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Vidéo Le créateur de Bescherelle ta mère raconte comment il a démasqué son cyberharceleur

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Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions

Dans une vidéo postée sur YouTube, Sylvain Szewczyk, diplômé en informatique, explique les astuces qu'il a mises en place pour faire cesser son cyberharcèlement.

Après avoir chassé les fautes d'orthographe, Sylvain Szewczyk va-t-il se mettre à traquer les cyberharceleurs ? Dans une vidéo postée sur YouTube mardi 6 mars, le créateur de Bescherelletamère.fr raconte en tout cas comment il est parvenu à démasquer l'internaute qui harcelait son meilleur ami, lui-même ainsi que la communauté de leur site.

Les faits remontent à 2015. "C'est une histoire que je voulais raconter depuis longtemps", explique Sylvain Szewczyk à franceinfo. Les récentes affaires de cyberharcèlement l'ont encouragé à le faire. "Je voulais raconter comment retrouver ces personnes qui agissent impunément", précise-t-il. Diplômé en informatique, le jeune homme met donc ses compétences au service de son enquête. 

De l'IP au profil Facebook 

Pendant plusieurs mois, le cyberharceleur en question, qui s'était présenté comme une femme de 25 ans, créait des pages Facebook pour proférer ses insultes, notamment racistes. Impossible, toutefois, d'accéder à son profil. Sylvain Szewczyk et son ami ont donc eu l'idée de lui faire parvenir un lien contenant des photos dans la messagerie de l'une de ces pages Facebook. En cliquant dessus, l'intéressé leur donne ainsi accès à son adresse IP, cet identifiant relié à un ordinateur.

De fil en aiguille, les deux amis parviennent à retrouver son vrai profil Facebook. La femme de 25 ans se révèle être un retraité se prénommant Philippe et habitant Paris. "On a eu la chance qu'il ne prenne pas tant de précautions que cela, raconte Sylvain Szewczyk. Faire tomber une armée de cyberharceleurs est plus compliqué."

Ensuite, les deux enquêteurs en herbe se rendent au commissariat pour déposer une main courante.

Les policiers étaient impressionnés par le travail qu'on avait fait. Ils n'auraient pas eu les ressources pour le faire.

Sylvain Szewczyk

à franceinfo

La police promet de convoquer l'auteur du cyberharcèlement s'il récidive. Sylvain Szewczyk et son ami décident toutefois de le contacter eux-mêmes par téléphone. Un extrait de la conversation est diffusé dans la vidéo. L'homme, qui se présente comme un ancien militaire, ne nie pas les faits et menace de les accueillir avec un fusil à pompe. Entre temps, les deux compères découvrent qu'il "avait également cyberharcelé pendant plus d'un an les Femen". Toujours est-il qu'après cet appel, le cyberharcèlement visant les auteurs de Bescherelletamère.fr a cessé.

"Un arsenal judiciaire complet"

Fort de cette expérience, Sylvain Szewczyk n'exclut pas aujourd'hui de donner un coup de main aux personnes concernées par le cyberharcèlement. "Les manipulations informatiques qu'il a réalisées ne sont pas forcément à la portée de n'importe quel internaute", confirme Olivia Roche, avocate spécialiste en droit des nouvelles technologies et en cyberharcèlement, contactée par franceinfo. Elle conseille ainsi de procéder en trois étapes : "Utiliser les outils de modération des réseaux sociaux, plus réactifs qu'il y a trois ans, se faire accompagner, si possible, par un avocat pour récolter des preuves et identifier l'IP, et aller porter plainte."

Même si les victimes de cyberharcèlement ne disposent pas des mêmes connaissances en informatique que Sylvain Szewczyk, Olivia Roche insiste sur la nécessité de "faire des captures d'écran avec le jour, la date et l'heure". Selon l'avocate, le cyberharceleur du créateur de Bescherelletamère.fr aurait pu faire l'objet de poursuites, de nombreux éléments de preuve ayant été recueillis, dont la conversation téléphonique. "Entre la loi de 1881, le délit de cyberharcèlement et celui d'usurpation d'identité, on a quand même un arsenal judiciaire complet", conclut-elle.

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