Internet : comment protéger vos photos intimes, voire compromettantes ?
Vous prévoyez d'échanger des clichés coquins avec votre cher et tendre pour la Saint-Valentin ? Pour éviter qu'ils ne deviennent un jour très embarassants, suivez le guide.
L'autre grande tendance consiste à s'échanger des photos. Rien à voir évidemment avec la kitchissime carte de vœux virtuelle. On parle ici de clichés suggestifs, pour ne pas dire compromettants. Et à en croire l'étude, plus d'un Français sur deux aurait déjà succombé à cette mode. Parmi le panel interrogé, une personne sur trois envisage d'ailleurs de le faire spécialement à l'occasion de la Saint-Valentin. Si vous êtes de ceux-là, plutôt que de vous faire la morale, voici quelques pistes qui pourraient bien vous être salutaires.
Passez en mode privé sur les réseaux sociaux
Les réseaux sociaux sont le haut lieu de l'échange de photos, qu'elles soient intimes ou anodines. Et parmi elles, combien de clichés pourraient vite se changer en casseroles virtuelles ?
Depuis plusieurs semaines, vous avez suivi nos conseils et repris en main votre vie privée sur Facebook. Seuls vos proches ont accès à vos images, pour ne pas dire à "votre image", au sens juridique du terme. Mais dès lors que vous projetez de "dévoiler" votre amour ou "d'illustrer" vos sentiments, peut être est-il temps de pousser un cran au-dessus les restrictions de vos options de partage.
Même si cela n'est pas la vocation d'un réseau social, sur Facebook vous pouvez restreindre l'accès à certain albums ou photos à une ou plusieurs personnes données. Vous pouvez même le faire a posteriori pour des images déjà publiées. Pour y parvenir, il suffit de sélectionner la photo voulue et de cliquer sur l'onglet "modifier".
Un menu déroulant apparaît à gauche de l'onglet de modification. Il indique votre niveau de partage actuel, par défaut "amis" ou "public". Cliquez maintenant sur "personnalisé".
Une nouvelle fenêtre apparaît. Dans le menu déroulant, sélectionnez l'option "Certaines personnes ou listes" puis renseignez manuellement le champ suivant, par exemple avec le nom de votre "bien-aimée".
Vous noterez au passage que vous pouvez non seulement choisir un partage ciblé avec telle personne ou groupe de personnes, mais encore décider d'exclure, de la même façon, une liste ou un individu, vous laissant toute latitude d'opter pour le partage personnalisé le plus fin qui soit.
Ceci étant dit, une fois le cliché partagé avec la ou les personnes de votre choix, vous ne pourrez plus rien faire pour garder le contrôle dessus. D'un simple clic droit sur la photo, vos destinataires sont libres d'enregistrer le cliché sur leur disque dur et d'en faire par la suite ce que bon leur semblera.
Dès lors, vous n'avez plus qu'à compter sur leur bienveillance, et la fameuse étude réalisée par McAfee, loin de vous inciter à la quiétude, souligne au contraire que 16% des Français ont déjà eu à regretter d'avoir envoyé des photos intimes à leur partenaire après une rupture. Pire, dans 6% des cas, les personnes interrogées prétendent avoir déjà été menacées pas leur "ex" que soient rendues publiques ces photos devenues encombrantes.
Instagram, le degré zéro de l'intimité
Cela reste tout de même moins risqué que de vous afficher en petite tenue sur un service de partage d'images comme Instagram, puisque dans ce cas précis, aucune option ne vous permettra de limiter l'accès d'une photo à une liste de personnes restreinte. Tout au plus pourrez-vous passer votre profil ou une photo donnée en mode "privé", la rendant inaccessible à une personne ne figurant pas dans votre liste de contacts. On est donc loin d'un niveau d'intimité d'ordre conjugal.
Osez le sexto éphémère
Que vous envoyiez une photo par e-mail ou la partagiez de manière restreinte avec l'être aimé sur un réseau social, vous abandonnez de fait tout contrôle sur l'usage qui en sera fait par la suite. Et certaines applications gratuites de messagerie n'ont pas tardé à s'engouffrer dans cette brèche pour vous proposer des services aussi ludiques qu'innovants. C'est le cas notamment des applications d'envoi de photos, vidéos ou textes éphémères, comme Snapchat, créé en 2011 (20 millions de photos échangées quotidiennement) ou FacebookPoke (dédié au réseau social éponyme, mais seulement disponible sur iOS).
Leur principe : vous permettre d'échanger des messages à la façon dont Jim Phelps recevait ses instructions dans Mission : Impossible. "Bonjour Jim, votre mission si vous l'acceptez, est d'envoyer à votre partenaire une photo de vous dans un accoutrement ridicule. La bonne nouvelle, mon cher Jim, c'est qu'une fois reçue, elle s'autodétruira dans les cinq secondes." Rassurez-vous, c'est sans danger pour votre smartphone qui ne partira pas en fumée après réception du message.
Ainsi, vous prenez une photo ou une vidéo avec votre téléphone, vous avez tout loisir d'y ajouter du texte, puis au moment de l'envoyer, vous choisissez non seulement votre destinataire, mais également la durée d'affichage du message (entre une et 10 secondes). Plus de clic droit possible, un effet de surprise et une confidentialité garantis.
Seul inconvénient, pour recevoir vos messages, votre destinataire devra lui aussi avoir installé l'application.
Le piège des métadonnées
Enfin, en matière de partage de photos, il reste un dernier écueil à éviter : celui des métadonnées. Sans doute l'ignoriez-vous, mais lorsque vous prenez des photos avec un smartphone récent ou un appareil photo numérique, ils ne se contentent pas de sauvegarder votre image. Ils y attachent également de nombreuses informations, et notamment la géolocalisation de l'appareil au moment de la prise du cliché. C'est ce qui explique qu'à votre grande surprise, lorsque vous publiez une photo sur Facebook ou ailleurs, apparaisse parfois le lieu précis ou encore l'heure et la date de la prise de vue.
De nombreux logiciels vous permettent de vous débarrasser de ces petits mouchards embarqués, c'est le cas notamment sous Windows du programme QuickFix (gratuit et open source, mais en anglais). Après installation du logiciel, il vous suffit de "glisser-déposer" les images à nettoyer dans l'interface, puis de cliquer sur le lien "remove properties and personal information", pour être débarrassé de ces très indiscrètes métadonnées.
Puisque nous parlons de McAfee, et si vous doutez des applications pratiques de cette petite opération, peut-être avez vous suivi la rocambolesque arrestation au Guatemala de son fondateur, John McAfee, en décembre dernier. Sa cavale aurait brutalement pris fin à cause des métadonnées attachées à une photo publiée sur le site du magazine Vice, par le journaliste chargé de l'interviewer. Une sorte de variation moderne de l'arroseur arrosé.
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