Le prix de l'électricité augmente, il fallait s'y attendre
Le décalage entre la hausse des coûts d'EDF et la stagnation des tarifs devenait intenable.
Le rattrapage était inévitable, il n'en est pas moins brutal. Le gouvernement a annoncé, lundi 8 juillet, une hausse conséquente des tarifs réglementés de l'électricité, en deux temps : 5% au 1er août 2013, et 5% au 1er août 2014. Pour les ménages, la note est lourde : leur facture annuelle devrait augmenter de 35 à 50 euros.
Etait-il possible d'éviter cette atteinte au pouvoir d'achat des Français, déjà mis à rude épreuve par la crise ? Pas vraiment, si l'on se fie aux chiffres.
Une hausse annoncée (et repoussée) de longue date
L'augmentation des tarifs de l'électricité n'est pas une surprise, loin s'en faut : cela fait plus de deux ans qu'experts et régulateurs mettent en garde contre cet inévitable bond.
Dès avril 2011, le rapport Champsaur, commandé par le gouvernement Fillon, prévoit une augmentation de l'ordre de 5% par an du tarif pour les particuliers, conséquence de certaines évolutions réglementaires, et de la hausse des coûts d'EDF. Mais, avec la présidentielle en ligne de mire, pas question d'annoncer une mesure aussi impopulaire : le gouvernement décide de plafonner l'accroissement à 2,9% jusqu'en juillet 2012.
Un an plus tard, rebelote. Le diagnostic émane, cette fois, du président de la la Commission de régulation de l'énergie (CRE) : en janvier 2012, Philippe de Ladoucette évoque une augmentation de 6% par an. Six mois et une présidentielle plus tard, le nouveau gouvernement, dirigé par Jean-Marc Ayrault, se montre tout aussi prudent que le précédent, et annonce un plafonnement de la hausse à 2%, désapprouvé par la CRE.
Le fond du problème : une progression des coûts d'EDF
Le résultat de ce décalage persistant ne se fait pas attendre : le 5 juin 2013, la Commission de régulation de l'énergie recommande officiellement une hausse de 6,8% à 9,6% des tarifs pour les particuliers dès cet été.
Le calcul se fonde sur la hausse des coûts de production supportés par EDF, confronté aux frais d'entretien et de mise à niveau de son parc nucléaire vieillissant : il aboutit ainsi à un écart de 1,47 milliard d'euros entre les coûts absorbés par EDF et les recettes associées. A cela s'ajoute le surcoût lié au développement des énergies renouvelables, répercuté au consommateur via la Contribution au service public de l'électricité (CSPE). La conséquence, si elle est amère pour le consommateur, n'en est pas moins difficilement discutable.
Quant à la hausse décidée par le gouvernement, elle est encore inférieure aux recommandations de la CRE, laissant augurer de nouvelles augmentations conséquentes dans les prochaines années...
Un prix très bas malgré tout
Seule consolation pour les Français : ils restent toujours mieux lotis que leurs voisins. Fin 2012, le prix moyen acquitté par les particuliers dans l'Union européenne était de 13,8 centimes par kilowattheure pour la tranche de référence, contre 10,3 centimes en France, selon les données d'Eurostat.
Comparatif des prix de l'électricité payés par les particuliers
dans l'Union européenne (centimes /kWh)
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