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Instagram, Facebook... Etes-vous paniqué, perdu ou laxiste ?

Instagram, le site de partage de photos, s'est  trouvé au cœur d'une polémique après avoir modifié maladroitement ses conditions d'utilisation. 

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Une photo prise avec l'application Instagram. (MARDIS COERS / FLICKR OPEN / GETTY IMAGES )

Le soleil se couche ? Votre chat s'est endormi sur votre clavier d'ordinateur ? Vous avez réussi vos tomates farcies ? Clic. C'est le moment de prendre une photo avec Instagram, ce filtre aux effets rétros qui donne aux photos de votre dimanche après-midi au parc un air de pochette d'album folk. A moins que... Le réseau social de partage d'images, qui surfe sur le goût de l'esthétique vintage, a déclenché mardi une polémique tout ce qu'il y a de plus moderne sur l'utilisation qui pouvait être faite des photos. Avant de faire marche arrière.

A cette occasion, francetv info s'est demandé si les usagers des réseaux sociaux étaient plutôt paranos, perdus ou laxistes. Réponse : les trois en même temps, évidemment. 

1Paniqués : le cas du "traître" Instagram

Lundi, le réseau social Instagram a publié un post de blog (en anglais) qui faillit lui être fatal : "Vous acceptez qu'une entreprise ou toute autre entité puisse nous payer pour afficher votre nom et profil d'utilisateur, vos photos (...) en lien avec des contenus payants ou sponsorisés, sans que cela ne vous donne droit à une compensation", écrivait la société, tombée en avril  dans le giron du géant Facebook, à ses quelques 100 millions de clients. C'est d'ailleurs pour se synchroniser avec sa nouvelle maison mère qu'Instagram a annoncé dans le même temps le croisement des données recueillies auprès de ses membres sur les deux plateformes. Comprendre : ce que sait Facebook, Instagram le sait, et vice-versa. 

Du coup, un autre réseau social s'est aussitôt mis en branle : en moins de temps qu'il n'en faut pour poser avec une fausse moustache, Twitter est envahi "de tweets haineux", raconte le blogueur MG Siegler, sur le site spécialisé TechCrunch (lien en anglais). D'autres, "suggérant qu'ils allaient quitter le service, accusant clairement Facebook d'avoir réussi à pervertir Instagram", s'accumulent. Le Français Ecrans.fr imagine l'application concrète de ces nouvelles règles – nos photos prises d'assaut par les marques –, Gawker (lien en anglais) se penche sur le succès du "hashtag" #BoycottInstagram, tandis que nous, à francetv info, ajoutons à notre article quelques lignes à destination de nos lecteurs qui souhaiteraient supprimer, trahis, leur compte Instagram. 

Dans un contexte de guerre entre les applications et les sites de partage de photos en ligne rivaux, le gros Flickr (propriété de Yahoo!) et les petits Blipfoto et 23snaps ont même interprété  la polémique comme une opportunité de rapatrier chez eux les déçus d'Instagram, a rapporté Cnet.com (lien en anglais).

2Perdus : un modèle économique mal compris ?

Mercredi, Instagram a rectifié le tir : concédant un "langage (...) confus" dans la rédaction de ses termes, le PDG de la start-up, Kevin Systrom, corrige : "pour être clair, il n'est pas dans notre intention de vendre vos photos". Mea culpa. La vraie volonté du groupe ? "Tester des formes innovantes de publicité", précise Kevin Systrom. Par exemple, "[Instagram] souhaiterait montrer à vos amis que vous suivez une marque (...), ce qui permettra à cet annonceur d'accroître son nombre d'abonnés en profitant d'un effet de bouche à oreille", décrypte Le Figaro.fr. C'est exactement le modèle de Facebook, qui a développé des modules de statuts sponsorisés." Le navigateur Privacyfix permet d'ailleurs d'estimer "votre valeur" auprès de Facebook et Google.

"Evidemment, [les réseaux sociaux] se présentent comme le lieu d'un échange de savoir. Mais on ne finance pas ces services par le bonheur d'être ensemble, mais avec la valeur produite par la donnée", explique Etienne Drouard, avocat associé chez K&L Gates LLP, contacté par le site spécialisé ZDnet.fr. Ainsi fonctionnent Facebook et Instagram, mais aussi Flickr, Twitter etc, rapporte le site, sans pour autant susciter une telle levée de firewall. "Que Facebook soit actionnaire ou partenaire [d'Instagram], cela ne change rien : les utilisateurs ont permis dès le départ à Instagram d'exploiter leurs contenus", indique donc l'avocat à ZDnet.fr. 

"Oui, ces sociétés ont des business model fondés sur la publicité pour que vous puissiez utiliser leurs services gratuitement. Beaucoup d’autre le font, à commencer par Google, écrit le blogueur de TechCrunch. Imaginez l’outrage si l’on apprenait que Gmail s’apprêtait à scanner le contenu de vos e-mails pour vous proposer des contenus publicitaires ?! Euh, attendez…. ", ironise-t-il en aparté, en référence à ce principe à la base de la messagerie de Google, la plus utilisée au monde.

Et pour faire accepter de telles pratiques, ces sociétés doivent entretenir un rapport de confiance, insiste le chercheur et blogueur André Gunthert. "On ne fera pas faire aux usagers ce qu’ils ne veulent pas. Dès à présent, ce sont eux qui pilotent les destinées des plateformes, ruent dans les brancards, imposent leurs conditions. Si c’est gratuit, c’est que c’est toi qui commande."

3Laxistes : les internautes râlent beaucoup, mais se protègent peu

S'indigner contre les pratiques des réseaux sociaux et des moteurs de recherche est devenu un sport virtuel. La quantité de données personnelles accumulées par Facebook, et surtout par Google – effacer votre historique permettra de cacher que vous traînez sur Meetic à votre fiancée, pas à Google –, a donné lieu à de nombreuses études et réflexions à travers le monde. 

Les utilisateurs les plus aguerris tirent donc régulièrement la sonnette d'alarme quant aux conséquences des modifications des règles de confidentialité sur les réseaux sociaux. Mais la majorité des internautes surfent dans le flou, souvent décontenancés par ces changements.

La meilleure illustration de ce phénomène : l'affaire du "bug géant" de Facebook en septembre, quand des milliers d'internautes ont cru, à tort, voir ressurgir d'anciens messages privés. Ou encore la reprise, fin novembre, de fausses règles de confidentialité, toujours sur le plus populaire des réseaux sociaux. Assez pour considérer que les utilisateurs de Facebook sont vigilants ? Pas vraiment. Face à la faible mobilisation, la firme a renoncé, en ce mois de décembre 2012, à faire voter à l'avenir ses utilisateurs, a rapporté Clubic.com. Pour ce dernier vote, les membres du réseau étaient interrogés sur les modifications de la Déclaration des droits et responsabilités de la firme... ainsi que sur sa politique d'utilisation des données. 

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