Reportage "Ça tient dans la poche" : des soldats français ont mis au point un système anti-drones individuel

Même des mini-drones civils peuvent larguer une grenade ou un obus. Dans les guerres contemporaines, la lutte anti-drones est donc devenue une priorité. Le 54e régiment de transmission basé près d'Hagueneau, en Alsace, a conçu et réalisé un outil suffisamment léger pour équiper chaque soldat.
Article rédigé par Eric Biegala
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Dans les guerres contemporaines, la lutte anti-drones est donc devenue une priorité (photo d'illustration). (SIMON WOHLFAHRT / AFP)

On les appelle les "traqueurs d'ondes"… Les hommes du 54e régiment de transmission sont des soldats un peu particuliers, seule unité de l'armée française en charge de la guerre électronique, désormais indispensable sur les champs de bataille. Régulièrement déployés en opérations, leur mission est de s'approcher au plus près des lignes ennemis, d’écouter les conversations radio de l'adversaire, mais aussi de repérer toute émission électro magnétique, comme un radar, et éventuellement brouiller ces transmissions.

Les "traqueurs d’onde" du 54e RT s’avancent au plus près des lignes ennemies pour écouter le trafic radio ou électromagnétique de l’adversaire et le brouiller. (ERIC BIEGALA / RADIO FRANCE)

C'est partant de cette expérience de terrain que les soldats ont conçu le Badd (Boîtier d'action et de détection de drone). "On a une expertise et des domaines de compétences qui sont vraiment variés au régiment. On a aussi bien des experts des signaux que des analystes et des développeurs qui, sur leur temps perdu, apprennent à travailler sur ces projets-là", explique le sergent David, l'un des concepteurs du Badd.

Une taille maximum de deux paquets de cigarette

Le Badd se présente comme un petit boîtier électronique, construit avec des composants que l'on trouve dans le commerce. Le tout ne dépasse pas la taille de deux paquets de cigarettes. "La philosophie du projet c’est que chaque soldat peut embarquer ce type d’équipement", poursuit le sergent David.

"C’est assez limité. Vous avez un écran, deux boutons, ça tient dans la poche ou on l’accroche sur le casque."

Sergent David, l'un des concepteurs du Badd

à franceinfo

"Si le boîtier détecte un drone, ça peut sonner. On peut imaginer plein de manières d’avertir le soldat, projette le sergent. À partir de là, il sort son boîtier, appuie sur un bouton et il peut espérer que le drone parte ou se pose tranquillement avant de lui lâcher sa charge au-dessus de la tête".

Le Badd repère les drones et brouille les transmissions de ceux-ci. Il a d'ores et déjà séduit les plus hauts gradés, comme le général Pierre Schill, chef d'état-major de l'armée de Terre, qui explique que, par exemple, sur le front ukrainien, "70% des drones utilisés sont neutralisés par la guerre électronique".

"J’attends que l’on industrialise au moins la base détection, espère le général. Je verrais très bien les soldats de l’armée de Terre équipés de ce boîtier. Si chaque soldat a sur son casque ce petit système de façon à ce qu’il y ait une alerte, qu’ils sachent qu’ils sont survolés par un drone, c’est déjà génial !", s'enthousiasme-t-il. Les prototypes fonctionnent. Ne manque plus aujourd'hui que l'industriel qui acceptera de produire le Badd en grande série.

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