Reportage Jeux paralympiques de Paris 2024 : du beach-volley au cécifoot, le stade Tour Eiffel effectue sa mue

Exit sable et filet, le site iconique des JO se transforme pour accueillir les athlètes non-voyants dans quelques jours à peine, aux pieds de la Dame de fer.
Article rédigé par Clément Mariotti Pons
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le stade Tour Eiffel est en plein réaménagement, dimanche 18 août 2024. D'ici 10 jours, le site qui a accueilli les épreuves de beach-volley des Jeux olympiques abritera celles de cécifoot lors des Jeux paralympiques de Paris 2024. (Clément Mariotti Pons)

La ferveur qui avait enflammé les tribunes il y a huit jours a temporairement disparu. Les souvenirs des volleyeurs et volleyeuses de plage se jetant sur le sable, acclamés par la foule dans un décor de carte postale – la Tour Eiffel en fond – se sont évaporés en même temps que la folie olympique touchait à sa fin, le 10 août dernier. Qu'à cela ne tienne, à partir du 1er septembre, les gradins du stade situé au beau milieu du Champ-de-Mars seront de nouveau bien garnis, prêts à vibrer pour le tournoi de cécifoot des Jeux paralympiques.

Agitos, plancher et pelouse synthétique...

D'ici là, le site doit finir ses travaux d'adaptation afin de laisser place, dans les meilleures conditions, aux joueurs non-voyants venant de toute la planète. "On a commencé les opérations de transition le lendemain des finales du beach-volley, le 10 août", explique Gautier Jourdet, responsable des infrastructures du stade Tour Eiffel. "On a retiré le filet, les chaises des arbitres, des athlètes... pour ensuite attaquer le gros du travail."

Par "gros du travail", comprendre le recouvrement des quelque 400 tonnes de sable pour y installer un plancher, qui va venir accueillir un gazon artificiel "d'ici deux ou trois jours". 500 places en tribunes basses ont également été retirées afin de laisser place au terrain de cécifoot, aux dimensions plus larges. Ce qui laisse 11 500 places assises pour venir supporter les Bleus et leurs adversaires. Niveau look, les agitos, symboles du mouvement paralympique, ont remplacé les anneaux olympiques un peu partout. Un passage de témoin visuel qui se mêle à la chorégraphie des ouvriers qui s'activent sous les yeux des journalistes présents pour assister à la mue, dimanche 18 août.

Les épreuves olympiques de beach-volley, qui ont attiré les foules au stade Tour Eiffel, ici le 1er août 2024, vont céder leur place au tournoi paralympique de cécifoot à compter du 1er septembre. (THOMAS SAMSON / AFP)

"On est en train de remettre à niveau les cheminements pour les personnes en situation de handicap, qui n'étaient pas forcément les plus adaptés, poursuit Gautier Jourdet. Les ascenseurs et les rampes sont également en cours de révision. Le but est qu'on ait le même niveau de service que lors de l'ouverture des JO, voire mieux." Les 120 places mises en accessibilité durant les Jeux olympiques seront toujours présentes.

"Les Jeux à Paris, c'est le Graal !"

A quelques mètres de là, la pelouse synthétique du terrain d'échauffement a déjà été posée. La vue sur le monument le plus célèbre de Paris n'a rien à envier à l'arène à ciel ouvert qui attend Gaël Rivière et les Bleus. Sur le rectangle bleu-vert, Rémi Garranger, chef de projet senior en charge des opérations techniques spécifiques au cécifoot – mais surtout entraîneur de l'équipe de France espoirs – se mue en professeur.

Avec une précision d'orfèvre, il détaille les spécificités de la discipline apparue pour la première fois au programme paralympique à Athènes en 2004 : inventée au Brésil par des prisonniers, développée par les Espagnols, le ballon sonore et ses six grelots collés à l'intérieur, le masque pour habiller le visage des joueurs... 

Rémi Garranger, chef de projet senior en charge des opérations techniques spécifiques au cécifoot - mais surtout entraîneur de l'équipe de France espoirs - explique en détails ce qu'il faut savoir sur sa discipline, dimanche 18 août 2024. (Clément Mariotti Pons)

Interrogé sur l'impact que peut avoir la tenue du tournoi dans un endroit aussi iconique – et en mondovision –, celui qui est également entraîneur du Sporting Cécifoot Schiltigheim, près de Strasbourg, ne cache pas que celui-ci peut être majeur. "De manière générale, il y a très peu de public qui vient nous voir, y compris sur des championnats d'Europe ou du monde. C'est relatif aux moyens à notre disposition. Les Jeux paralympiques à Paris, c'est le Graal. A Rio en 2016, on a fait 5 000 spectateurs au maximum. Là, on peut marquer l'histoire de notre sport et doubler ce chiffre !"

Selon Rémi Garranger, les évolutions sociétales que l'on peut attendre d'un tel événement sont bien réelles. "Mieux comprendre la différence, c'est la voir différemment. Quand vous observez des non-voyants jouer, vous voyez leurs capacités, comment ils écoutent, ils se déplacent, ils arrivent à marquer des buts à des gardiens de but voyants... Tout cela, ça change le paradigme qu'on a sur les personnes en situation de handicap."

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