Nouvelle-Calédonie : des experts de l'ONU se disent alarmés par la situation des Kanaks

Le projet de réforme électorale, suspendu après la dissolution, "menace de démanteler les autres acquis majeurs de l'accord de Nouméa liés à la reconnaissance de l'identité autochtone kanak", ont alerté les quatre experts indépendants de l'ONU.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des partisans indépendantistes, à Nouméa, le 22 juin 2024. (DELPHINE MAYEUR / AFP)

Une alerte des Nations unies. Quatre rapporteurs spéciaux de l'ONU se sont dits, mardi 20 août, alarmés par la situation des Kanaks en Nouvelle-Calédonie, archipel français du Pacifique Sud où des émeutes ont éclaté en mai suite à un projet de réforme électorale. L'examen au Parlement français d'un projet de réforme électorale accusé de marginaliser la population autochtone a été le point de départ d'une vaste mobilisation indépendantiste dégénérant en émeutes à partir du 13 mai.

Ce projet "menace de démanteler les autres acquis majeurs de l'accord de Nouméa liés à la reconnaissance de l'identité autochtone kanak, des diverses institutions coutumières kanaks, ainsi que du droit coutumier, et des droits fonciers", ont déclaré les quatre experts indépendants de l'ONU dans un communiqué. Une révision constitutionnelle prévoit que les élections, actuellement réservées aux natifs et aux résidents arrivés avant 1998 (accord de Nouméa) et à leurs descendants, soient ouvertes aux personnes ayant au moins dix ans de résidence en Nouvelle-Calédonie.

Le gouvernement "n'a pas respecté les droits fondamentaux"

Le gel du corps électoral depuis plus de vingt-cinq ans évince des élections près d'un électeur sur cinq. Les indépendantistes y sont toutefois attachés, craignant que le dégel ne "minorise encore plus le peuple autochtone kanak". "La tentative de démantèlement de l'accord de Nouméa porte gravement atteinte à leurs droits humains et à l'intégrité du processus global de décolonisation", ont estimé les experts de l'ONU, qui sont mandatés par le Conseil des droits de l'homme, mais ne s'expriment pas au nom de l'organisation.

Ils estiment aussi que le gouvernement français "n'a pas respecté les droits fondamentaux à la participation, à la consultation et au consentement libre, préalable et éclairé des peuples autochtones kanaks et de ses institutions, y compris le Sénat coutumier". Ils affirment avoir été informés qu'à l'issue des élections législatives françaises, le projet de loi modifiant la composition du corps électoral a été suspendu, mais ils demandent son "abrogation complète".

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