 2014, année où l'organisation terroriste a proclamé la création du califat en Irak et en Syrie. Sur ce total, au moins 278 Français sont morts, tandis que 302 sont revenus en France. Parmi ces "revenants", 66 sont des femmes et 58 sont mineurs, la plupart de moins de 12 ans.

Pour les autres, ils ont soit été capturés en Syrie ou en Irak, soit tués dans les combats ou ont fui vers d'autres foyers jihadistes, comme la Libye. Selon le ministère de l'Intérieur, 700 adultes et 500 mineurs Français sont encore sur zone, rapporte Le Parisien. Vendredi sur franceinfo, François Molins a affirmé que 295 femmes et 28 mineurs combattants se trouvaient encore en zone irako-syrienne.

2Où seront-ils jugés ?

Il n'y aura pas de rapatriement général. Le président français, Emmanuel Macron, a affirmé, le 8 novembre à France 2, que la souveraineté de l'Irak sera reconnue. Les jihadistes français arrêtés en Irak pourront donc être jugés dans ce pays avec leur famille. "Il y en a qui peuvent revenir sans qu'ils soient rapatriés, a-t-il expliqué. Il y en a qui peuvent être rapatriés, et il y en a qui seront jugés avec leurs familles, dans certaines circonstances, dans les pays où ils sont, en particulier l'Irak."

Selon le chef de l'Etat, la France entretient "des échanges permanents avec la justice [irakienne], que nous reconnaissons. Et quand des crimes sont identifiés pour des ressortissants français (...), ils doivent être jugés."

"Ils ne sont pas allés là-bas faire du tourisme", a poursuivi le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, vendredi matin sur Europe 1.

Ce sont des ennemis, ils ont combattu la France. S'il y a des prisonniers en Irak, les choses sont simples, c'est aux autorités judiciaires irakiennes de traiter la situation des hommes et des femmes combattantes.

Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian

sur Europe 1

Pour les Français détenus en Syrie, la situation semble plus compliquée. La France et le régime syrien de Bachar Al-Assad n'entretiennent plus de relations diplomatiques. "Si des ressortissants français combattants sont présents sur le territoire syrien et faits prisonniers, un signalement est effectué auprès du Comité international de la Croix-Rouge" (CICR), avait affirmé le 30 octobre la ministre de la Défense, Florence Parly, rapporte Le Parisien.

3Va-t-on accueillir en France les familles des jihadistes ?

A la fin octobre, une vingtaine de familles ont envoyé une lettre à Emmanuel Macron pour l'exhorter à rapatrier les femmes et les enfants de jihadistes en France. Le courrier était resté sans réponse jusqu'au 8 novembre. "Pour les femmes et les enfants, ce sera du cas par cas, en fonction des situations, a-t-il déclaré à France 2Lorsqu'ils reviennent en France, les adultes sont soumis à la justice française, sont incarcérés, seront jugés (…) et pour ce qui est des enfants, ils font l'objet, d'ores et déjà, d'une procédure toute particulière et d'un suivi très particulier sur le plan médical et psychiatrique", détaille le président.

Certaines familles de jihadistes considèrent comme "irresponsable" la déclaration du président français. "Les enfants sont innocents, a réagit à l'AFP Amine Elbahi, le frère d'une jeune femme de 19 ans partie en Syrie, et qui a fait deux enfants dans le pays.

En faisant du cas par cas, par exemple en fonction de l'âge, on va décomposer les familles. Or c'est cette décomposition familiale qui a favorisé en France le terreau de la radicalisation. Nous sommes en train de reproduire notre histoire.

Le frère d'une femme partie en Syrie, mère de deux enfants

à l'AFP

Certains proches veulent éviter à leur famille un procès en Syrie ou en Irak, où la peine de mort est encore appliquée, explique Le Parisien.

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