Fuite au bac : le principal suspect n'est plus mis en examen

De mis en examen à "témoin assisté". Le principal suspect dans la fuite d'un sujet du bac S de juin 2011 a été placé sous statut de témoin assisté par le juge chargé de l'enquête, qui a levé sa mise en examen et son contrôle judiciaire, indique l'AFP vendredi 25 novembre. Le parquet a quasi immédiatement annoncé sa volonté de faire appel de la décision du juge.

Le jeune homme, qui avait pris en photo puis envoyé par MMS un exercice de maths du bac scientifique, a par ailleurs été blanchi le 4 novembre par l'enquête disciplinaire menée par l'université Paris-Ouest-Nanterre dans laquelle il s'est inscrit, selon une source proche de l'enquête.

Sur Europe 1 vendredi matin, le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, qui à l'époque des faits avait prévenu qu'il serait "implacable", a dit se "réserver le droit de faire appel" de cette décision de l'université.

• Comment l'affaire s'est-elle déclenchée ?

Le 20 juin 2011, la veille de l'épreuve de mathématiques, un internaute surnommé Chaldeen met en ligne une photo du premier exercice de l'épreuve sur le forum Jeuxvideo.com. "J'ai déjà mon bac je vous rends service donc soyez content", écrit-il. Le lendemain, Luc Chatel annonce une enquête sur des soupçons de fuites et décide de ne pas noter l'exercice et de modifier le barême de l'épreuve.

Rapidement, l'enquête aboutit à la mise en examen de trois jeunes hommes pour fraude aux examens, recel de violation de secret professionnel et recel d'abus de confiance. Le parquet avait demandé qu'ils soient écroués, mais le juge les avait remis en liberté et placés sous contrôle judiciaire.

Le père de l'un d'entre eux, technicien en maintenance d'imprimantes et soupçonné d'être la source des fuites, avait été placé sous statut de témoin assisté. Mis hors de cause par son fils, qui a déclaré avoir récupéré le document à son insu, le père a toutefois été mis en examen pour fraude aux examens début novembre, après appel du parquet.

• Comment expliquer ce coup de théâtre ?

Le juge a considéré que ce lycéen de terminale S ne pouvait être certain d'être en possession du véritable sujet de mathématiques. Le magistrat explique que c'est lors d'"une rencontre fortuite" avec un camarade qu'il avait "pris en photo une feuille" sur laquelle ne figurait "aucune inscription officielle ni aucune mention relative au bac" et dont il ne connaissait pas "la provenance exacte".

Lorsqu'il a transféré, huit jours plus tard, la photo à un ami par MMS, "il ne pouvait avoir la certitude de détenir et communiquer le véritable sujet de mathématiques de la série S", indique le juge. 

"Toute cette affaire est en train de se dégonfler lamentablement", a réagi M^e Olivier Morice, avocat du lycéen, qui a obtenu son bac avec mention et une note de 14 en maths.