Reportage Nouvelle-Calédonie : jour de deuil pour les uns, fête patriotique pour les autres, un 24 septembre sous très haute surveillance dans l'archipel

En ce 24 septembre sur le Caillou, les uns dénoncent l'anniversaire de la prise de possession du territoire par la France au XIXe siècle, tandis que les autres la célèbrent. Policiers et gendarmes sont présents massivement sur le terrain pour éviter une nouvelle flambée de violence à l'occasion de cette date très symbolique.
Article rédigé par Benjamin Illy
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Devant le QG des militants kanaks du CCAT à Nouméa. (BENJAMIN ILLY / FRANCE INFO / RADIOFRANCE)

Le 24 septembre en Nouvelle-Calédonie, journée redoutée par les autorités qui ont décidé de mettre l'archipel sous cloche avec des milliers de policiers et gendarmes mobilisés. Ce jour correspond à la date anniversaire de la prise de possession de l'archipel par la France en 1853, un "jour de deuil" pour les Kanaks. En toile de fond de cette journée, la crainte d’un nouvel embrasement comme en mai dernier quand les manifestations indépendantistes ont viré aux émeutes et pillages.

Pour l'instant, la situation est toujours sous contrôle, assure le Haut-Commissariat de la République. Il y a parfois des face-à-face tendus dans certains quartiers en périphérie de Nouméa, mais rapidement étouffés par les forces de l’ordre qui s’appuient sur un dispositif massif. Près de 6 000 gendarmes et policiers sont déployés sur le terrain, avec des tensions qui n’ont rien de comparable avec le 13 mai, quand tout a basculé en Nouvelle-Calédonie.

Drapeaux kanaks... et Marseillaise

Ce 24 septembre, les drapeaux kanaks étaient bien de sortie, partout, accrochés aux balcons, aux voitures ou brandis fièrement aux ronds-points par les militants. Les loyalistes, plus discrets, ont eux aussi répondu présents, avec la Marseillaise diffusée sur une radio locale à midi. Un appel a circulé sur les réseaux sociaux à venir, au même moment, afficher son patriotisme. Dans le centre-ville de Nouméa, quelques dizaines de personnes sont venues agiter le drapeau tricolore en klaxonnant et aux cris de "vive la France !". "On revendique notre droit d'être français", lance l'un d'eux.

"On est français et fiers de l'être, on restera français. On est nés ici, nos enfants sont nés ici donc on restera ici."

Une loyaliste de Nouvelle-Calédonie

à franceinfo

Pendant ce temps, sur le terrain, les forces de l’ordre sont à pied d’œuvre, comme à Dumbea, une ville de l’agglomération de Nouméa, l’une des plus durement touchées par les émeutes. Ici, des commerces ont été incendiés par dizaines, comme on le constate avec les gendarmes. Cette fois, pour l’adjudant-chef Thin et son équipe, la patrouille se déroule sans heurts, seuls quelques feux de poubelles et de mobiliers sur la route, mais des traces des émeutes passées. 

Des loyalistes célébrant le 24 septembre dans le quartier de Magenta à Nouméa. (BENJAMIN ILLY / FRANCE INFO / RADIOFRANCE)

Près de 6 000 policiers et gendarmes mobilisés

Le magasin Decathlon et le restaurant Mc Donald's ont également été incendiés. Ici, "c'est Walking dead", résume le gendarme : "On arrive dans le quartier, c'est vide, il n'y a rien". Pour les forces de l'ordre, l'activité se résume au "jeu du chat et de la souris", raconte l'adjudant-chef Thin. "Vous voyez une petite barricade enflammée en travers de la route, il y a des jeunes pas très loin et leur sport, c'est de s'en prendre aux forces de l'ordre." Les choses sont effectivement bien différentes qu'au mois de mai grâce, notamment, à la forte présence des forces de l'ordre. 

"Il y a 6 000 policiers et gendarmes, alors dès qu'il y a un petit débordement ou un semblant de débordement, c'est pris en compte pour éviter que ça se propage."

l'adjudant-chef Thin

à franceinfo

Mais la vigilance reste maximale, car la jeunesse kanake est en colère et exige toujours le retrait du projet de loi sur le dégel du corps électoral. C'est l’étincelle qui a mis le feu aux poudres il y a quatre mois et plongé la Nouvelle-Calédonie dans un climat d’insécurité, qu’elle n’avait pas connu depuis presque quatre décennies. 

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