Heurts entre migrants et policiers à Calais : "On n'avait pas tiré autant de grenades lacrymogènes depuis longtemps"
Dix-huit policiers ont été blessés la nuit dernière, lors d'une intervention sur la rocade de Calais, près de la "jungle", où vivent plusieurs milliers de migrants.
Dans la nuit du dimanche 8 au lundi 9 novembre, entre 150 et 200 migrants ont tenté de bloquer la rocade qui longe la "jungle" de Calais. En tout, 18 membres des forces de l'ordre ont été blessés, dans les affrontements avec les migrants qui voulaient partir pour le Royaume-Uni. Les policiers "souffrent de contusions, provoquées par des jets de pierres", précise Johann Cavallero, du syndicat CRS Alliance.
"C'est un chauffeur routier roumain qui nous a appelés", un peu avant 22 heures, explique Denis Hurth, du syndicat de CRS Unsa-Police, à francetv info. Pour arrêter et embarquer dans les camions qui s'apprêtent à traverser la Manche, "des migrants sont montés sur un pont, route de Gravelines, et ont jeté une pierre, qui a frappé le pare-brise de son véhicule, côté passager", détaille le policier. La passagère n'a pas été blessée, mais a été hospitalisée "en état de choc".
"C'est la première fois que c'est aussi violent"
Arrivés sur place, les CRS ont à leur tour été visés par des jets de pierres et ont riposté en lançant au moins 220 grenades lacrymogènes. "On n'avait pas tiré autant de grenades depuis très longtemps", selon Denis Hurth. "C'est la première fois que c'est aussi violent et qu'on a malheureusement autant de collègues blessés, avait réagi, un peu plus tôt, Gilles Debove, responsable du syndicat SGP Police-Force ouvrière dans le Calaisis. On est inquiets. Si un jour on a une révolte au sein du camp, ça va être la folie."
"A un moment, ils n'avaient probablement plus de cailloux, alors ils ont arraché du mobilier urbain et des panneaux de signalisation", toujours dans le but de bloquer la circulation sur la rocade, poursuit Denis Hurth, qui cite le compte-rendu de l'intervention. Sur cette portion de route, la circulation a repris normalement vers 1 heure du matin.
"C'était une technique de diversion"
Mais "il y a eu encore des agressions dans la nuit : des cailloux jetés sur des poids lourds, des barricades enflammées sur une bretelle de sortie", détaille Denis Hurth. "Il y a eu une interpellation, mais la personne a été relâchée", selon Johann Cavallero, du syndicat CRS Alliance. "Derrière, il n'y a pas de suivi judiciaire, c'est un peu lassant", déplore-t-il.
Pour Denis Hurth, "c'était un beau piège, une technique de diversion". "On a lâché plusieurs points de surveillance pour une centaine de migrants, explique-t-il, mais ils sont 6 000 et il y a trop d'autoroutes à surveiller". Le syndicaliste estime qu'il est impossible qu'aucun migrant ne soit passé en Grande-Bretagne depuis le 25 octobre, comme l'assure le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.
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