"Quand on fait beaucoup d'anglais, ça devient plus simple" : à Amiens, la langue s'apprend en cours de maths, de sciences ou de sport
Les écoliers français figurent parmi les mauvais élèves en Europe pour l'apprentissage des langues étrangères. Pour les faire progresser, à Amiens, une école propose des "classes d'immersion" où plusieurs matières sont enseignées en anglais.
Les écoliers français sont parmi les mauvais élèves en Europe quand il s'agit de parler une langue étrangère, et notamment l'anglais. Un rapport remis mercredi 12 septembre au ministre de l'Éducation nationale se penche sur la question. Et si l'apprentissage à l'école pouvait aussi se faire en dehors des cours d'anglais ? C'est ce que proposent des "classes d'immersion" où les maths, le sport, ou les sciences ont parfois lieu dans la langue de Shakespeare.
À l'école primaire Sagebien d'Amiens, les CM2 sont en pleine séance de littérature. On discute d'un livre, mais intégralement en anglais. Pas un mot de français n'est toléré pendant quarante minutes, y compris pour les consignes ou pour poser une question. Et ça n'effraie pas plus que ça ces écoliers...
Cinq heures d'anglais par semaine
"Hello franceinfo, we speak very well english", s'amuse une écolière. "Au début, c'est un peu difficile, mais quand on fait beaucoup d'anglais, ça devient plus simple. L'important c'est de participer", renchérit un autre. "On a de la chance d'avoir des maîtresses qui savent bien parler anglais. Comme on fait ça depuis le CP, on s'habitue."
L'habitude : c'est le principal apport du dispositif qui s'est mis progressivement en place dans toutes les classes de l'école. Au total, les élèves ont 5h30 d'anglais par semaine, pendant les cours d'anglais évidemment mais aussi en maths, en sciences, en sport, et avec une méthode différente : beaucoup d'oral, pas d'exercices répétitifs. La langue infuse partout, naturellement.
Le droit à l'erreur pour mieux apprendre
"On a une aisance à l'oral, au niveau de l'utilisation des structures langagières, et de l'emploi du vocabulaire", explique Christelle Rivalain. La maîtresse des CM2 est la première impressionnée par le niveau de ses élèves. "Il y a beaucoup plus de spontanéité. On installe aussi ce climat dès le début, en leur disant que l'important est d'essayer, de se tromper, pour ne pas instaurer de barrières ou de peur."
Pour Christelle et ses collègues aussi il a fallu oser, se remettre en cause, parfois en milieu de carrière et se former. "Il y a eu des périodes de doute où il a fallu nous remotiver, surtout au début, se rappelle Nicole Demailly, la directrice de l'école. J'étais partante pour le projet mais je savais que mes compétences en langue étaient un peu faibles."
Aujourd'hui, le pari est clairement réussi. On appelle de tous les quartiers d'Amiens pour inscrire son enfant dans cette école où l'on parle mieux anglais qu'ailleurs.
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