Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a annoncé vendredi les chiffres 2010 de la délinquance en France
Nonobstant une diminution de 2,1% de en France, "huitième année consécutive de baisse", les violences aux personnes persistent à augmenter, comme les années précédentes, celles-ci étant en hausse de 2,5% en 2010.
Le phénomène est dû à la hausse, autour de 5%, des violences crapuleuses, celles d'un autre type restant stables.
En 2009, ces violences aux personnes avaient crû de 2,8% en un an. Pour ce qui est des vols de smartphones, la hausse est de près de 40% au cours des dix premiers mois de 2010 dans les transports en commun d'Ile-de-France.
Insistant une baisse de la "délinquance générale", une notion qui qui ne figure pas dans le rapport de L'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONRDP), Brice Hortefeux a précisé qu'elle représentait une décrue de 73.353 victimes par rapport à 2009. Le ministre s'est par exemple félicité de la baisse de 14% des vols à main armée, particulièrement notable en Ile-de-France.
Le président de l'ONRDP, Alain Bauer, s'est refusé à mettre en avant un chiffre unique qui serait vu comme "magique" et qui amalgamerait selon lui des phénomènes différents qu'on ne peut mêler.Les atteintes aux biens, principalement les vols sans violences, baissent de 1,9% tandis que les atteintes aux personnes - violences, atteintes sexuelles et homicides ou tentatives - augmentent de 2,5%, a-t-il expliqué.
Les escroqueries et infractions économiques sont en baisse de 4,3%, a-t-il ajouté. L'évolution générale est conforme à celle constatée depuis 1996, la baisse des atteintes aux biens s'accompagnant d'une montée de la violence.
Certes il n'y a eu que 675 homicides en 2010, le chiffre le plus bas depuis l'apparition des statistiques, a dit Alain Bauer, mais cette donnée est relativisée par l'augmentation en 2010 de 13% des tentatives d'homicides, à 1.071. "Les tueurs ont été moins bons cette année", a-t-il estimé.
Il a aussi rappelé que les statistiques ne recensaient que des faits dénoncés par des plaintes ou découverts par la police et la gendarmerie, ce qui laisse de côté d'importants phénomènes, comme les violences intra-familiales, dont 90% restent selon lui cachées faute de plaintes.
Les violences sur personnes dépositaires de l'autorité (+2,8%) et surtout les violences sur enfants et abandons (+6% sur un an et +35% depuis 2005) augmentent plus vite que la moyenne, comme les viols (10.108 en 2010 soit 2,7% de hausse).
Hausse de 13% des violences aux femmes
Alain Bauer a développé les chiffres concernant les violences faites aux femmes qui voient une hausse de 13% en 2010. Ce chiffre recouvre les agressions sans arme contre les femmes sur la voie publique, qui subissent une "très forte dégradation" marquant une "inversion de processus", a souligné Alain Bauer.
Il s'agit du "point le plus grave et le plus déterminant de la statistique 2010", a insisté Alain Bauer devant le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux.
"Nous avions déjà révélé l'ampleur des violences intrafamiliales dont l'essentiel étaient des femmes et des enfants et notamment des enfants de sexe féminin. Nous avons cette année une très forte dégradation de 13% des vols violents sans armes contre des femmes sur la voie publique", a-t-il dit.
"Après des années de progrès, de remise en question des vieux critères machistes qui semblaient inscrits dans notre patrimoine culturel (...), nous sommes dans la première année de forte inversion d'un processus qui montre que les femmes sont en voie de 'chosification'", selon Alain Bauer.
"Ce ne sont plus des individus, mais des choses qui peuvent se faire agresser et battre comme si de rien n'était", a-t-il encore dit.
Le chiffre des voitures brûlées.
43.701 véhicules ont été incendiés selon le rapport. Ce nombre est en baisse de 2,98% par rapport à 2009, lorsque 45.042 véhicules avaient subi le même sort. Dans le détail, deux mois pèsent pour près d'un fait constaté sur cinq: 4.631 en janvier, 4.011 en juillet, mois marqués par la nuit de la Saint-Sylvestre pour l'un et la Fête nationale pour l'autre.
Mais le phénomène des voitures brûlées recoupe des réalités diverses, comme le montre le "Programme de recensement et d'évaluation des violences urbaines" (Prevu) de la direction centrale de la Sécurité publique (Dcsp) qui ne prend pas en compte les faits constatés par la gendarmerie.
Sur les 32.710 véhicules brûlés comptabilisés par la sécurité publique, 24.696 "ont fait l'objet d'un passage à l'acte identifié, soit 74,28% du total". Les 25,72% restant (8.414) ont brûlé par propagation de l'incendie initial.
Sur ces 32.710 véhicules, "59,10% (19.330) ont été incendiés volontairement" et 27,50% (5.315) sont le résultat de violences urbaines, précise l'Observatoire. Pour les autres, il n'a pas toujours été possible d'établir dans quel contexte l'incendie a été déclenché : 0,20% dans le cadre de différends entre individus, autant pour escroquerie aux assurances et 31,20% en rubrique "autres situations".
Parmi cette dernière catégorie, la DCSP a recensé "2.045 véhicules volés parmi les incendies enregistrés", parfois pour "destruction de preuves" après avoir été utilisés pour la commission d'un crime ou d'un délit".
Un bilan positif pour Hortefeux, contesté par la gauche
Malgré ce bilan mitigé, Brice Hortefeux a tiré lors de la conférence de presse un bilan positif en mettant en avant une notion de "délinquance générale" absent du rapport de l'ONRDP, qu'il voit en baisse de 2,1%. "En 2011, je veux en appeler à l'union sacrée contre la délinquance et l'insécurité", a-t-il dit. Il a promis toujours davantage d'actions "coup de poing", notamment contre le trafic de drogue.
Brice Hortefeux est bousculé par l'opposition pour son interprétation des chiffres, la gauche considérant que le ministre falsifie la présentation pour occulter une montée de la violence. Le Parti socialiste a ironisé sur le "rituel bien établi" de la présentation officielle de ces chiffres par le pouvoir en place et estimé qu'en réalité la violence progressait.
"On nous annonce ainsi aujourd'hui une 'baisse globale' mais une hausse des violences aux personnes, qui ne serait due qu'aux vols de portables. Expliquera-t-on la prochaine fois cette hausse - continuelle - par les vols d'iPads ?", a dit dans un communiqué le député socialiste Julien Dray.
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