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Pourquoi vous ne captez pas bien la 3G

Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
François Hollande consulte son téléphone portable, le 27 avril 2012, lors d'une visite au festival du Printemps de Bourges (Cher). (JACKY NAEGELEN / REUTERS)

Alors que l'association de consommateurs UFC-Que Choisir dénonce la mauvaise qualité du réseau 3G, francetv info vous explique pourquoi, parfois, cela ne marche pas.

L'UFC-Que Choisir dénonce la dégradation du réseau 3G. Selon l'association de consommateurs, elle est orchestrée par les opérateurs eux-mêmes, qui tentent ainsi de forcer leurs clients à adopter leur nouvelle norme, plus chère, la 4G. Les intéressés s'insurgent. "Insensé", rétorque Orange. Quant à Free, il menace de traîner l'UFC devant les tribunaux.

Reste qu'après une première étude dénonçant la mauvaise qualité de l'accès aux services 3G sur le réseau de Free Mobile, la seconde analyse (PDF) de l'association montre une détérioration toujours plus prononcée de la couverture. Orange, SFR, Free Mobile : trois des quatre opérateurs français offrent une qualité de réseau dégradée par rapport à janvier. Seul Bouygues Telecom améliore légèrement ses services.

L'UFC a annoncé, mardi 19 novembre, avoir saisi l'Arcep, le gendarme des télécoms. En attendant les résultats de cette démarche, francetv info vous explique pourquoi vous ne captez pas bien la 3G. Car cela vous arrive, à vous aussi, de pester contre votre réseau mobile, non ?

Parce que le réseau est saturé

Quelque 35 millions de Français utilisent la 3G. "Il y a de plus en plus d'utilisateurs, de plus en plus d'appareils connectés - parfois utilisés en même temps - et de plus en plus de services proposés", note l'Autorité de régulation des communications électroniques (Arcep). "La quantité de data consommée est en train d'exploser. Et ce n'est qu'un début", prédit le gendarme des télécoms.

Pour satisfaire la demande croissante, "les opérateurs n'arrêtent pas d'investir", assure l'Arcep. "En 2012, les quatre opérateurs français ont dépensé 10 milliards d'euros sur leurs réseaux fixe et mobile, dont 7,3 milliards pour les infrastructures, et le reste en achat de fréquences." 

"L'essentiel de l'effort d'investissement porte bien sûr sur la 4G, mais on peut estimer qu'environ 30 % des dépenses réalisées par les opérateurs dans leur réseau mobile vont encore à la maintenance et à l'amélioration de la 3G", précisent Les Echos.

Problème, poursuit le quotidien économique : "D'un côté, il y a de plus en plus de monde sur le réseau. De l'autre, la croissance du nombre de sites radio en 3G est à présent marginale, avec des taux de couverture élevés et une certaine difficulté à dénicher les emplacements. Enfin, il n'y a plus de nouvelles fréquences 3G."

Des spectateurs brandissent leur téléphone portable au concert de Rihanna, le 8 juin 2013 au Stade de France. (BERTRAND GUAY / AFP)

Parce que vous êtes chez le mauvais opérateur

Les opérateurs ne se valent pas tous. D'abord, leur couverture n'est pas la même. OrangeBouyguesFree ou SFR : chaque opérateur publie une carte de son réseau mobile 3G. Vous pouvez donc vous faire une idée de celui qui propose la meilleure performance à l'endroit où vous vous trouvez. Les sites Lebonforfait et Antennes mobiles proposent aussi des cartes interactives pour connaître les emplacements des antennes relais des quatre opérateurs français.  

Ensuite, la qualité de leurs services mobiles varie. Tous les mois, le site spécialisé ZDNet dresse un tableau comparatif des performances de chaque opérateur. Il est réalisé à l'aide des données de connexion fournies par les utilisateurs ayant installé l'application 4Gmark sur leur smartphone. Une application disponible sur iPhone et Android.

