Présidentielle : comment l'UMP a poussé les petits candidats en 2007
Dans la course aux 500 signatures nécessaires à chaque candidat à la présidentielle, les grands partis adoptent vis-à-vis des petits des stratégies, toutes politiques, à plusieurs bandes. Comme l'UMP en 2007.
A six mois de la présidentielle, tous les partis sont mobilisés pour atteindre les 500 parrainages nécessaires pour que soit validée la candidature de leur prétendant à la présidentielle. Les grands partis doivent-ils craindre la multiplication des petites formations ? Par le passé, l'UMP a déjà prouvé son intérêt à soutenir la compétition. Retour sur leur stratégie lors de la dernière élection.
5 mars 2007. Nous sommes à dix jours du dépôt au Conseil constitutionnel des 500 signatures. Les portes-paroles de l'UMP d'alors, Valérie Pécresse et Luc Chatel, tiennent une conférence de presse, racontée par L’Express.fr, où ils encouragent les élus à parrainer d’autres formations que la leur.
Une vraie partie de billard, avec sa stratégie des bandes. Celle qui consiste à prévoir les trajectoires et les rebonds de la boule afin d’obtenir le résultat souhaité. Démonstration.
Un coup de pouce au Front national…
• La logique apparente : Le FN se situe à l’extrême droite de l’échiquier politique, du même côté que l’UMP. S’il n’y a pas de candidat du Front national à la présidentielle, un certains nombre d’électeurs frontistes pourrait voter pour Nicolas Sarkozy, ce qui le renforcerait dès le premier tour. La tentation est donc grande pour les élus UMP de ne pas accorder leur signature au FN. Oui mais...
• La logique politique : S’il n’obtient pas ses 500 signatures, Jean-Marie Le Pen continuera de dénoncer les "pressions" des grands partis sur leurs élus pour l’exclure de la course, tout en alimentant son discours du "tous pourris". Il a même, à l'époque, menacé Nicolas Sarkozy de "représailles électorales".
Et puis, sans challenger FN, la perspective d’une abstention massive de l’extrême droite au premier tour et d’un mauvais report des voix au second tourmente l’état-major du candidat UMP. Sans parler des conséquences sur les législatives à suivre.
• La stratégie adoptée : Du coup, Valérie Pécresse et Luc Chatel sont clairs : "Les idées de Jean-Marie Le Pen ne sont pas les nôtres. La meilleure façon de les contredire, c'est de les contredire en face." Et de rappeler aux élus UMP et sans étiquette qu’aucune "consigne écrite" n’a été donnée "leur interdisant de parrainer tel ou tel candidat".
Jean-Marie Le Pen ne s’y trompe pas. Dans un communiqué envoyé le 5 mars, il se "félicite" de cette "mise en évidence de l'absurdité d'un système que le gouvernement UMP (…) a laissé perdurer et qu'il voit aujourd'hui se transformer en boomerang".
…mais aussi aux partis de gauche
• La logique apparente : L’UMP ne partage pas le positionnement politique des partis situés à gauche de l’échiquier et auxquels elle s’oppose. Elle n’a donc aucun intérêt à ce qu’ils puissent s’exprimer et critiquer ses mesures, notamment au cours de la campagne électorale.
• La logique politique : Elle consiste à diviser pour mieux régner. Plus il y a de candidats à gauche, plus les voix se disperseront entre les formations lors du vote. Celles-ci devront également se critiquer pour se démarquer les unes des autres durant la campagne.
• La stratégie appliquée : Lors de leur point presse, Luc Chatel et Valérie Pécresse évoquent la présidentielle comme un "rendez-vous démocratique" durant lequel "les principaux courants de pensée qui existent dans notre pays doivent être présents".
Mais les exemples de petits candidats qu’ils citent nommément sont tous à gauche ou écolos : "Dominique Voynet, Olivier Besancenot, Corinne Lepage peuvent tous avoir une vraie légitimité à présenter leurs idées dans le débat politique."
"Même chose pour José Bové, car il est légitime que le courant altermondialiste soit représenté", expliquent-ils, se gardant bien de nommer les petits candidats ancrés à droite comme Frédéric Nihous de Chasse, pêche, nature et traditions ou encore le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan. Ce dernier n’obtiendra d’ailleurs pas les parrainages nécessaires.
Bien entendu, le Parti socialiste n'est pas en reste dans ce double jeu des parrainages. Traumatisé par l'élection de 2002 et l'absence de Lionel Jospin au second tour, le PS avait tout simplement interdit à ses élus de parrainer, en 2007, un autre candidat, comme le rappelle Libération.
Une décision qui avait déclenché une avalanche de critiques à son encontre, à droite mais surtout à gauche, de la part de partis avec qui il négociait. Il y a toujours une part d'aléatoire dans le billard.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.