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HBO fête ses 40 ans : retour sur un visionnaire du petit écran

La chaîne américaine a diffusé son premier programme le 8 novembre 1972. En 40 ans, elle a révolutionné à sa façon l'Amérique, la télévision et nos soirées passées devant. 

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
"Les Soprano" a été diffusée sur HBO de 1999 à 2007.   (KOBAL / AFP )

MEDIAS - Il y a 40 ans naissait HBO. La chaîne a beau être américaine et payante, le prestige de ses séries cultes en a fait une référence télévisuelle à travers le monde. Malgré la concurrence impitoyable de jeunes chaînes inspirées, comme Showtime (Homeland, Dexter) et AMC (Mad Men, Breaking Bad), elle continue de rafler des récompenses. Aux Emmy Awards 2012, cérémonie qui récompense le meilleur de la télévision américaine, elle est repartie avec 23 statuettes, faisant d'elle la plus titrée de la soirée, pour la onzième année consécutive. 

A l'occasion de cet anniversaire, francetv info s'est demandé ce qu'HBO avait vraiment apporté au petit écran. Sélection non exhaustive en images.

Elle nous a fait peur : Les Contes de la crypte (1989-1996)

Une caméra subjective qui pénètre dans un manoir délabré, un escalier en colimaçon qui descend lentement dans le noir, une porte qui grince… Le générique des Contes de la crypte, diffusée en France sur M6, a marqué toute une génération de téléphages. Inspirée de la BD d'épouvante des années 1950 du même nom, l'adaptation télé s'est payé le luxe de recevoir le Tout-Hollywood devant ou derrière la caméra : Daniel Craig, Whoopi Goldberg, Brad Pitt, Tom Hanks, Arnold Schwarzenegger, Steve Buscemi… Avec, au programme, du sang, de l'ironie et du sexe. 

Mais à l'époque, trois grands networks règnent encore sur les téléviseurs américains : ABC, CBS et NBC.

Elle a infiltré la mafia : Les Soprano (1999-2007) 

En 1995, Jeffrey Bewkes arrive à la tête d'HBO. Ses choix marquent un tournant dans l'histoire de la chaîne, qui "étend sa franchise, ajoutant des productions originales à sa programmation de films", écrit The Guardian (article en anglais). Sa série phare s'appelle alors Les Soprano. "C'était plus qu'une programmation originale. C'était la meilleure programmation, se souvient le quotidien britannique, qui estime qu'HBO "a réinventé la télévision".

La série raconte la vie tourmentée de Tony Soprano, chef de clan mafieux et père de famille du New Jersey, qui s'épanche sur le divan de sa psy. Jurons inclus, malgré la censure de la télé américaine. 

Elle a parlé sexe en prime time : Sex and the City (1998-2004)

L'Amérique est toujours puritaine, mais Carrie Bradshaw a peut-être décoincé quelques téléspectatrices. En parlant d'amour, d'amitié et de sexe librement à la télévison, Sex and the City a redéfini le genre très gnan-gnan de la comédie romantique. "Les femmes ont désormais un langage avec lequel elles peuvent parler de leurs expériences et de leurs amitiés", écrit une fan interrogée par The Guardian. La série "a légitimé ce qui était jadis considéré comme de simples ragots, comme moins qu'une conversation", poursuit-elle.

Si après deux longs métrages la franchise a perdu de sa superbe, Sex and the City reste parmi les créations les plus populaires d'HBO. Avec la toute nouvelle série Girls, le network lui a d'ailleurs donné une petite soeur, plus moderne. 

 Elle a rendu les croque-morts cool : Six Feet Under (2001-2005)

"Ci-gît Hollywood", titre le New York Times (article en anglais) en 2001, première année de diffusion de la série Six Feet Under. En racontant la vie d'une famille à la tête d'une entreprise de pompes funèbres, HBO fait le pari audacieux de commencer chaque épisode par un fatal événement. Surtout, la chaîne montre le quotidien d'une famille loin des clichés véhiculés par les sitcoms traditionnelles. 

 Elle a osé un casting noir : The Wire (2002-2008)

Du temps où il était jeune journaliste, David Simon a observé au plus près flics et dealers se courir après dans les quartiers mal famés de Baltimore (Maryland, Etats-Unis). Un jour, HBO lui a proposé d'adapter ses récits en scénario. Ainsi naquit The Wire, série acclamée tardivement – y compris par Barack Obama, dont le personnage préféré est Omar, le gangster balafré, noir et homosexuel. "Le fait d'avoir un casting majoritairement noir était problématique. Aux Etats-Unis, ça n'est pas vendeur (…), a raconté Simon à L'Express. Je ne pense pas que la plupart des Américains blancs soient racistes, mais quand ils allument la télé et qu'ils voient des noirs à l'écran, ils se disent 'Ah non, ça ne doit pas être une série pour moi'". Et pourtant.

Avec sa série "exigeante" (une heure, sans coupure pub), David Simon, à l'origine depuis de Treme, diffusée aussi sur HBO, a créé un monument. Jusqu'en France, où Stéphane Gatignon, maire de Sevran (Seine-Saint-Denis), a évoqué The Wire pour défendre son projet de dépénalisation du cannabis, rapportait en janvier Le Parisien.

Et la comédie musicale déjantée : Flight of the Conchords (2007-2009)

Mais HBO ne s'est pas illustrée que sur des sujets de sociétés débatogènes. Lorsqu'en 2007, elle engage le duo de musiciens et humoristes néo-zélandais Flight of the Conchords, elle donne naissance à un ovni pop comme on n'en avait pas vu à la télévision depuis la série anglaise The Mighty Boosh. Même quand elle fait dans l'humour, HBO se veut branchée et singulière (voir la très chic Bored to Death ou la très trash Eastbound and Down). 

Elle fait aussi dans l'épopée costumée : Game of Thrones (depuis 2011)

Avec Game of Thrones, HBO s'est lancée dans l'exercice très délicat de l'adaptation d'une saga acclamée de la littérature fantastique. Et là encore, les fans, qu'on sait exigeants, ont salué le travail opéré par le network. "Ce qui frappe dans l'adaptation télévisuelle de Game of Thrones, c'est sa proximité avec l'œuvre originale de George R.R. Martin", note le site spécialisé io9 (article en anglais) au sujet de la première saison, diffusée en 2011. Un peu comme une version médiévalo-violente de Dallas, la conquête du Trône de fer a rapidement passionné fans et néophytes. Et internet aussi, évidemment.

Plus abouti encore que sa précédente fresque, antique cette fois, Rome, la série confirme le bon goût du network pour les costumes, les crânes fracassés et le sexe sous les tentes. Etonnante HBO.  

A nos lecteurs : nous avons également dans un premier temps attribué la série A la Maison Blanche à HBO. Toutes nos excuses, elle est en fait l'œuvre de NBC.

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