Yahoo! accusé d'avoir surveillé les mails de ses utilisateurs au profit des autorités américaines
Selon l'agence Reuters, l'entreprise a conçu un logiciel pour rechercher un certain type de données dans la correspondance de ses utilisateurs, accédant ainsi à une demande des autorités américaines.
Yahoo! a-t-il fouillé dans les courriels de ses utilisateurs à la demande des autorités américaines ? L'accusation est portée par l'agence Reuters, qui s'appuie sur le témoignage de deux anciens employés et d'une autre personne, mardi 4 octobre. L'entreprise aurait secrètement conçu un logiciel, l'an dernier, afin de rechercher des données précises dans la correspondance.
Une décision qui a suscité des remous internes
La nature de ces informations n'a pas été précisée, mais, selon les deux anciens employés, les autorités ont demandé à Yahoo! de travailler sur la base d'un ensemble de caractères, comme une phrase ou une pièce jointe. Conformément à une directive classée des autorités américaines, la société de services sur internet a fouillé plusieurs centaines de millions de comptes Yahoo! Mail sur ordre de la National Security Agency (NSA) ou du FBI.
La PDG Marissa Mayer et d'autres dirigeants de Yahoo! ont décidé de collaborer avec les autorités car ils avaient peur de ne pas obtenir gain de cause en cas de recours devant la justice. Mais cet avis n'était pas partagé par l'ensemble de la direction. L'équipe chargée de la sécurité des serveurs, elle, n'a découvert l'existence du logiciel qu'en mai 2015, quelques semaines seulement avant son installation. A l'époque, d'ailleurs, les salariés ont d'abord pensé à un piratage. Le mois suivant, le responsable de la sécurité du groupe, Alex Stamos, a claqué la porte de Yahoo!, avant de rejoindre Facebook.
"Yahoo! est une entreprise respectueuse de la loi"
"Yahoo! est une entreprise respectueuse de la loi et elle se plie aux lois des Etats-Unis", a simplement réagi le groupe après l'enquête de Reuters. La NSA, elle, a renvoyé vers les services du directeur national du renseignement, qui ont refusé de s'exprimer sur le sujet. L'affaire suscite déjà la colère de l'American Civil Liberties Union, qui estime (en anglais) qu'un tel ordre des autorités serait "sans précédent et inconstitutionnel".
Selon certains experts de la surveillance, il s'agit du premier cas mis au jour d'une entreprise américaine du secteur qui accepte de surveiller l'ensemble des messages lors de leur réception, à la demande des services secrets. Google et Microsoft, deux autres importants fournisseurs de comptes aux Etats-Unis, ont séparément déclaré qu'ils n'avaient pas effectué de recherches de ce type dans les courriels. Google a dit ne pas avoir reçu de demande en ce sens, tandis que Microsoft a refusé de répondre sur ce point.
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