: Vidéo "13h15". "Les algues, c'est un métier passionnant", affirme Scarlette, seule femme patron-pêcheur du Guilvinec
A 62 ans, Scarlette partage son temps entre la pêche en mer, au large du port du Guilvinec (Finistère), et la récolte d’algues alimentaires en bord de mer. La seule femme patron-pêcheur du premier port de pêche artisanale français les transforme et les vend dans sa boutique. Elle y reçoit des jeunes afin de transmettre sa passion pour ces plantes marines… Extrait de "13h15 le samedi" du 3 juin.
Scarlette Le Corre, 62 ans, est la seule femme patron-pêcheur du port du Guilvinec, dans le Finistère. En plus de son activité en mer, seule à bord de son bateau en chêne de dix ans son cadet, elle se consacre à la récolte d’algues alimentaires qu’elle transforme et vend dans son magasin ouvert dans le premier port de pêche artisanale français. Et pour les jeunes qui s’orientent vers les métiers de la mer, sa boutique est devenue un passage quasi obligé de leur cursus scolaire… Ce jour-là, une classe de BTS vient assister à son cours magistral.
C’est une véritable master class sur cette plante aquatique à chlorophylle des eaux douces, ou ici, salées : "Je vais d’abord vous faire une présentation générale sur les algues. Qu’est-ce qui les fait pousser ? Ça, vous savez..." Non, semble-t-il. Le silence absolu de la jeune assistance la laisse, elle aussi, presque sans voix. Elle se prend la tête à deux mains : "C’est pas possible… C’est pas possible..." répète-t-elle incrédule. "Ce qui fait pousser les algues, dit-elle en haussant gentiment la voix, c’est ce qu’il y a dehors, c’est la lumière. Vous avez entendu ? S’il y a du soleil et de la luminosité, vous aurez plein d’algues."
"Il faut du monde derrière pour travailler"
Scarlette récolte ses algues en bord de mer, comme le faisaient ses parents et grands-parents avant elle. Elle donne ici un aperçu des multiples utilisations de ces plantes marines : "Aujourd’hui, il y a plein d’applications avec les algues. On en fait des engrais pour mettre sur les terres, mais on en trouve aussi parfois dans les charcuteries… Et il y en a également dans un produit que vous utilisez matin et soir : votre pâte de dentifrice." Elle montre alors aux élèves une grosse poignée de Laminaria saccharina utilisée dans ce dernier cas. Cette espèce a aussi comme propriété d’offrir "500 fois l’iode du cabillaud". C’est donc une algue qui "réveille votre cerveau", précise-t-elle à la classe tout ouïe… Après cet exposé un rien théorique, c’est le moment tant attendu d’une "dégustation rapide... pour une petite mise en bouche".
Le tablier a remplacé pour l’occasion le ciré jaune du patron-pêcheur : "C’est de la salade. Pour ceux qui ont goûté, c’est bon ?" Les élèves semblent en effet se régaler : "C’est très bon, dit une jeune fille en dévorant son assiette. Je suis venue dans ce BTS juste pour les algues, parce que les poissons ne m’intéressent pas. Je suis végétarienne et j’ai découvert les algues il y a quelques années. Les salades comme ça, c’est très, très bon." Scarlette aime "l’échange avec tous ces jeunes. Qu’ils aient envie de savoir, c’est la plus belle des récompenses. Je ne voudrais pas qu’après moi, tout s’arrête. Et il faut du monde derrière pour travailler, parce que les algues, c’est un métier passionnant".
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