Une famille de militants à Villepinte : "C'était génial ! Enfin... très bien"
Dans les tribunes, Pierre, le père, Marion, la fille et Delphine la cousine sont venus en famille "soutenir" Nicolas Sarkozy lors de son premier meeting national. FTVi a suivi le discours du candidat avec eux.
Midi : Pierre, Marion et Delphine sont déjà assis depuis un moment dans les gradins du Parc des Expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis), prêts à soutenir Nicolas Sarkozy. Arrivé par TGV depuis Angers, Pierre, le père, "plus supporter que militant" tient à montrer "qu'on est nombreux, à prouver qu'il y a des gens derrière lui".
A côté, sa fille, Marion, débarquée de Châtellerault, et sa nièce Delphine, des Yvelines, ont la même idée en tête : "soutenir" le candidat UMP. La première a 29 ans et "attend la confirmation de ce qu'elle pense, c'est-à-dire que c'est le seul à pouvoir diriger le pays correctement". La seconde, 41 ans et en charge du marketing dans un groupe pétrolier est bien plus offensive. Elle veut "un réveil de la campagne et un réveil de la droite". FTVi a suivi le discours de Nicolas Sarkozy avec eux.
"Il n'a pas trop de voix, si ?"
Quelques minutes avant l'arrivée du candidat, Delphine s'agace. Les derniers soutiens comme Frédéric Nihous (Chasse, pêche, nature et traditions) venus s'exprimer à la tribune sont mous, "ils font retomber la pression alors qu'on était à fond", râle-t-elle. Ses copines n'écoutent pas, elle cherchent à tout prix à trouver par où Nicolas Sarkozy va faire son entrée. Le candidat arrive. Le discours commence. Delphine est inquiète : "Aïe il n'a pas trop de voix si ? "
Des trois, Delphine est la plus expressive. "Ouais ! Ouais !" acquiesce-t-elle en agitant sa queue de cheval blonde quand Sarkozy s'exclame : "Il fallait tenir, tenir" contre les critiques. Et de s'enthousiasmer tout sourire après quelques minutes de discours : "Ah là c'est parti ! C'est reparti !"
A intervalles réguliers, les deux jeunes femmes, qui portent les tee-shirts blancs "Les jeunes avec Sarkozy" se lèvent et agitent les drapeaux tricolores que l'UMP leur a distribués. Pierre s'est rassis. Très concentré derrière ses lunettes, il suit le discours sur les écrans. Sa nièce est survoltée. Quand Nicolas Sarkozy dit "je n'ai jamais reculé", elle explose : "Ça c'est la politique du courage, ouais, l'immobilisme on est contre !". Avant de se déconcentrer au passage de la journaliste Marie Drucker dans l'allée devant elle.
"Il faut dénoncer les injustices pas seulement du côté des riches"
La première fois que Marion, esthéticienne dans une station thermale et Pierre, 65 ans et retraité "pour de bon depuis un an" réagissent, c'est quand le président candidat parle d'assistanat. "Cette idée de responsabilité et d'équilibre entre ce qu'on gagne et ce qu'on fournit", ça lui parle. "Il faut dénoncer les injustices des deux côtés et pas seulement du côté des riches", explique-t-il.
Sa fille acquiesce, sa nièce commente : "Oui enfin ça, il faut qu'il aille plus loin que ce qu'il a fait durant son premier mandat, la récompense au mérite et la lutte contre la fraude aux aides, il n'a pas fait assez". "Il voulait préserver les classes moyennes", l'excuse-t-elle, ses grands yeux bleus fixés sur l'écran.
Et puis l'excitation retombe complètement. Nicolas Sarkozy parle de la Libye, Delphine et sa voisine de devant cherchent à me convaincre qu'ils sont plus nombreux qu'au meeting d'Hollande au Bourget. "Si si, c'est sûr, c'est un délégué qui me l'a dit !" Marion regarde fixement ses ongles, seul Pierre semble encore suivre.
"Jusqu'à quand ça va durer ? "
La convergence des politiques européennes, les longues phrases sur l'Europe protectrice laissent un blanc. Delphine, jusqu'alors montée sur ressorts, reste assise, le menton appuyé sur le manche de son drapeau. Marion applaudit mollement. Avec un temps de retard. Même le volontaire qui retranscrit le discours en direct saute des paragraphes entiers du texte.
C'est le moment que choisit Delphine pour se demander depuis combien de temps le candidat parle et "jusqu'à quand ça va durer". Le discours sur la "civilisation européenne" ne les transporte pas. Trop évident pour Delphine, qui explique qu'"on ne peut pas être contre l'Europe de nos jours".
Le banc se réveille doucement quand Sarkozy oppose le commerce et "les droits des personnes humaines" et propose "l'Europe politique". Et lorsqu'il appelle à "réconcilier l'Europe du oui et l'Europe du non", même Pierre se lève.
"La valeur travail, la valeur effort, pas d'assistanat"
"Je vais être critiqué, attaqué mais je m'en moque" dit Nicolas Sarkozy. La tribune vibre. Le président parle du "mot magique, le travail". La salle vrombit. "Nous on bosse, la valeur travail, la valeur effort, pas d'assistanat", s'anime Delphine qui secoue tellement son drapeau qu'il se retrouve enroulé autour du bâton. Chaque mention de la gauche est huée copieusement.
Ça y est, Delphine est remontée. Elle entend "je veux plus de places à l'école pour les handicapés", et se retourne immédiatement vers sa cousine : "Ah oui, c'est lui, le plan Alzheimer, les handicapés, tout ça, on n'a jamais autant fait". Marion, debout mais ailleurs : "Ah bon ?" Delphine : "Oui, avant il n'y avait rien !" Trop occupées à commenter, elles ont failli manquer la chute du discours sur la France de Jeanne d'Arc à Schuman, presque surprises que ce soit déjà terminé.
Une Marseillaise plus tard la famille est prête à partir. Marion a "trouvé ça bien". Sans plus ? "Si si ça m'a plu", répond la timide jeune femme à demi enthousiaste. Son père se reprend : "C'était génial ! Enfin, très bien." Tout en se réjouissant de l'ambition affichée de Nicolas Sarkozy de mettre la France et l'Europe "en cohérence". Reste Delphine, qui a bien aimé "plein de passages" sans réussir à en citer un en particulier. Mais elle espère encore "le tournant", histoire de "grapiller des points des les sondages".
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