Prison : vers l'accès au portable et à internet ?
A trois mois de la fin de son mandat, le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, a reitéré mardi 20 de ses recommandations restées lettres mortes, notamment l'introduction d'Internet et des téléphones portables en prison.
"Une étude doit rapidement préciser les conditions d'emploi des téléphones cellulaires en détention pour déboucher sur une autorisation contrôlée", exhorte le Contrôleur, qui s'était déjà dit favorable à cette possibilité à plusieurs reprises, la dernière le 12 février.
"Je crois que l'autorisation des téléphones portables en détention est inéluctable. Le meilleur moyen, c'est de s'y préparer", a déclaré mardi, lors d'une conférence de presse, M. Delarue, dont le successeur n'est pas encore connu.
Pour lui, si, aujourd'hui, des centaines de téléphones mobiles sont utilisés sans autorisation par des détenus, "99% de l'usage des portables, c'est le contact avec les familles" et non la commission d'infractions, la gestion d'un réseau ou d'un trafic à l'extérieur de l'établissement.
Autoriser les téléphones portables contribuerait donc à "une pacification de la détention", d'autant que les téléphones fixes, disponibles dans les coursives, ne sont souvent plus accessibles après 17H30, ce qui ne facilite pas le contact avec des proches.
En outre, "On fera gagner de la paix au personnel, on fera gagner du temps" à des surveillants qui "s'usent" actuellement à une quête sans fin des téléphones mobiles dissimulés par les détenus.
M. Delarue prône également la mise à disposition "contrôlée" d'Internet, qui inclurait l'accès à la messagerie électronique, également soumise à un contrôle éventuel.
"Internet, aujourd'hui, peut être contrôlé comme on le veut. Regardez la Chine", a lancé le Contrôleur, tout en prévenant qu'il ne s'agissait pas pour lui d'un modèle.
L'accès contrôlé à Internet serait pour lui un moyen de faciliter la réinsertion des détenus, en leur donnant accès à des cours en ligne, ainsi qu'à des sites de recherche de logement ou d'emploi.
"N'ayons pas peur", a-t-il exhorté, citant l'exemple de prisons de haute sécurité aux Etats-Unis où les détenus ont accès à Internet.
Concernant les moyens de communication existants avec l'extérieur, le Contrôleur souhaite que les téléphones fixes installés dans les établissements pénitentiaires "permettent des conversations qui ne (soient) pas entendues de tous" et que les courriers des détenus ne soient "ouverts et contrôlés que par le vaguemestre" (surveillant chargé du service postal).
Les téléphones fixes étant souvent situés à des points de passage fréquent de détenus et équipés de cloche qui accentuent la résonnance, ils ne présentent pas aujourd'hui les garanties d'une intimité préservée, a-t-il souligné.
Ces propositions figurent dans le rapport annuel du CGLPL, publié mardi.
Parmi les autres recommandations, plusieurs concernent les conditions d'accueil des personnes gardées à vue et des étrangers en rétention.
Le Contrôleur réclame notamment, à nouveau, que la durée maximale de rétention d'un étranger soit ramenée de 45 à 32 jours.
Pour M. Delarue, cette liste de recommandations montre "qu'il est des mesures peu coûteuses" qui permettent de "faire autrement, avec le même matériel, les mêmes effectifs et si possible, renforcer l'intérêt des fonctionnaires".
"Il s'agit, en prenant en charge de manière plus digne les personnes privées de liberté, de diminuer les tensions, par conséquent de faciliter les évolutions et le retour à une vie normale (c'est-à-dire sans comportements de récidive) à la sortie", ajoute le Contrôleur.
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