"Passage en force", la fin d'un "déni de démocratie"... La réforme constitutionnelle de la Nouvelle-Calédonie divise les députés

L'Assemblée nationale doit se prononcer mardi sur la controversée réforme constitutionnelle pour changer les modalités de vote en Nouvelle-Calédonie.
Article rédigé par Elie Abergel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'Assemblée nationale, le 13 mai 2024. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / VIA AFP)

Même à 17 000 km de la Nouvelle-Calédonie cette réforme constitutionnelle reste un sujet sensible. Le projet du gouvernement doit être voté mardi 14 mai en fin de journée pour ouvrir le vote aux élections provinciales de cette île aux métropolitains et résidents présents sur place depuis plus de dix ans à la date du scrutin. Une réforme décriée par les indépendantistes et qui a engendré des émeutes à Nouméa.

À l'heure actuelle, seuls les Kanaks, ainsi que les habitants installés sur l'île avant 1998 et leurs descendants peuvent voter aux élections locales. Les indépendantistes estiment que ce dégel risque de "minoriser encore plus le peuple autochtone kanak". Nicolas Metzdorf, député Renaissance de l'île, veut mettre fin à ce qu'il qualifie "de déni de démocratie" : "Quand on est arrivé en 2000 en Nouvelle-Calédonie et qu'on n'a pas le droit de vote pour les élections locales, ça s'appelle comment selon vous ?"

"C'est un passage en force du gouvernement"

Ce texte porté par le gouvernement qui oppose loyalistes et indépendantistes permettrait aux habitants pour l'instant exclus des élections locales d'y participer, sous réserve de vivre depuis plus de dix ans sur l'île à la date du scrutin. La gauche votera contre. "C'est un passage en force du gouvernement qui veut pousser les indépendantistes à négocier sous la menace de l'application de cette loi", estime l'insoumis Bastien Lachaud, qui estime qu'il faut réformer, mais pas de cette façon.

Le socialiste Arthur Delaporte est un peu plus mesuré : "Cette réforme doit s'inscrire dans une réforme d'ensemble qui revoit toutes les institutions de la Nouvelle-Calédonie." Pour le député PS, c'est au Premier ministre de prendre le dossier en main, et pas au ministre de l'Intérieur qui porte actuellement la réforme. "La Nouvelle-Calédonie, ce n'est pas simplement du maintien de l'ordre et des règles électorales, rappelle Arthur Delaporte. C'est aussi d'une situation économique, des enjeux culturels et d'identité forts." Par ailleurs Emmanuel Macron propose d'inviter à Paris indépendantistes et loyalistes pour tenter de relancer le dialogue.

Les forces de l'ordre ont procédé à un total de 82 interpellations ces deux derniers jours, a détaillé Gérald Darmanin devant la presse. Le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer a "condamné de façon extrêmement forte ces violences", qualifiées d'"émeutes commises par des délinquants, parfois des criminels". Un total de 54 gendarmes et policiers ont été blessés, certains "gravement", a ajouté Gérald Darmanin, précisant que des familles de gendarmes avaient été "évacuées". À Nouméa, le haut-commissaire de la République a appelé la population au calme, tout comme le président indépendantiste du gouvernement du territoire, Louis Mapou.

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