Génocide arménien : Hollande dit-il l'inverse de Fabius ?
Selon un dirigeant de la communauté arménienne, François Hollande se serait engagé à l'adoption d'une nouvelle loi réprimant la négation du génocide.
Le génocide arménien peut-il être une source de désaccord au plus haut niveau de l'Etat ? Selon un responsable de la communauté arménienne en France, François Hollande se serait engagé samedi 7 juillet pour faire voter une nouvelle loi réprimant la négation du génocide arménien. Une position qui viendrait contredire celle de son ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, engagé dans un processus de réchauffement diplomatique avec la Turquie, qui a toujours nié l'existence de ce génocide perpétré entre 1915 et 1917 sous l'empire ottoman.
"Le Président de la République vient de m'appeler pour me rassurer sur la fidélité de ses engagements. Sur la question de la pénalisation de la négation du génocide arménien, un texte de loi sera bien voté. Il a réaffirmé qu'il ne reniera aucun des engagements pris. Il a ajouté qu’il nous recevrait officiellement en juillet, écrit Franck Papazian, coprésident du Conseil de coordination des associations arméniennes de France (CCAF), sur sa page Facebook. La politique du gouvernement est celle de Hollande et non pas celle de Fabius ! Hollande ne nous a jamais trahis ! Mais restons vigilants et mobilisés. La Turquie risque de déchanter rapidement !"
Fabius réticent à l'adoption d'une nouvelle loi
Contacté par FTVi samedi après-midi, l'autre coprésident du CCAF, Ara Toranian, a confirmé cette information. En revanche, l'Elysée n'était pas en mesure de confirmer ou d'infirmer l'existence et la teneur de cet appel téléphonique.
Après s'être entretenu jeudi avec son homologue turc, Laurent Fabius avait semblé exclure l'adoption prochaine par la France d'une nouvelle loi punissant la négation des génocides, dont celui des Arméniens. Un tel texte avait été voté en fin d'année dernière par l'Assemblée nationale, provoquant la fureur d'Ankara, qui avait annoncé la suspension de sa coopération politique et militaire avec la France. Mais la loi avait par la suite été censurée par le Conseil constitutionnel.
Le Conseil "a décidé que la proposition de loi qui avait été présentée par les parlementaires [de la précédente majorité de droite] était contraire à notre Constitution, donc il n'est pas possible de reprendre le même chemin sinon le résultat sera évidemment le même", a déclaré Laurent Fabius jeudi.
"Contradiction récurrente" entre l'Elysée et le Quai d'Orsay
La prise de position du ministre avait scandalisé la communauté arménienne, Ara Toranian dénonçant samedi matin auprès de l'AFP "une trahison", "une félonie, une honte pour la France, pour la démocratie et pour la politique".
Samedi après-midi, Ara Toranian, interrogé par FTVi, s'est montré soulagé : "Il y a certes deux sons de cloche, mais c'est François Hollande le président. C'est donc sa voix qui compte. Le fait qu'il ait pris l'initiative de nous téléphoner ce matin nous rassure après les déclarations de Laurent Fabius, qui nous ont beaucoup ébranlés." Ara Toranian souligne "la contradiction récurrente", déjà observée du temps de Nicolas Sarkozy et d'Alain Juppé, entre l'Elysée et le Quai d'Orsay, "qui campe sur la position immuable d'une bonne relation diplomatique avec Ankara".
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