"Les anneaux font partie de mon histoire" : les athlètes français peuvent enfin afficher leurs tatouages olympiques aux Paralympiques 2024

Pour la première fois, lors des Jeux de Paris, les para-athlètes ne sont pas obligés de cacher leur tatouage représentant les anneaux olympiques.
Article rédigé par Simon Bardet
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
Damien Letulle, anneaux olympiques sur l'avant-bras droit, le 1er septembre 2024 aux Jeux paralympiques de Paris. (GABRIELLE CEZARD / SIPA)

"Je cachais les anneaux olympiques avec du sparadrap depuis Londres (en 2012), ça fait longtemps." Le pongiste Florian Merrien, quintuple médaillé paralympique, a pu, pour la première fois, jouer sans cacher son tatouage. La Fédération paralympique internationale (IPC) a annoncé que "les athlètes ayant de tels tatouages n'auront pas besoin de les dissimuler", dans un communiqué lapidaire, le 23 août, avant le début des Jeux paralympiques de Paris.

Paralympiques 2024 - Tir à l'arc : Damien Letulle arbore les anneaux olympiques sur son avant-bras gauche

Avant cela, les para-athlètes devaient trouver une solution de fortune pour que les anneaux olympiques n'apparaissent pas, sous peine de sanctions pouvant aller jusqu'à la disqualification. Plusieurs sportifs en ont fait les frais, notamment des nageurs, comme l'américain Rudy Garcia-Tolson en 2004 (avant d'être reclassé) et l'Anglais Josef Craig en 2016. "L’affichage des anneaux olympiques perturbe le public et affecte la compréhension de la marque paralympique, qui est différente de celle olympique", expliquait un porte-parole de l'IPC en 2016, à la chaîne américaine NBC Sports.

"Marquer mon corps pour ne pas oublier ce que j'ai accompli"

Cette nouvelle "liberté" accordée aux para-athlètes a été une aubaine pour l'archer Damien Letulle, qui a décidé cette année, avant l'autorisation de l'IPC, de se faire tatouer les anneaux olympiques et les agitos, logo des Paralympiques. "Je sortais d'un entraînement où ça ne s'était pas bien passé. Je voulais marquer mon corps, pour ne pas oublier ce que j'avais accompli, explique le sportif de 51 ans. Je me suis donc fait tatouer les anneaux sur l'avant-bras gauche, et les agitos sur l'avant-bras droit. C'est mon histoire, j'ai fait les Jeux olympiques d'Atlanta en 1996 et les Jeux paralympiques de Paris cette année."

Florian Merrien s'est tatoué les anneaux olympiques sur le biceps, et peut ne pas les cacher pour la première fois aux Paralympiques. (CHARLES BURY / SIPA)

Plus que ce choix d'interdire les anneaux olympiques, c'est le fait de ne pas avoir le même logo et de les séparer qui dérange les athlètes français. "Je ne comprends pas qu'on ait deux logos différents", déplore l'archer français. Florian Merrien milite quant à lui sur la présence des deux logos lors des Jeux olympiques et paralympiques : "J'ai toujours trouvé dommage qu'il n'y ait pas les deux symboles, les anneaux et les agitos, même pendant les JO."

"Etre tous ensemble"

Autoriser les tatouages représentant des symboles olympiques marque une première avancée, saluée par le pongiste français, qui voit même plus loin. "J'ose espérer, vu qu'on ne cache plus les athlètes paras, que ce sera de mieux en mieux et qu'on pourra vraiment être tous ensemble. Cela paraît impossible, mais ce que j'explique aux gens, c'est que c'est un peu comme nos grands-parents. Si on leur avait dit qu'un jour il y aurait des garçons et des filles dans la même classe à l'école, ils auraient dit que c'était impossible. On avance et c'est tant mieux, se félicite-t-il. La preuve, avant, quand un handicapé devait aller dans une classe de valides, on disait que c'était impossible. Aujourd'hui, de plus en plus de personnes handicapées sont intégrées."

Si Damien Letulle a déjà gravé dans la peau les deux symboles, Florian Merrien n'a pour l'instant que les anneaux olympiques. Et les agitos ? "On va voir si la princesse (Flora Vautier) veut faire un petit tatouage commun pour cette médaille (de bronze)", lance-t-il. Et si sa partenaire de double Flora Vautier lui répond qu'elle en a "déjà trop", Florian Merrien contre-attaque :  "Oui, des moches, mais là je te parle d'un beau. Est-ce qu'on n'en ferait pas un beau ?"

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