La prise d'otage débutée mercredi midi à la prison de la Santé a pris fin, l'otage et le détenu sont indemnes
Francis Dorffer, condamné à 30 ans de prison pour le meurtre d'un codétenu et déjà auteur de deux prises d'otages en prison, a pris pendant plus de cinq heures mercredi un psychiatre en otage à la prison de la Santé, à Paris, avant de le relâcher indemne.
Il aurait fait cela pour réclamer son transfèrement dans l'est où se trouve sa famille.
A l'issue de cinq heures de négociations menées par "la brigade anti-commando" et le "groupe technique" (psychologues et négociateurs) de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI, l'anti-gang) le détenu considéré comme très dangereux a libéré son otage peu avant 17h.
Francis Dorffer, 26 ans, s'est rendu "sans violence" et a libéré le Dr Cyrille Canetti, psychiatre réputé et spécialiste du milieu carcéral. Le Dr Canetti, chef du service médico-psychologique régional (SMPR) de la Santé, n'a pas été blessé et a été libéré indemne.
Il menaçait son otage d'un bout de bois
Selon le surveillant Régis Grava, le détenu aurait "dissimulé dans ses parties intimes un bout de bois pointu, qui n'a pas été détecté lors de la fouille". Il en avait menacé "au niveau du cou" le médecin qu'il voit régulièrement.
Francis Dorffer a été condamné à plusieurs reprises pour viol, violences, homicide volontaire et prise d'otage. Il purge notamment une peine de 30 ans de réclusion, assortie de 20 ans de sûreté, pour avoir tué un codétenu, égorgé avec une fourchette.
Le détenu demande son transfert dans l'Est
Selon son avocat, Me Thomas Hellebrand, le preneur d'otage, libérable après 2030, demandait à être transféré dans l'Est pour se rapprocher de sa compagne, qui habite dans la région de Mulhouse et vient d'avoir un enfant.
Toujours selon son avocat, le détenu avait "l'impression de ne pas être écouté par l'administration pénitentiaire" et que la prise d'otage était "la seule façon pour recevoir une écoute de l'administration".
Dorffer avait déjà commis deux prises d'otage
Francis Dorffer avait été transféré à la Santé peu après la prise d'otage dont il s'était rendu coupable le 17 novembre à la centrale de Clairvaux (Aube), lorsqu'il avait retenu un surveillant durant cinq heures. Il avait alors libéré son otage et s'était rendu au terme de négociations avec le GIGN, qui a fourni des éléments sur sa personnalité aux négociateurs de la BRI.
En novembre 2006, Francis Dorffer, incarcéré depuis l'âge de 15 ans, avait déjà pris en otage une psychiatre à la prison de Nancy durant deux heures pour dénoncer ses conditions de détention.
Selon des sources syndicales, il est inscrit au fichier des "détenus particulièrement signalés" (DPS), qui présentant des risques pour l'ordre et la sécurité. La Santé compte en général une dizaine de ces prisonniers, détenus en quartier de sécurité.
Progression des violences à la prison de la Santé
La maison d'arrêt de la Santé, située 42 rue de la Santé (14e), seule prison parisienne "intra-muros", est une construction du XIXe siècle, selon l'administration pénitentiaire. Sa capacité totale de 920 places est réduite du fait de travaux en cours depuis environ quatre ans. Selon l'OIP, elle hébergeait au 1er janvier dernier 574 détenus pour 469 places.
Le 30 mars, l'administration pénitentiaire avait relevé que l'année 2009 avait été marquée par légère baisse globale (-2%) du nombre de personnes détenues, mais également par une progression des violences. Il y a notamment eu 739 agressions contre les personnels (contre 595 en 2008), 5.025 tentatives de suicides et actes d'auto-mutilation (3.886), 115 suicides (109 en 2008), 21 évasions (5 en 2008). Selon la Direction de l'administration pénitentiaire, il y a également eu en 2009 quatre prises d'otages.
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