Qui sont les favoris pour Matignon ?

Le nom du futur président de la République n'est pas encore connu, mais les pronostics vont bon train sur l'identité du prochain Premier ministre. Jeudi 26 avril, lors de l'émission "Des paroles et des actes", la question a inévitablement ressurgi. François Hollande et Nicolas Sarkozy ont tous deux livré quelques indices sur le futur locataire de Matignon mais sans pour autant dévoiler leur choix.

• Côté Hollande, Ayrault favori

La certitude. Le Premier ministre sera socialiste et ne viendra pas d'un autre parti. C'est ce qu'a affirmé le candidat du PS jeudi, écartant de fait l'hypothèse François Bayrou.

Les indices. Sa préférence irait à quelqu'un "qui connaît bien le Parti socialiste" (clin d'œil à Martine Aubry), "qui connaît bien les députés socialistes" (clin d'œil à Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée) et qui me connaît bien (clin d'œil aux deux). Un partout, donc, entre les deux favoris. Mais François Hollande a ajouté que le Premier ministre et le président devaient avoir de bonnes relations :"C'est bien de s'entendre, c'est mieux." Ce qui pourrait être interprété comme un mauvais point pour Martine Aubry, avec qui les relations ont parfois été tendues par le passé.

La maire de Lille, grande favorite il y a encore quelques jours, aurait en outre laissé quelques plumes dans la bataille, après le meeting raté de François Hollande dans la capitale des Flandres, le Grand Palais n'était pas rempli. Marquée plus à gauche que Jean-Marc Ayrault, la première secrétaire du PS est également desservie par le score moins important qu'espéré de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle, et celui, très bas, d'Eva Joly, qui fragilise l'accord PS-EELV signé sous l'impulsion de Martine Aubry.

L'avis des Français. Selon un sondage BVA, 28% des Français souhaitent la voir accéder au poste en cas de victoire de François Hollande, suivie de près par Manuel Valls (24%). Jean-Marc Ayrault, Pierre Moscovici et les autres arrivent loin derrière. Martine Aubry est plébiscitée à gauche, chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (46%) et François Hollande (37%), quand Manuel Valls est préféré par ceux de Marine Le Pen (35%) et François Bayrou (26%).

• Côté Sarkozy, Juppé pressenti

La certitude. Le président candidat a fait son choix, c'est ce qu'il a affirmé aux journalistes de "Des paroles et des actes". Autre quasi-certitude : François Fillon, actuel Premier ministre, ne sera pas reconduit en cas de réélection de Nicolas Sarkozy.

L'indice. "Dans la situation actuelle de notre pays, il faut un Premier ministre qui ait une certaine expérience", a déclaré Nicolas Sarkozy. Ce qui plaide clairement en faveur d'Alain Juppé, l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac. Son comeback serait une première sous la Ve République. Mais le candidat UMP, à qui l'on demandait si l'intéressé correspondait à ce portrait-robot, a voulu garder un peu de mystère : "Il n'est pas le seul à avoir de l'expérience". 

Le 26 mars, cette petite phrase du ministre des Affaires étrangères devant des journalistes avait déjà beaucoup fait parler : "Si Sarkozy gagne, j'ai une petite idée de ce que je ferai. S'il perd, je serai maire de Bordeaux et je serai ravi. Dans deux mois, si je suis très occupé, j'en suis heureux. Si je le suis un peu moins, je soufflerai un peu."

L'hypothèse François Bayrou, elle, a un peu de plomb dans l'aile. En privé, Nicolas Sarkozy a déploré les appels du pied lancés au centriste par certaines personnalités de son camp avant le premier tour. Mais si le candidat du MoDem venait à le soutenir clairement avant le 6 mai, pourquoi pas ?

L'avis des Français. Alain Juppé et François Bayrou sont adoubés chacun par 30% des personnes interrogées par BVA. Mais les électeurs de Nicolas Sarkozy au premier tour se prononcent à 49% pour le maire de Bordeaux, quand ils ne sont que 10% à lui préférer le centriste.