Insécurité, immigration... Le coup de barre à droite de Nicolas Sarkozy à Bordeaux
Le président candidat a dévoilé samedi plusieurs propositions en matière de sécurité.
Toujours en difficulté dans les sondages par rapport au favori François Hollande, Nicolas Sarkozy a voulu frapper un grand coup en tenant un meeting à Bordeaux, samedi 3 mars, sur le thème des valeurs républicaines, de la sécurité, de l'identité nationale et de l'immigration. A la clé, un discours très à droite et une série de propositions très fermes sur ces questions.
• Pas de liberté conditionnelle avant qu'une peine ne soit exécutée aux deux tiers
Nicolas Sarkozy souhaite qu'un "condamné ne puisse pas bénéficier d'une remise en liberté conditionnelle avant qu'il ait effectué au moins les deux tiers de sa peine". Une condition qui s'applique aujourd'hui uniquement aux condamnés récidivistes.
• Une victime pourra faire appel d'un verdict de cour d'assises
Autre proposition forte en matière de justice : le chef de l'Etat s'est prononcé en faveur d'"un droit d'appel des victimes pour les décisions des cours d'assises, pour la détention provisoire et l'exécution des peines". Il reprend ainsi une proposition de loi de l'ancien ministre Christian Estrosi, déposée début janvier à l'Assemblée, comme le révélait alors Le Figaro.
"C'est un sujet très délicat et je mesure le bouleversement qu'il introduira dans notre justice, et pourtant je propose de l'instaurer (...). La victime a le droit de donner son avis sur la remise en liberté de celui qui en a fait une victime", a-t-il expliqué.
• Les jurys populaires étendus
Le président-candidat a également fait part de sa volonté d'étendre les jurys populaires à la mise en détention provisoire et à l'application des peines.
• L'ordonnance de 1945 sur la délinquance des mineurs remise en cause
Dénonçant une nouvelle fois le fait que l'ordonnance de 1945 sur la délinquance est à ses yeux dépassée - "notre droit des mineurs n'est plus en mesure de répondre à une délinquance de plus en plus précoce et d'une violence souvent inouïe" -, Nicolas Sarkozy estime que "l'obligation de réparer le dommage" doit être une "priorité de la politique pénale des mineurs".
• Halal : pour l'étiquettage des viandes en fonction de la méthode d'abattage
Rebondissant sur la polémique sur la viande halal lancée deux semaines plus tôt par Marine Le Pen, le chef de l'Etat a indiqué qu'il souhaite, s'il est réélu, que les viandes soient systématiquement étiquetées en fonction de leur méthode d'abattage. "Ceux de nos concitoyens dont les convictions religieuses conduisent à ne consommer que de la viande abattue selon un rituel particulier ont le droit de pouvoir le faire. Mais ceux qui n'ont pas les mêmes convictions ont le droit aussi qu'on les respecte", a-t-il justifié.
"Quant aux cantines scolaires, elles sont aussi tenues au principe de la laïcité. Je m'opposerai à toute évolution qui irait dans le sens contraire", a-t-il ajouté, alors que le Front national dénonce régulièrement que de la viande halal est servie dans de nombreux restaurants scolaires.
Et d'affirmer, en guise de conclusion, que "la laïcité, c'est un principe de respect de toutes les croyances. C'est notre façon à nous de distinguer le spirituel et le temporel. C'est une affaire de civilisation, la nôtre".
• Réduire le nombre de nouveaux immigrés
"La République est ouverte, mais elle ne peut accueillir dignement que si elle n'est pas submergée par une immigration incontrôlée."
Estimant que "l'immigration est un atout", mais qu'"elle peut aussi être un problème", Nicolas Sarkozy a réaffirmé sa volonté d'une politique d'immigration choisie. Non "par peur de l'autre, non par idéologie", mais parce que "nos capacités d'accueil sont saturées", estime le chef de l'Etat. "Nous devons réduire le nombre des arrivées sur notre territoire. C'est pour cela qu'il faut mettre des conditions au regroupement familial : un travail, un logement décent, l'engagement à apprendre le français", a-t-il proposé.
• Contre le droit de vote des étrangers aux élections locales
Nicolas Sarkozy a également répété son opposition à la proposition de François Hollande de "donner le droit de vote aux étrangers" aux élections locales.
Pour lui, "donner le droit de vote aux étrangers, séparer le droit de vote de la citoyenneté, de la nationalité, c'est porter atteinte à la République. C'est ouvrir la voie au vote communautaire. C'est mettre les maires sous la menace du chantage communautaire". Une position qui n'a pas toujours été la sienne.
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