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La famille de Robert Boulin a déposé une requête devant la Cour européenne des droits de l'homme

Elle espère ainsi parvenir à faire rouvrir l'enquête sur le décès de l'ancien ministre en 1979, a-t-on appris mercredi auprès de son avocat.La mort de Robert Boulin (à 59 ans ans le 30 octobre 1979) est l'une des grandes affaires de la Ve République: selon la justice, il s'est suicidé; selon sa fille, Fabienne Boulin-Burgeat, il a été assassiné.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Le ministre du Travail Robert Boulin sort de l'Elysée le 26 septembre 1979 après le conseil des ministres (AFP)

Elle espère ainsi parvenir à faire rouvrir l'enquête sur le décès de l'ancien ministre en 1979, a-t-on appris mercredi auprès de son avocat.

La mort de Robert Boulin (à 59 ans ans le 30 octobre 1979) est l'une des grandes affaires de la Ve République: selon la justice, il s'est suicidé; selon sa fille, Fabienne Boulin-Burgeat, il a été assassiné.

Quelle est l'origine de l'affaire ?
Le cadavre de Robert Boulin, alors ministre du Travail dans le gouvernement de Raymond Barre et pressenti pour Matignon, avait été retrouvé dans 50 cm d'eau d'un étang, près de la forêt de Rambouillet.

Un mois plus tard, la police avait conclu à un suicide par noyade après absorption d'un somnifère. Selon la version officielle, le ministre aurait mis fin à ses jours pour échapper au déshonneur après sa mise en cause dans une affaire d'escroquerie liée à l'achat d'un terrain à Ramatuelle (Var). Mais pour ses proches, il pourrait avoir été victime de rivalités au sein de la famille gaulliste à l'approche de l'élection présidentielle de 1981.

L'affaire s'est terminée par un non-lieu en 1991. Pour conclure au suicide, les juges ont notamment retenu les huit lettres envoyées la veille de sa mort par le ministre à des médias et différentes personnalités, dont Jacques Chaban-Delmas.

Ceux qui défendent la thèse de l'assassinat démontrent l'impossibilité du suicide. Selon eux, les lividités cadavériques prouvent que le corps a été déplacé après la mort. Les différentes plaies, notamment sur le nez, le fait aussi que l'un des poignets ait été fracturé tendent à prouver que Robert Boulin ne s'est pas donné la mort, mais qu'il a bel et bien été tué.

Le procureur refuse la réouverture du dossier
En juin 2010, le procureur général de Paris s'est opposé à la réouverture de l'enquête réclamée par Fabienne Boulin-Burgeat. La famille exigeait cette réouverture en raison de
"charges nouvelles" s'appuyant notamment sur de nouveaux témoignages. Elle demandait des expertises scientifiques et des tests ADN sur les lettres timbrées et les enveloppes censées avoir été écrites et postées par Robert Boulin pour annoncer son suicide, arguant de l'avancée de la science.

"Dans une affaire aussi sensible relative au décès d'un ministre en exercice et considérée comme l'une des énigmes les plus importantes de la Vème République (..), une approche sereine et impartiale de la demande de réouverture de l'information judiciaire formulée par Mme Boulin était indispensable et ne pouvait être assurée que par des magistrats indépendants du pouvoir exécutif", estime la famille Boulin dans sa requête devant la Cour européenne.

Le point de vue de l'un des anciens juges d'instruction
"Il est clair que si on faisait des expertises sur la dizaine de lettres timbrées, avec une possibilité de trouver de l'ADN sous un timbre, on pourrait savoir qui a manipulé ces lettres, et le dossier aurait un autre éclairage", a déclaré mercredi sur France Inter l'un des anciens magistrats instructeurs, Yves Corneloup, aujourd'hui conseiller à la Cour de cassation. Ce dernier a été l'un des quatre juges d'instruction (de 1984 à 1988) de l'affaire.

Yves Corneloup souhaite également la nomination d'un nouveau juge d'instruction, estimant que "c'est une garantie d'indépendance". "Ce dossier a toujours été instruit par un juge d'instruction. Il faut un juge d'instruction", a-t-il dit.

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