Résultats : en octobre, Orange arrivait en tête du classement, avec un débit descendant de 5,54 Mb/s, suivi de Free Mobile (4,37 Mb/s) - qui améliore ses scores grâce à l'itinérance, qui lui permet d'utiliser le réseau d'Orange - tandis que Bouygues Telecom (4,16 Mb/s) et SFR (3,80 Mb/s) ferment la marche. Un palmarès qui confirme celui établi par l’Arcep sur les débits médians en réception sur smartphone, en novembre 2012. (PDF)

L'UFC a testé les services de streaming vidéo et audio, et de téléchargements d'application des différents opérateurs, en Ile-de-France et dans les agglomérations de Lille, Toulouse et Grenoble. Verdict : Free affiche les plus mauvaises performances sur son réseau propre. Ce que note aussi ZDNet, qui pointe également un taux d'échec supérieur à la concurrence chez Bouygues Telecom concernant le chargement et téléchargement de fichiers.  

Parce que vous en demandez trop

"On n'est pas dans le fixe, on est dans le mobile", plaide-t-on à l'Arcep. Autrement dit, la qualité du service est variable.

Comme dans les transports, il y a des heures de pointe pendant lesquelles le réseau est saturé. Plus il y a d'utilisateurs dans une même zone de couverture, plus le débit diminue. Et plus le débit est faible, plus la qualité d'usage se dégrade. Ce qui se ressent notamment lors de l'utilisation des services de streaming, explique l’UFC.

Si vous êtes en mouvement, vous capterez aussi moins bien que si vous restez immobile. Si vous vous trouvez à la frontière entre plusieurs zones de couverture, les ondes en provenance des diverses antennes engendreront des interférences. Et plus vous serez loin d'une antenne, plus le signal émis par celle-ci faiblira. Vous aurez donc moins de réseau. Enfin, la pluie, la végétation, les bâtiments constituent autant d'obstacles à la propagation des ondes.

Pour toutes ces raisons, Paris est, "de loin", "la ville la plus difficile" à couvrir, confie SFR à Libération.

Parce que vous êtes dans une zone mal couverte

Au 1er juillet 2012, Orange et SFR couvraient en 3G plus de 98% de la population, Bouygues Telecom près de 95% et Free Mobile 37%, selon le dernier rapport publié par l’Arcep, le 30 novembre 2012. 

Nouveau venu dans ce secteur, Free s'est engagé à couvrir en 3G, avec sa propre infrastructure, 75% de la population en 2015, et 90% en 2018, rappelle Challenges. En attendant, le quatrième opérateur a conclu un accord d'itinérance avec l'opérateur historique. Dans les zones qu’il ne couvre pas, ses clients basculent sur le réseau Orange.

Ces statistiques flatteuses cachent toutefois des disparités locales. Certaines zones ne sont couvertes que par un seul opérateur ou ne le sont pas du tout, comme le montre cette carte réalisée par l'Arcep.

 

Carte de la couverture des réseaux mobiles 3G en France métropolitaine, établie par l'Arcep en juillet 2012. (ARCEP)

Depuis 2003, un programme "zones blanches" a été lancé pour les 3 073 communes, principalement situées en zone rurale, qui n'étaient couvertes par aucun opérateur. Au 30 septembre 2012, il en restait 175 dans cette situation. Une liste à laquelle s'en sont ajoutées 88, a indiqué au Sénat le ministère chargé de l'Economie numérique. "La résorption se fait petit à petit", confirme l'Arcep à francetv info.

Cofinancé par l'Etat, les opérateurs mobiles et les collectivités territoriales, ce programme n'a cependant pour objectif que de fournir du réseau aux centres bourgs, aux axes de transport prioritaires et aux zones touristiques à forte affluence. Resteront donc des trous dans la couverture.

L'UFC a demandé au gendarme des télécoms de fixer des "exigences sur une qualité minimale de service pour la 3G". L'Arcep promet pour sa part de lancer au début de l'année prochaine une nouvelle enquête complète sur la couverture et la qualité des services mobiles des quatre opérateurs français. Résultats attendus avant l’été 2014.

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