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"Il est trop tôt pour juger les opérations en Somalie et au Mali"

Jean-Marc Tanguy, spécialiste des moyens aériens utilisés par l'armée, répond aux questions de francetv info.

Article rédigé par Hervé Brusini - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un hélicoptère Tigre, le 8 octobre 2012, lors d'une démonstration à la base militaire de Solenzara (Corse du Sud). (PASCAL POCHARD CASABIANCA / AFP)

Dans l'opération de sauvetage ratée en Somalie comme pour l'intervention militaire au Mali, l'hélicoptère est l'arme choisie par les responsables français. Cinq appareils ont été utilisés à Bulomarer dans le sud somalien, quant à l'opération "Serval" déclenchée vers Mopti et Sévaré au Mali, les hélicoptères sont là aussi très présents, sans qu'on en connaisse le nombre précis.

Rédacteur en chef de la revue Raids Aviation et blogueur, Jean-Marc Tanguy est un spécialiste des moyens aériens utilisés par l'armée. Il répond aux questions de francetv info.

Francetv info : Pourquoi ce choix de l'hélicoptère sur ces deux théatres d'opération?

Jean-Marc Tanguy : Parce que c'est l'instrument le plus adapté aux circonstances présentes. D'abord, précisons que pour leurs missions, les forces spéciale possèdent tous les types d'hélicoptères. Il y a les transporteurs de troupes, et les hélicoptères d'appui c'est-à-dire dotés d'une puissance de feu. Par exemple, le Tigre employé en ce moment même est blindé, équipé de canons de 30 mm et de lance-roquettes. La Gazelle, qui a été en action au Mali et dont le pilote a été touché fait aussi partie de cette panoplie. Que l'on soit en plein désert ou au dessus de zones urbaines, on voit bien en quoi l'hélicoptère s'avère une arme redoutable. On arrive par les airs et on repart de la même manière.

Une arme qui peut être également visée par les combattants au sol...

Evidemment. Mais sur ce point, on ne sait pas encore précisément comment les choses se sont déroulées. Il faut bien sûr faire le distingo entre l'emploi de roquettes ou le tir conjugué d'armes légères. A priori, au Mali, c'est une balle qui a touché le pilote, à travers le cockpit. Son collègue a pu réagir, le militaire gravement blessé a été ramené et a subi des soins mais en vain. En Somalie, on établit pour l'heure à 17 morts islamistes shebab le bilan de l'opération côté jihadiste. Cela montre la violence extrême des combats.

Cette double opération, et les pertes subies, peuvent-elles être qualifiées de fiasco?

Non, je parlerais plutôt d'un pari qui a été tenté. Un coup de dès. Qu'on le veuille ou non les conditions de détention de l'agent de la DGSE en Somalie étaient inhumaines, il fallait intervenir. En réalité, il faut pour l'heure se garder de tout avis qualitatif. Il est trop tôt. Dans ce genre d'action, un simple détail peut tout faire basculer. Souvenez-vous du sauvetage du Tanit en 2009 [Un violier français pris en otage par des pirates somaliens et secouru par l'armée française], le skipper Florent Lemaçon a été tué par un tir français, comme l'a démontré une expertise balistique ordonnée par un juge. L'impondérable fait toujours partie de ces opérations à très haut risque.

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