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Le PDG de Titan prédit une France sans emplois et au "vin rouge"

Après avoir envoyé une lettre incendiaire à Arnaud Montebourg sur l'usine Goodyear d'Amiens, Maurice Taylor a évoqué mercredi l'avenir de la France "dans les cafés à boire du vin rouge".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Manifestation d'ouvriers de Goodyear devant le siège du groupe à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), le 12 février 2013. (PATRICK KOVARIK / AFP)

Virulent, acerbe... Le patron de Titan International, l'entreprise américaine spécialisée dans les pneus agricoles qui était pressentie pour reprendre l'usine Goodyear d'Amiens (Somme), a adressé un courrier incendiaire au ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg. Publié par Les Echos, mardi 19 février, le texte explique dans des mots très crus, presque insultants, pourquoi le groupe a finalement décidé de renoncer. Si Arnaud Montebourg n'a pas souhaité commenter les propos du patron de Titan, la CGT parle d'"insultes". Quant au président du groupe, il persiste. Retour sur cette polémique en quatre actes.

Acte 1 : le PDG de Titan tacle les "soi-disant" salariés de Goodyear

Dans son courrier adressé au ministre du Redressement productif, le patron de Titan International raille les "soi-disant ouvriers" de l'usine de pneus Goodyear d'Amiens-Nord. "J'ai visité cette usine à plusieurs reprises, écrit Maurice M. Taylor. Les ouvriers français sont beaucoup payés, mais ne travaillent que trois heures. Ils ont une heure de pause au petit-déjeuner et au déjeuner, parlent pendant trois heures et travaillent pendant trois heures. J'ai fait part de cette remarque aux syndicats. Ils m'ont dit que ça marchait comme ça en France !" 

Maurice M. Taylor explique ensuite que la Chine inonde le marché européen avec ses pneus agricoles, mais estime que le gouvernement français "ne fait rien". "Dans cinq ans, Michelin ne pourra plus produire de pneus en France." 

"Qu'a le syndicat fou ? Il a le gouvernement français", ironise-t-il. "Le fermier français veut des pneus pas chers. Il se moque de savoir s'ils viennent de Chine ou d'Inde (...)". "Titan va acheter un fabricant de pneus chinois ou indien, payer moins d'un euro l'heure de salaire et exporter tous les pneus dont la France a besoin", menace-t-il. "Vous pouvez garder les soi-disant ouvriers."

Acte 2 : Montebourg temporise 

Pour ne pas jeter de l'huile sur le feu, Arnaud Montebourg n'a pas souhaité commenter les propos du patron de Titan. Interrogé mardi soir, il a seulement indiqué : "Je ne veux pas nuire aux intérêts de la France." 

Montebourg : "Je ne veux pas nuire aux intérêts de la France" (France 2)

Mercredi, il a précisé à des journalistes que Maurice Taylor allait "avoir une réponse, ne vous inquiétez pas ! Par écrit c'est mieux", comme le rapporte Le JDD.

Acte 3 : pour la CGT, le PDG est proche de l'"asile psychiatrique"

Au micro d'Europe 1 mercredi matin, Mickaël Wamen, le représentant de la CGT, majoritaire à l'usine Goodyear d'Amiens-Nord, a estimé que la lettre adressée par le PDG de Titan était une "insulte totale". "Ce n'est pas une lettre incendiaire, c'est une lettre insultante", a-t-il réagi. Et le syndicaliste enfonce le clou : pour lui, le patron de Titan "envoie un signal fort, c'est que ce directeur d'une multinationale est plus près d'un asile psychiatrique que de pouvoir tenir les rênes d'une multinationale".

Pour Mickaël Wamen, cette lettre "conforte" le syndicat, accusé de porter une part de responsabilité dans le projet de fermeture du site, dans le fait qu'il a eu raison. "Il dit qu'on est un syndicat fou, que le gouvernement, c'est de la merde, que [le président américain Barack] Obama est un rigolo et qu'il va aller produire en Chine. Tout ça quand on le met bien dans l'ordre, ça ne veut pas dire grand chose", a ajouté le syndicaliste.

Acte 4 : Maurice Taylor prédit une France sans emplois et au vin rouge

Le PDG de Titan a confirmé mercredi à l'AFP avoir envoyé une lettre "pas toute rose" à Arnaud Montebourg. "Je lui ai écrit une lettre, ce n'est pas une lettre toute rose, ce n'est pas une lettre à ma petite amie, on parle d'affaires", a-t-il déclaré. "Bientôt, en France (...) tout le monde passera la journée assis dans les cafés à boire du vin rouge", a-t-il ironisé.

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