Pourquoi Facebook nous enfume avec ses nouvelles mesures censées protéger la vie privée de ses utilisateurs
Le réseau social s'engage à rendre ses paramètres de confidentialité "plus faciles à comprendre, à trouver et à utiliser". Des annonces déjà en partie annoncées quand elles ne sont pas imposées par le droit européen.
Après l'affaire Cambridge Analytica, Facebook tente de regagner la confiance de ses utilisateurs. Pour apaiser les critiques, l'entreprise a présenté, mercredi 28 mars, trois grandes mesures pour permettre aux internautes de mieux protéger leurs données.
"Nous allons tout faire pour protéger les informations de nos utilisateurs et limiter les abus sur la plateforme", écrit Facebook dans la note de blog présentant ces dispositions. Mais ces nouvelles règles ont suscité un certain scepticisme auprès des internautes, résumé par ce tweet du rédacteur en chef du Monde.fr. On vous explique pourquoi les annonces de Facebook sont plutôt décevantes au regard de l'enjeu.
Les dernières annonces de Facebook sur la vie privée :
— Michaël Szadkowski (@szadkowski_m) 28 mars 2018
- en partie déjà annoncées
- obligatoires au regard du droit européen #RGPD
- aucune ne changera l'utilisation des données personnelles par FB
- aucune n’aurait empêché l'affaire Cambridge Analytica https://t.co/bVvq6ZMoG7
Parce qu'il n'y a pas de vraie nouveauté
La première mesure présentée dans cette note consiste à centraliser les paramètres de confidentialité, actuellement répartis sur une vingtaine d'écrans différents, "en un seul et même menu". Ces outils existent déjà, comme les réglages liés aux préférences publicitaires ou la visibilité des posts publiés sur son compte. Il s'agit donc juste de les rendre plus visibles.
L'association américaine Public Knowledge ne cache pas sa déception face à ces annonces qui ne présentent, selon elle, que des "changements mineurs, peu à même de remédier à un problème systémique plus large".
Rien de révolutionnaire donc, d'autant qu'une refonte des paramètres de confidentialité avait déjà été annoncée le 28 janvier par Erin Egan, responsable de la vie privée chez Facebook, dans un communiqué (en anglais). Dans sa note publiée mercredi, le réseau social ne fait nullement référence à cette précédente annonce.
Parce que Facebook ne fait que se conformer au droit européen
Les mesures communiquées par Facebook se contentent d'être en accord avec le droit européen, ce que le groupe omet de mentionner. Elles sont "un moyen de se conformer au règlement général sur la protection des données (RGPD), un texte européen très contraignant en la matière qui va s’appliquer sur tout le continent dès le 25 mai" explique Le Monde. Ce règlement repose sur le droit fondamental que constitue, pour toute personne se trouvant sur le territoire européen, la protection de sa vie privée et de ses données personnelles.
Même chose pour sa troisième promesse, mettre en place "des outils pour trouver, télécharger et supprimer toutes vos données Facebook : 'Accès à vos informations'". Cette nouvelle rubrique devrait permettre aux utilisateurs de supprimer d'anciennes publications mais également de transférer leurs données sur un autre service que Facebook. Là, encore, c'est une exigence du RGPD, qui prévoit, rappellent Les Echos, qu'"un citoyen pourra récupérer les données le concernant auprès d'une entreprise ou d'une administration pour les transférer à un service concurrent sans devoir construire un nouveau profil de zéro".
Parce que ça ne règle pas le problème
"En fin de compte, la seule façon pour les utilisateurs de limiter l’utilisation de leurs données personnelles par les réseaux sociaux est d’éviter tout simplement d’utiliser ces plateformes", résumait l'universitaire australien David Glance sur le site The Conversation. Autrement dit, ne comptez pas trop sur Facebook pour les protéger. "Facebook n'a aucune motivation économique pour s'engager" dans des pratiques "responsables", note également l'association Public Knowledge, puisque "les annonceurs mécontents n'ont pas de plateforme alternative aussi performante que le réseau social".
Ainsi, Facebook ne facilite toujours pas la possibilité de supprimer purement et simplement son compte, constate le Guardian (en anglais). Pour l'instant, l'option est cachée au fin fond du site. Le groupe met plutôt en avant la possibilité de désactiver son compte, laissant ainsi "toutes les informations présentes sur les serveurs de Facebook accessibles aux outils d'explorations de données de la plateforme", pointe le quotidien britannique.
Dans leur communiqué, Erin Egan et Ashlie Beringer, responsable juridique adjointe, promettent tout de même de "nouvelles mesures" dans les prochaines semaines afin d'offrir "aux utilisateurs un contrôle simplifié et maximal de leurs paramètres de confidentialité".
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