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Mais pourquoi ont-ils parrainé Jacques Cheminade ?

Il y a de tout parmi les parrains du candidat Solidarité et Progrès, élus séduits par ses idées ou défenseurs de la démocratie. FTVi les a contactés. Une chose est sûre : les "Cheminade boys" n'ont rien laissé au hasard.

Article rédigé par Ilan Caro, Salomé Legrand
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Jacques Cheminade, candidat à l'élection présidentielle, le 19 mars 2012 à Chevilly (Loiret). (ALAIN JOCARD / AFP)

Cinq cent trente-huit signatures. De justesse mais qualifié. Jacques Cheminade, déjà présent au premier tour de l’élection présidentielle de 1995, fait figure d'ovni dans la liste des dix retenus pour 2012. Alors que la chasse aux signatures est un véritable défi que Dominique de Villepin ou Corinne Lepage n'ont pas su relever, les sympathisants de Solidarité et Progrès ont réussi à convaincre les édiles par tous les moyens. Leurs noms ayant été rendus publics samedi 31 mars, FTVi a demandé à des élus ce qui les a décidés.

"Ils sont venus une première fois, puis à deux reprises"

Les partisans de Jacques Cheminade sont au taquet, c’est sûr. Ils appellent, rappellent et se déplacent. "J’avais décidé de parrainer un petit candidat et c'est le premier à l’avoir demandé", explique tout simplement Michel Bacq, maire divers droite de Ville-sur-Ancre (Somme).

Pour Jean-Pierre Curdi, maire de Saint-Sever-de-Rustan (Hautes-Pyrénées) qui signait plutôt pour l’extrême gauche jusqu'à présent, c’est aussi l’acharnement des militants Solidarité et Progrès qui a joué : "Ils sont venus une première fois il y a plusieurs mois, puis sont revenus à deux reprises. Et puis je voulais être débarrassé de ça assez vite, donc j'ai accepté. On peut dire qu'ils ont bien su se vendre !" Contacté par d’autres candidats plus tard, l’élu n’a pas été "capable de revenir sur [sa] parole"

Paul Nester, élu dans la baie de Somme, aurait, lui, parrainé "n'importe quelle  personne, pour la démocratie", à partir du moment où son candidat de toujours, Frédéric Nihous, se désistait. Heureusement, les militants Solidarité et Progrès sont vigilants. Dès l'annonce du ralliement du chef de file de CPNT à Nicolas Sarkozy, ils ont décroché leur téléphone. Du coup, "premier à demander", premier à être parrainé, explique le maire de Sailly-Flibeaucourt.

"On a discuté longuement"

"C'est le seul candidat qui m'ait sollicité et dont les militants se sont déplacés jusqu'à Cuzorn", observe aussi Didier Caminade, maire de cette petite commune du Lot-et-Garonne. Et puis, il a pu rencontrer Jacques Cheminade en personne, au Salon des maires de France, fin novembre 2011.

Comme Frédérique Borel, maire "de gauche" de Seillonaz (Ain) que les partisans de Cheminade ont contactée pour lui proposer un rendez-vous avec le candidat. "On a discuté longuement, ses sympathisants sont revenus ensuite chercher la signature", explique l'élue, pour qui "il a des choses à dire", notamment sur "tout ce qui concerne le système financier". Mais elle précise : "On nous a bien expliqué que c’était des parrainages citoyens et que l'on n’était pas obligé de parrainer le candidat pour lequel on allait voter."

"J'ai vu un reportage (…), j'ai un peu regretté"

Des élus contactés par FTVi, seul Didier Rosier, maire divers droite de Rousseloy (Oise), est en accord avec le programme de Jacques Cheminade, "un monsieur charmant", qu'il "connaît depuis longtemps", depuis 2007 exactement, lorsqu'il cherchait des parrainages, sans succès. L'édile connaît aussi "un des jeunes qui s'occupe de sa campagne", mais surtout, "trouve qu’il aborde de bonnes idées".

"Je lis régulièrement son journal, tous ses propos sur les banques de dépôt, les actifs toxiques, je me suis dit que c’était vrai, qu’il avait raison sur certains trucs", argumente Didier Rosier. Et les propositions loufoques ? "J'en ai fait abstraction", balaie-t-il.

Peupler Mars, créer "un franc polytechnique", revitaliser le lac Tchad ? Frédérique Borel, qui vient donc de parrainer le candidat d'un "monde sans la City ni Wall Street", a été "surprise" d'entendre de telles propositions dans les médias. "Je ne les avais vues nulle part, n'en avais jamais entendu parler", confie l'élue rhône-alpine.

"Plutôt en phase avec le programme de Cheminade concernant les banques", le maire de Cuzorn, vice-président chargé de l'économie à la communauté de communes, est encore plus dubitatif : "J'ai vu récemment un reportage sur lui où il tenait des propos un peu délirants, ça m'a un peu fait regretter." Et de confier : "Je me suis demandé si je n'aurais pas mieux fait de m'abstenir."

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