: Vidéo Loi anti-gaspillage : "L'indice de réparabilité ne répond pas totalement à tous les espoirs qu'on a pu mettre dedans", critique UFC-Que Choisir

"L'indice de réparabilité ne répond pas totalement à tous les espoirs qu'on a pu mettre dedans, c'est-à-dire encourager l'achat de produits plus réparables", regrette Anna Lamy, l'autrice d'un rapport de l'UFC-Que Choisir sur cet indice, mardi 14 décembre sur franceinfo. L'association d'aide aux consommateurs demande la construction d'un indice "plus pertinent".

franceinfo : Que révèle votre rapport sur l'indice de réparabilité, un an après sa mise en place ?

Anna Lamy : On a réalisé un relevé sur neuf sites de vente en ligne, Carrefour, Amazon, etc. et ce qu'on constate dans un premier temps c'est que cet indice n'est visible que sur 42% des produits. On peut voir deux raisons à cela : soit le fabriquant n'a pas calculé l'indice ou ne l'a pas communiqué au vendeur, et c'est un problème, soit le vendeur n'a pas affiché l'indice, et c'est aussi un problème. Si l'indice n'est pas toujours disponible, la grille qui synthétise les cinq critères qui définissent cet indice n'est pas toujours disponible, voire est très rarement disponible. Plus précisément, seulement 28% des produits présentent l'indice et cette grille. Les vendeurs sont tenus de mettre cette grille à disposition mais ce qu'on a pu voir, c'est que cette mise à disposition ne fonctionne pas. Il faut vraiment que la grille soit facilement accessible pour qu'il soit facile et directement possible de comparer les produits sur ce critère de réparabilité. L'indice doit être affiché depuis le 1er janvier 2021 mais cette année reste une année de tolérance et les contrôles commenceront en 2022, donc il n'est pas surprenant qu'aujourd'hui tout le monde ne soit pas à la page. Cependant, ça reste tout à fait regrettable parce que l'objectif de l'indice est de permettre au plus vite d'encourager les consommateurs ou de faire connaître aux consommateurs les produits les plus réparables.

Qu'évalue cet indice de réparabilité ?

L'indice est constitué de cinq critères : la documentation, la facilité à démonter le produit, le prix, la disponibilité des pièces détachées et un critère spécifique à la famille du produit. Chacun de ces critères pèse le même poids dans la note, donc vous pouvez avoir 7/10 en moyenne - c'est le cas des smartphones - mais une note mauvaise voire catastrophique sur un critère en particulier – sur la disponibilité des pièces détachées dans le cas des smartphones. Ça veut dire que vous êtes un consommateur, vous allez acheter un smartphone, vous voyez un logo vert, formidable, mais au moment où votre appareil tombe en panne vous risquez d'être coincés parce que les pièces ne sont tout simplement pas disponibles. Il y a un problème sur la construction même de l'indice. On a une simple pondération entre les critères mais on n'a pas mis de critère limitant. Si on a une mauvaise note à un critère, comme le prix ou la disponibilité des pièces détachées, il ne devrait pas être possible d'avoir une bonne note à l'indice global.

Demandez-vous à ce que l'indice soit entièrement revu ?

L'indice de réparabilité est une première tentative, c'est un indice qui est pionnier. On a les premiers retours d'expérience et c'est à partir de ces retours d'expérience qu'on doit construire un indice qui est plus pertinent pour les consommateurs. C'est pour ça qu'il sera très important par la suite et notamment dans le cadre de l'indice de durabilité de retravailler sur cet indice pour qu'il soit pertinent, pour qu'il apporte de l'information. Le constat qu'on fait aujourd'hui, c'est que l'indice ne répond pas totalement à tous les espoirs qu'on a pu mettre dedans, c'est-à-dire encourager l'achat de produits plus réparables. En l'état, l'indice ne permet pas toujours de différencier les produits, donc il faut que cet indice permette à la fois de repérer les produits réparables mais aussi de différencier les mieux disant de ceux qui sont moins performants sur le marché.