Trois questions sur la fermeture du site historique de téléchargement illégal T411
Fondé en 2006, ce site était considéré comme l'un des "trackers" de fichiers torrent les plus populaires dans le monde francophone. Les autorités suédoises ont annoncé, mardi, avoir arrêté deux personnes soupçonnées d'être les administrateurs du site.
Après Zone Téléchargement, T411. Le célèbre site francophone de téléchargement illégal, qui devait fêter dans quelques jours son 11e anniversaire, est inaccessible depuis dimanche. Les autorités suédoises ont annoncé, mardi 27 juin, avoir arrêté deux personnes soupçonnées d'être les administrateurs du site. Elles ont été interpellées en périphérie de Stockholm lors d'une opération de police menée conjointement avec la police française.
Franceinfo revient sur cette affaire en trois questions.
Qu'est-ce que T411 ?
T411 est ce que l'on appelle un tracker, c'est-à-dire un annuaire de fichiers illégaux partagés via le protocole BitTorrent. A la différence de Zone Téléchargement, qui mettait à disposition des internautes des liens pour télécharger directement des fichiers illégaux depuis des serveurs fixes, T411 fonctionnait par un système de pair à pair (P2P). Les utilisateurs y mettaient à disposition des films, séries, jeux vidéo ou albums de musique sur leurs propres machines, et ces contenus restaient disponibles tant que les internautes continuaient à les partager.
A la différence de trackers bien connus du grand public comme The Pirate Bay, T411 était semi-privé. Il était nécessaire de créer un compte pour pouvoir télécharger des contenus, et le site utilisait un système de ratio destiné à favoriser le partage : l'utilisateur devait s'assurer de mettre lui-même à disposition de la communauté des fichiers avant de pouvoir en télécharger en retour.
L'utilisation du protocole BitTorrent, du système de ratio ainsi que le processus très strict de validation des contenus par les autres utilisateurs rendaient le site très populaire depuis sa création en 2006. Animé par une communauté francophone particulièrement active, il permettait de mettre la main sur des contenus en français parfois rares et disposant d'une excellente qualité de compression numérique.
Pourquoi a-t-il fermé ?
Selon le quotidien suédois de référence Dagens Nyheter, des policiers suédois accompagnés de gendarmes français, ont perquisitionné, mardi matin, un logement à Huddinge, dans la périphérie sud de Stockholm. Les occupants, deux ressortissants ukrainiens en situation régulière soupçonnés d'être les administrateurs du site, ont été arrêtés. Ils pourraient bientôt être extradés en France, selon le procureur.
La perquisition d'une société informatique a également permis de mettre la main sur des serveurs à partir desquels était administré T411, a précisé le parquet de Stockholm.
Selon les informations du Monde, T411 était visé par des plaintes de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem) et de plusieurs membres de l’Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle (Alpa). Cette dernière entité était déjà à l'origine des poursuites contre le site Zone Téléchargement. Le quotidien du soir ajoute que l'enquête, qui durait depuis plusieurs mois, avait été confiée à la section de recherche de Rennes.
Pourquoi l'opération a-t-elle lieu maintenant ?
C'est la grande question, au-delà du fait que le site ait été inaccessible deux jours avant l'interpellation de ses administrateurs présumés. Le site spécialisé Numerama rappelle que T411 avait fait l'objet d'une procédure pour infraction au droit d'auteur au printemps 2015. Celle-ci avait eu pour effet d'entraîner le blocage par les fournisseurs d'accès à internet de plusieurs noms de domaines utilisés par le tracker.
Pour contourner cette sanction, le site avait répliqué en changeant d'adresse à de nombreuses reprises. Il avait été successivement été accessible aux adresses T411.io, puis .in, ou encore .ai. Jusqu'à dimanche, son adresse était T411.al, un nom de domaine albanais.
Depuis la fermeture du site, plusieurs annuaires se faisant passer pour T411 sont apparus sur le web, relève Numerama. Mais ils ne serviraient qu'à récupérer les identifiants des utilisateurs du tracker original en attendant un éventuel retour en ligne, ainsi qu'à rediriger les curieux vers "un obscur site de streaming".
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