Dédoublement des classes de CP : "On enlève des moyens aux autres élèves, c'est inacceptable"
Le SNUipp, principal syndicat d'enseignants du primaire, a lancé un appel à la grève dans le Rhône pour protester contre le dédoublement des classes de CP dans les quartiers défavorisés à la rentrée 2017.
Plus de 12 millions d'élèves font leur rentrée lundi 4 septembre à l'école, au collège ou au lycée. Une rentrée que le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, veut la plus "sereine" possible, évoquant "un jour de bonheur". Mais dans le Rhône, le SNUipp, premier syndicat d'enseignants du primaire, lui répond par un appel à la grève. En cause : le dédoublement des classes de CP dans les quartiers les plus défavorisés (REP+), qui se fait au détriment des autres niveaux, a estimé sur franceinfo Camille Bastien, co-secrétaire départementale du SNUipp dans le Rhône.
franceinfo : Avec cet appel à la grève dès lundi, on est loin d'une rentrée "sereine". Qu'est-ce qui coince ?
Camille Bastien : Très sincèrement, on aurait préféré avoir une rentrée beaucoup plus simple et ne pas appeler à la grève sur une journée si particulière, tant pour les élèves que pour les enseignants. Ce qui coince, c'est le dédoublement en CP. Dans le Rhône, il y a beaucoup d'écoles en REP+ [ndlr : quartiers les plus défavorisés], donc le dédoublement des CP, c'est plus de 120 postes à trouver. Résultat : le dispositif "plus de maîtres que de classes" est supprimé, alors qu'il est très ancien dans notre département et qu'il porte ses fruits. On focalise tous les moyens sur la classe de CP et on augmente les effectifs des autres niveaux.
L'objectif du gouvernement est d'avoir 12 élèves dans les classes de CP. Mais concrètement, il y en aura combien en CE1, CE2, CM1 et CM2 ?
Plus de 25, soit davantage que les années précédentes, où on était plutôt sur des moyennes de 22-23 élèves. Et on sait qu'il y a beaucoup de mouvements dans ces zones d'éducation prioritaire : des élèves arrivent tout au long de l'année, donc les classes peuvent finir extrêmement surchargées.
Mais n'est-ce pas logique de mettre le paquet sur le CP ?
On peut comprendre que c'est une année charnière. On peut entendre qu'il faut y mettre des moyens. Mais que met le ministère derrière son slogan "100% de réussite au CP" ? Réussite de quoi ? C'est vraiment un slogan publicitaire. Un enfant va à l'école jusqu'à 16 ans. On ne peut pas attendre de lui qu'il soit en réussite scolaire sur une seule année. En école élémentaire, on travaille en cycles. Le cycle 2 représente trois années : le CP, le CE1 et le CE2. Cette mesure de dédoublement, mise en place au dernier moment, a des conséquences très complexes sur la rentrée de nos écoles en REP+. Nous ne sommes pas opposés à des classes CP à 12 élèves. Mais là, on enlève des moyens aux autres élèves, c'est inacceptable.
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