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Et si internet sauvait les espèces menacées ?

Un site sur le modèle de WikiLeaks pourrait lutter efficacement contre le braconnage.

Article rédigé par Gaël Cogné
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Aux portes de Mombasa, au Kenya, un ranger montre de l'ivoire saisi, le 8 octobre 2013. (IVAN LIEMAN / AFP)

En survolant le Mozambique, les spécialistes du WWF ont fait une triste découverte. L'association de défense de l'environnement a relevé, lors de ce comptage aérien, que les éléphants ont été décimés par centaines dans le nord du pays. L'ONG estime, jeudi 19 juin, qu'entre 480 et 900 pachydermes ont été victimes du braconnage, entre 2011 et 2013.

Comment lutter contre l'inexorable avancée du braconnage ? Une piste pourrait venir d'internet. S'inspirant du modèle de WikiLeaks, le site WildLeaks permet à tout un chacun de signaler des activités de braconnage dans son pays. Comme Julian Assange, le créateur de cette plateforme en 16 langues espère attirer des "lanceurs d'alerte". Chacun peut signaler les crimes sur la faune qu'il a constatés.

Tigres, éléphants et léopards

Le site n'existe que depuis trois mois. Il est un peu tôt pour en mesurer les effets. Mais les premiers résultats sont encourageants. D'après le Guardian, sur cette courte période d'essai, 24 graves dénonciations ont été enregistrées. Le quotidien britannique cite le braconnage d'éléphants en Afrique et le commerce d'ivoire vers Hong Kong, le braconnage de tigres de Sumatra (il n'en reste que 400 dans le monde), la chasse illégale de lions et léopards en Afrique du Sud, le trafic de chimpanzés au Liberia, etc. Ces allégations sont ensuite vérifiées par une équipe d'experts en droit et en sécurité.

Capture du site WildLeaks, jeudi 19 juin, destiné à dénoncer des cas de braconnages. (WILDLEAKS/FRANCETV INFO)

Mais si le site rencontre un tel succès, c'est peut-être parce qu'il promet un accès sécurisé et anonyme au lanceur d'alerte, via Tor, une sorte d'internet parallèle. Les braconniers peuvent appartenir à des organisations criminelles élaborées, avec des relais parmi les autorités. Selon Interpol, le trafic d'espèces menacées est le plus lucratif après la drogue et les armes. Il génèrerait 7 à 15 milliards d'euros par an.

Attraper les gros poissons

Le créateur de WildLeaks n'est pas un amateur. Andrea Crosta, consultant en sécurité, avait révélé que les islamistes somaliens chebabs se finançaient (en anglais) notamment par le trafic d'ivoire. Une manne : d'après le New York Times, un kilo d'ivoire se négocie plus de 5 000 euros en Chine. Le trafic d'ivoire contribuerait à la moitié de leurs ressources financières, selon le site américain Vox.

Confiant dans son initiative, Andrea Crosta estime que le difficile accès à internet dans les régions où l'on rencontre du braconnage n'est pas vraiment un problème, affirme le Guardian. L'objectif de WildLeaks est davantage de démasquer les acteurs clés de ces trafics que de piéger les petites mains. Une application est envisagée.

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