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Faut-il craindre l'intelligence artificielle ? Un vif débat oppose Elon Musk à Mark Zuckerberg

Le fondateur de SpaceX et celui de Facebook défendent des visions diamétralement opposées sur l'avenir de cette technologie. Quand le premier insiste sur ses dangers, le second préfère ne retenir que les progrès potentiels.

Article rédigé par franceinfo
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Le robot semi-autonome Escher tente d'ouvrir une porte lors d'une compétition de robotique, le 6 juin 2015 à Pomona, dans l'Etat américain de Californie. (CHIP SOMODEVILLA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Faut-il craindre l'intelligence artificielle ? Ces technologies "essayent de reproduire des fonctions qu’on attribue à des entités intelligentes vivantes", selon Yann LeCun, responsable du centre Facebook Artificial Intelligence Research, interrogé par France Culture. Mais parfois, les machines "dépassent en performance les humains, comme aux échecs". A terme, certains redoutent qu'elles prennent le contrôle sur l'humanité toute entière. Cette épineuse question a donné lieu à une vive controverse entre deux poids lourds de la Silicon Valley : le fondateur de SpaceX, Elon Musk, et le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg. Explications.

1Elon Musk estime qu'elle est "menace pour notre civilisation"

"Une fois informés [de la question], les gens seront très inquiets." Lors d'une conférence devant des gouverneurs américains (à partir de la 27e minute, en anglais), Elon Musk explique que "l'intelligence artificielle [est] la plus grande menace pour l'existence de notre civilisation". Il cite plusieurs dangers, parmi lesquels le développement "de robots tuant des gens dans la rue" ou "déclenchant des guerres en manipulant l'information". Pour anticiper ces dérives, le fondateur de Tesla et SpaceX plaide pour l'introduction d'une "régulation" préventive de l'intelligence artificielle.

Elon Musk lors d'une réunion de l'association des gouverneurs, le 15 juillet 2017 à Providence (Etats-Unis). (BRIAN SNYDER / REUTERS)

Elon Musk a déjà émis des doutes sur le développement tous azimuts de ces technologies, en participant notamment à la création d'un cabinet de recherches pour développer une intelligence artificielle "humaine". Fin mars, il avait annoncé la création d'une nouvelle société, appelée Neuralink, dédiée à ce projet d'interface cerveau-ordinateur. L'objectif est de permettre aux utilisateurs de communiquer sans même ouvrir la bouche, voire de réaliser des apprentissages aussi simplement qu'en téléchargeant un livre. Le corps humain contrôlerait l'intelligence artificielle plutôt que de la subir.

2Mark Zuckerberg dénonce des propos "irresponsables"

Mark Zuckerberg, lui, défend des thèses diamétralement opposées. Interrogé par un internaute, le fondateur de Facebook a qualifié les propos d'Elon Musk d'"irresponsables", dimanche dans son jardin de Palo Alto, avant de prôner "l'optimisme" en la matière. Selon lui, "dans les 5 ou 10 ans qui viennent, l'intelligence artificielle permettra d'apporter des améliorations dans nos vies". Au robot tueur ou manipulateur d'Elon Musk, Mark Zuckerberg oppose le pouvoir des algorithmes, capables d'apporter de nets progrès dans les domaines de la santé ou de la conduite autonome.

Le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, lors d'une conférence de présentation, le 18 avril 2017 à San José, dans l'Etat américain de Californie. (JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Le fondateur de Facebook est convaincu des bienfaits de l'intelligence artificielle – sur son temps libre, il a d'ailleurs développé un projet pour contrôler sa maison connectée. Le réseau social utilise déjà ces technologies pour évacuer les contenus problématiques sur le réseau social. Et au sein du groupe, des ingénieurs spécialisés dans l'intelligence artificielle planchent également sur des projets futuristes, comme la communication par la pensée.

3"Sa compréhension du sujet est limitée", déclare Elon Musk

Les géants de la Silicon Valley investissent tous massivement dans l'intelligence artificielle, y compris les entreprises détenues par Elon Musk et Mark Zuckerberg. Ainsi, les acteurs du secteur et les milieux technophiles sont parfois irrités par les prises de position pessimistes du fondateur de Tesla. Mais ce dernier persiste et signe. Dès le lendemain de la vidéo, Elon Musk a répondu à Mark Zuckerberg, dans un tweet cinglant : "J'ai parlé avec Mark de ce sujet. Sa compréhension du sujet est limitée."

Elon Musk peut compter sur quelques soutiens de poids. Dans "quelques décennies (...), l'intelligence sera assez forte pour devenir un sujet de préoccupation", expliquait Bill Gates, fondateur de Windows, lors d'une séance de questions-réponses (en anglais) en 2015, sur le réseau Reddit. Le physicien Stephen Hawking a lui aussi défendu une approche prudente, en 2016, assurant que "l'intelligence artificielle sera soit la meilleure chose, soit la pire chose jamais arrivée à l'humanité". Comme le rapporte The Guardian (en anglais), il avait prôné la création d'un centre de recherches consacré au devenir de cette technologie et à ses éventuelles dérives.

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