Cet article date de plus de cinq ans.

Accord entre Google et le fisc français : "On aurait préféré un procès", déplore Attac

Selon Raphaël Pradeau, porte-parole d'Attac, "Google continue de pratiquer massivement l'évasion fiscale".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Google a accepté jeudi 12 septembre 2019 de verser près d'un milliard d'euros pour solder l'ensemble de ses contentieux avec le fisc français.  (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Le géant américain Google a accepté jeudi 12 septembre de payer près d'un milliard d'euros au fisc français pour clore les poursuites pour fraude fiscale. "On aurait préféré un procès parce que là c'est comme si Google était innocenté", a estimé sur franceinfo Raphaël Pradeau, porte-parole d'Attac.

franceinfo : Est-ce que c'est une bonne nouvelle pour vous ?

Raphaël Pradeau : C'est une bonne nouvelle dans la mesure où l'évasion fiscale aujourd'hui apparaît insupportable. Aujourd'hui c'est insupportable que les entreprises comme Google échappent à l'impôt. On aurait préféré un procès parce que c'est un accord à l'amiable pour régler les différends fiscaux, mais c'est surtout accepter de payer une amende pour échapper à un procès, comme si Google était innocenté. Le plus embêtant, c'est que Google continue de pratiquer massivement l'évasion fiscale. Un rapport montre que 85% de son chiffre d'affaires français est dissimulé dans les paradis fiscaux. Pour résumer on peut se féliciter que Google ne reste pas impuni mais ceci dit ce n'est pas une mesure qui va l'amener à payer sa juste part d'impôts.

Est-ce qu'on arrive à estimer les avantages que s'est procuré Google au niveau fiscal en France ces dernières années ?

Aujourd'hui, 85 % de son chiffre d'affaires continue à être dissimulé dans les paradis fiscaux et on a montré que malheureusement c'était systématique puisqu'au-delà de Google, c'est quelque chose qui est systématique de la part des GAFA et plus généralement des multinationales. 

On a peur de quoi aujourd'hui ?

On manque de volonté politique. Quand on voit en ce moment que les agents des impôts sont en grève, comme ceux des finances publiques parce que vous dites que vous luttez contre l'évasion mais en même temps vous supprimez un nombre important de fonctionnaires chargés de faire ces contrôles fiscaux.
Emmanuel Macron se donne le beau rôle avec cette taxe GAFA mais en réalité il n'y a pas de volonté politique. Ce gouvernement a supprimé l'exit tax qui était une des rares mesures qui permettaient de sanctionner les exilés fiscaux, il reprend la liste noire des paradis fiscaux de l'Union européenne dans laquelle il n'y a aucun paradis fiscal notoire donc ce n'est pas sérieux. On fait semblant. Aujourd'hui on a mis le sujet sur la table, il est sur l'agenda politique et c'est très bien mais malheureusement il va falloir pousser encore à la mobilisation pour avoir des vraies avancées et pas se contenter simplement de voir qu'aujourd'hui finalement Google rattrapé par la patrouille solde ses contentieux et continue à pratiquer de la même manière.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.