Reportage Paralympiques 2024 : "Certains n'avaient jamais pris le train"... Une cinquantaine d'enfants issus des quartiers défavorisés découvrent le Stade de France

Sur l'ensemble des Jeux paralympiques, le Secours populaire va permettre à plus de 1000 personnes, enfants et adultes, souvent privées de loisirs, de participer à l'événement en se rendant sur les épreuves.
Article rédigé par Apolline Merle - au Stade de France (Saint-Denis)
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Une trentaine d'enfants, issus des quartiers prioritaires de Limoges (Haute-Vienne), ont pu assister à des épreuves d'athlétisme, grâce au Secours populaire, au Stade de France, à Saint-Denis, le 31 août 2024. (Jean-Marie Rayapen / SPF)

"Depuis des jours, ils n'attendaient que ça, d'aller au Stade de France." Bénévole au Secours populaire de la Haute-Vienne, Hervé Allard a sous sa surveillance une trentaine d'enfants, âgés de 7 à 11 ans, venus des quartiers prioritaires de Limoges, samedi 31 août, pour vivre l'expérience des Jeux de Paris 2024. Le rendez-vous a lieu devant le Stade, à la porte Z. Hervé Allard et Régis Bouyer, médiateur social au Secours populaire de la Haute-Vienne, font le compte et répartissent les enfants en fonction des numéros de places.

Excités par l'activité du jour, certains de ces petits spectateurs s'impatientent et s'empressent de se diriger à l'entrée de la tribune pour enfin découvrir le cœur du Stade de France. Il ne faut d'ailleurs pas les prier pour prendre la pose, tout sourire, bras en l'air, pour une photo souvenir. "Allez la France", s'exclame un volontaire, positionné derrière le photographe, qui s'est improvisé chauffeur de salle. 

4 000 bénéficiaires sur les Jeux olympiques et paralympiques

Après avoir mené l'opération lors des Jeux olympiques, l'association réitère le projet pour les Paralympiques. Au total, 4 000 enfants et adultes en situation de précarité participeront à l'événement jusqu'au 7 septembre. Samedi, ils étaient 150 au total à découvrir l'enceinte dyonisienne, venus de Haute-Vienne, de Seine-et-Marne et de Seine-Saint-Denis. Pour permettre un tel dispositif, le Secours populaire s'est appuyé sur ses partenaires privés au niveau national et départemental ainsi que sur la billetterie solidaire. Lors des ventes grand public, chaque acheteur a eu la possibilité de faire un don de deux euros au moment de sa commande. L'ensemble de l'argent récolté a été ensuite reversé au Secours populaire afin de couvrir l'achat de place ainsi que les frais de déplacements.

Quelques jeunes de Haute-Vienne, juste avant le début des épreuves d'athlétisme, le 31 août 2024, au Stade de France. (Jean-Marie Rayapen / SPF)

L'enthousiasme et la joie des enfants peuvent se lire sur leur visage. Et pour cause, pour beaucoup, il s'agit d'une première fois au Stade de France, "ou même à Paris. Certains n'avaient d'ailleurs jamais pris le train", souligne Régis Bouyer. Pour compléter le séjour, le groupe a aussi visité vendredi après son arrivée, la Tour Eiffel, "un passage obligé" et a effectué un arrêt au Club France. L'objectif de ce programme est de permettre à ces enfants de vivre l'expérience des Jeux de Paris 2024, et de les faire vibrer aux rythmes des performances des athlètes venus du monde entier. "On veut aussi leur montrer les valeurs du sport, de résilience et d'inclusion. Pour beaucoup, ils sont issus de cultures différentes, et on veut leur inculquer que l'on peut faire plein de choses, peu importe la différence", insiste le médiateur social, Régis Bouyer.

À la découverte de l'athlétisme

Les spectateurs limougeauds sont gâtés samedi matin par un programme particulièrement riche, avec sept finales sur neuf épreuves, et notamment du lancer de javelot, de disque et de poids, du 5 000 m et du 1 500 m ainsi que les séries du 400 m. Autant de nouvelles disciplines pour ces jeunes, plutôt habitués aux terrains de football et aux rings de boxe qu'au stade d'athlétisme. "Il a quand même fallu leur expliquer le terme 'athlétisme' que certains ne connaissaient pas, précise Régis Bouyer. Nous leur avons détaillé les épreuves, les différents types de handicap, et comment la matinée allait se dérouler." "Là, tu as les lancers, et ce que tu entends, ce sont les présentations des athlètes", commente Hervé Allard auprès d'un petit groupe d'enfants.

Salim, Jeanne et Lucas (de gauche à droite) assistent aux épreuves d'athlétisme des Jeux paralympiques de Paris, le 31 août 2024, au Stade de France. (Jean-Marie Rayapen / SPF)

"Le Stade est super beau et les athlètes sont très forts. J'ai compris qu'il y avait deux types de lancer, un avec une boule (le poids) et un autre avec un bâton [le javelot]", explique fièrement Riyad, 8 ans. Malgré ce briefing, les questions restent nombreuses au fil des épreuves. "Je ne comprends pas toujours quand il faut applaudir ou non, regrette Jeanne, 9 ans. Il y a beaucoup de choses à voir en même temps, et beaucoup de bruit." "Là tu as la cérémonie des médailles pour les vainqueurs. C'est là où ils reçoivent leur médaille", répond Pierre, à l'une des questions de Jeanne. "On a potassé avant de venir pour répondre au maximum de leurs questions", ajoute-t-il entre deux questions des enfants.

Selma, 8 ans, a laissé exploser sa joie lors de la médaille de bronze du Français Antoine Praud sur le 1500 m, le 31 août 2024, au Stade de France. (Jean-Marie Rayapen / SPF)

S'il n'est pas toujours simple de retenir l'attention des enfants pendant une session de trois heures, la présence d'un Tricolore sur la piste captive tous les regards. Quand le public s'exclame au passage des coureurs devant eux, les enfants font de même et suivent le rythme donné par les autres spectateurs. De son côté, Selma, 8 ans, a tout compris, et ne veut rien rater, surtout pas le Français Antoine Praud, qu'elle a rapidement identifié grâce à son équipement bleu, blanc, rouge. "Tous les athlètes sont très impressionnants....", témoigne la jeune fille, avant de s'interrompre et de crier : "Allez ! Allez ! Allez !".

Antoine Praud vient de s'élancer sur la piste et Selma n'a plus d'yeux que pour lui. Le Français a d'ailleurs glané le bronze sur le 1 500 m, remportant la première médaille tricolore pour le para-athlétisme. De quoi faire naître des vocations, ou au moins créer des envies autour de la discipline ? "Pourquoi pas, répond Selma, qui pratique le foot avec ses amis. Ça a l'air sympa de courir sur la piste."

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