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Grand banditisme : comment les évadés finissent leur cavale

Parce qu'ils recontactent leurs proches, recommencent leurs méfaits ou sont dénoncés, les fugitifs sont presque toujours retrouvés. 

Article rédigé par Marie Deshayes
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Dans sa cavale, Yves Maupetit commet des meurtres, agressions et braquages avant d'être arrêté par la police en 1978. ( AFP FDF)

Six semaines après son évasion, c’est dans un hôtel de Pontault-Combault (Seine-et-Marne) qu’a été retrouvé et arrêté l'homme le plus recherché de France. Redoine Faïd aurait été localisé après avoir contacté des membres de sa famille, selon France 2. Et les autres, comment ont-ils été contraints de se rendre ? 

Ceux qui ont revu des proches

Accusé de plusieurs braquages, Antonio Ferrara réussit quatre ans de cavale après son évasion de Fleury-Mérogis en août 1998. Il s'évade de nouveau en mars 2003, lorsque des complices font sauter les portails de la prison de Fresnes. Il est repris quatre mois plus tard, teint en blond et le nez refait, au Peanut’s Café, à Paris, alors qu'il revoyait deux de ses contacts surveillés par la police. Ce que relate Libération

Jean-Pierre Treiber est soupçonné d'avoir tué, dans sa propriété de l'Yonne, Géraldine Giraud et Katia Lherbier en novembre 2004. Il s'évade de la prison d'Auxerre le 8 septembre 2009, en se dissimulant dans un carton chargé dans un camion. Cet ancien garde forestier échappe durant des semaines aux recherches, caché dans une forêt de Seine-et-Marne. Il est arrêté le 20 novembre par le Raid dans l'appartement de la fille d'un de ses amis, qui avait été placé sous surveillance depuis quelque temps par la police. Une balise avait été placée sous la voiture de cet homme, ce qui a permis de constater qu'il se rendait régulièrement dans ce logement en principe inhabité. Logement où les policiers ont découvert Jean-Pierre Treiber.

André Ségura, dit “Dédé la cavale”, l'affirmait à 20 Minutes : quand on se fait la belle, il faut savoir couper les ponts avec ses proches. 

Ceux qui ont été dénoncés

Léon Meurant est accusé d’avoir étranglé une comtesse russe en 1945. “Depuis sa cellule de condamné à mort, il réussit à convaincre le gardien de lui fournir une arme à feu, affirmant qu’il est en réalité un espion et doit absolument sortir de prison”, raconte l'historien Sylvain Larue, auteur des Grandes Affaires criminelles en France (éd. De Borée). Il s’échappe le soir du Nouvel An avec l’autre condamné à mort  et quittent la ville... à bicyclette. Ils s’arrêtent dans une ferme et affirment au propriétaire qu’ils sont deux policiers à la recherche des fugitifs. “Mais il les trouve un peu trop bavards et avertit la police locale, qui vient les cueillir directement à la ferme”, reprend Sylvain Larue. Léon Meurant est gracié, son complice exécuté.

Bien plus connu, Jacques Mesrine commence le 8 mai 1978 sa troisième cavale en sautant le mur de la Santé avec son ami François Besse. Il se cache à Paris et poursuit ses activités : attaque de casino, braquage de banque, tentative de meurtre. Son appartement est repéré grâce à un indicateur fourni par le journaliste de Minute Jacques Tillier. Il voulait se venger de Mesrine, qui lui avait tendu un piège et l’avait grièvement blessé. Sa fuite prend fin lorsqu'il est tué par la police à Paris, porte de Clignancourt, en novembre 1979.

Ceux qui sont pris en flagrant délit

Ils finissent forcément par se rendre visibles. Spécialisé dans les affaires criminelles s’étant soldées par des condamnations à mort, Sylvain Larue remarque que “ce sont surtout les braqueurs expérimentés ou les personnes aguerries au crime organisé qui réitèrent leurs méfaits en cavale”.

Condamné aux travaux forcés à perpétuité, Marcel Ythier devient l'ennemi public numéro 1 en s'évadant de la prison d'Auxerre grâce à un complice. Ensemble, ils mettent le cap sur Aix-en-Provence pour travailler dans un bazar où ils revendent les marchandises qu’ils volent régulièrement. Ils commettent ainsi une vingtaine de cambriolages dans le Sud. Dans la nuit du 22 au 23 mai 1950, Marcel Ythier est surpris et arrêté en plein cambriolage à Salon-de-Provence. Il tue le policier qui l’avait interpellé, en abat un autre le lendemain, avant d’être arrêté et condamné à mort.

Autre cas où l’évadé s’est montré particulièrement violent : celui d’Yves Maupetit, en novembre 1977. Transféré à l’hôpital pour des problèmes de santé, il s’échappe par la lucarne des toilettes. Le multirécidiviste en profite pour agresser l’ancien amant de sa compagne, avec celle-ci. Dans l’Yonne, il abat au fusil un ancien voisin agriculteur de sa mère. A Sucy-en-Brie, il vole l’argent et la voiture d’une famille après avoir tué les parents. Il force plusieurs barrages, blesse trois policiers. Sa femme est arrêtée, mais Yves Maupetit continue... Il dévalise un couple en région parisienne, viole la jeune femme. Le 25 janvier, il braque un hôtel, part à Nice et finit par être arrêté par la police à Valence. Il échappe à la guillotine grâce à l’abolition de la peine de mort en 1981.   

Ceux qui ne sont jamais rattrapés

Albert Spaggiari participe au "casse du siècle", celui qui allège la Société générale de Nice de 50 millions de francs, en juillet 1976. Arrêté à Nice en 1976, il s'évade le 10 mars 1977 en sautant par la fenêtre du juge d'instruction. Un complice l'attend sur une moto. Condamné à perpétuité par contumace en 1979, il ne sera jamais repris, naviguant entre l’Amérique latine, l’Espagne ou l’Italie pendant douze ans. Il meurt en 1989 d'un cancer de la gorge. Voyageant en camping-car, sa compagne dépose son corps chez sa mère, à Hyères. Il est enterré dans son village natal. 

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