Mayotte : aux Comores, le cyclone et les dégâts n'ont pas dissuadé les migrants

Le cyclone Chido qui a frappé Mayotte le 14 décembre met aussi en lumière la problématique de l'immigration illégale. Les migrants illégaux qui arrivent dans le département français proviennent essentiellement des Comores où les autorités tentent de dissuader les départs.
Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
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Temps de lecture : 2min
Des pêcheurs transportent un bateau en bois appelé kwassa kwassa sur la plage de Domoni, sur l'île d'Anjouan dans l'archipel des Comores, le 27 avril 2023. (IBRAHIM YOUSSOUF / AFP)

L’immigration clandestine à Mayotte est très majoritairement originaire des Comores. On estime à 123 000 le nombre d’étrangers aujourd’hui installés dans le département français malgré les efforts de responsables comoriens installés sur l’île d’Anjouan.

Certains ont "profité" du cyclone pour passer à Mayotte

C'est le cas notamment de Aoussidine Bouchrane, un ancien passeur qui fait son possible aujourd’hui pour limiter les départs en direction de Mayotte. Aujourd'hui président du syndicat des pêcheurs d’Anjouan, Aoussidine a, dans le passé, été passeur de migrants clandestins vers Mayotte. "Dès que j'ai quitté l'école, quand j'ai commencé à pêcher, la pêche ne faisait pas un bon rendement, la plupart du temps on était donc obligés de faire passer des gens vers Mayotte. La majorité des amis que j'avais étaient des passeurs."

C’était il y a plus de 15 ans. À l’époque il gagnait l’équivalent d’un salaire de fonctionnaire pour un trajet. Aujourd'hui, Aoussidine pense que les départs sont encore plus nombreux avec le passage du cyclone Chido. 

"Je dirais même qu'il y a des gens qui ont profité du cyclone parce que les patrouilles au niveau de Mayotte s'étaient arrêtées. Il y a pas mal de gens qui ont quitté Anjouan vers Mayotte."

Aoussidine Bouchrane

à franceinfo

Immatriculations, formation et création d'entreprises

Aoussidine Bouchrane est désormais un acteur local avec plusieurs casquettes institutionnelles. Il a notamment monté un système d’immatriculation qui permet de différencier les bateaux de pêches des embarcations des passeurs. "Parfois il y a des conflits avec les passeurs. Moi je suis là pour sensibiliser les pêcheurs et essayer de mettre en place des systèmes pour identifier qui est pêcheur et qui est passeur."

Le Comorien s’est aussi engagé dans la formation et la création d’entreprise pour les jeunes. C’est, dit-il, l’une des clefs pour tenter d’empêcher les départs. "Tous les ans on a des milliers de jeunes qui quittent l'université et ne savent pas quoi faire. Le gouvernement ne peut pas tous les amener vers l'administration publique, donc créer des emplois est l'un des moyens." Aux Comores, presque la moitié des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, avec des difficultés notamment pour les soins et l’éducation.

Mayotte après le cyclone, vue des Comores : reportage d'Etienne Monin

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