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"Demain le sport" : la lutte de Marie Patouillet contre toutes les formes de discriminations et pour davantage de mixité

Chaque jour, une idée pour le sport de demain. Dans le prolongement de "Demain le sport", événement organisé par Radio France, l'Equipe et France Télévisions à la Maison de la Radio et de la Musique en septembre, une championne ou un champion nous donne son idée pour le sport de demain en partenariat avec les Etoiles du sport.
Article rédigé par Fabrice Rigobert
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Marie Patouillet s'essaie au basket fauteuil avec une jeune fille lors de la journée paralympique à Paris, le 8 octobre 2022. (MILLEREAU PHILIPPE / KMSP / AFP)

Double médaillée de bronze en para cyclisme au Jeux de Tokyo et championne du monde cette année au Canada, Marie Patouillet, marraine de "Demain le sport", visera la médaille d'or aux prochains Jeux de Paris 2024. À 34 ans, elle veut aussi continuer à lutter contre toutes les formes de discriminations.

franceinfo : À quoi avez-vous été confrontée depuis le début de votre carrière en paracyclisme ? 

Marie Patouillet : La première discrimination qui peut paraître la plus évidente et à laquelle on est confrontés, c'est celle liée au handicap. En fait, elle est très simple. Quand je suis arrivé dans le milieu du handisport et que j'ai voulu m'inscrire dans un club pour pratiquer le para cyclisme en région parisienne, un seul club était capable de m'accueillir, et ça, je trouve ça un peu dommage quand on sait qu'il y a beaucoup d'enfants qui sont en situation de handicap et qui aimeraient pratiquer une activité physique. Ils ne peuvent pas le faire parce que les structures ne sont pas adaptées.

La deuxième discrimination qui me tient vraiment à cœur, c'est le sexisme dans le sport qui est encore très présent, je l'ai vécu dans ma jeune carrière de paracycliste. Il y a des phrases que, j'espère, on entendra plus jamais. Me dire que si je voulais faire un sport non sexiste, il fallait que je fasse un sport de filles. Pour moi, on ne peut l'entendre en 2021, pourtant c'était au moment des Jeux et c'est pour ça que je pense que c'est important d'en parler. Ça peut partir d'une seule blague, qui va faire rire tout le monde et soi-même, en tant que femme, on ne va même pas la relever à l'instant T ou elle va sortir. Et deux mois après elle va refaire surface et on va dire mais en fait c'était pas normal ça. On n'avait pas le droit de rire sur ça. On n'avait pas droit de me mettre au centre de la blague et de rire de mon corps, de ce que je représente, de mon image. Et pourtant, ça a été fait et c'est une violence, c'est un traumatisme psychologique qui aujourd'hui n'est pas assez considéré. Et quand on me demande de faire notre meilleure performance à notre plus haut niveau, ces violences là, elles rentrent en compte dans les freins à la performance.

La parole a commencé à se libérer dans le monde du sport, comment s'y prendre pour opérer un véritable changement ?

Je pense que ce sont des changements qui sont très profonds, qui vont prendre du temps, à commencer par l'éducation, que ce soit chez les jeunes filles ou chez les jeunes garçons. Autant il faut éduquer les jeunes garçons à considérer la femme telle qu'elle est et à la respecter. Autant il faut aussi expliquer aux jeunes femmes ce qu'elles peuvent tolérer et ne pas tolérer dans des situations bien particulières et encore plus dans le milieu du sport de haut niveau. On nous demande de faire de meilleures performances, mine de rien, c'est une pression supplémentaire d'être dans une ambiance sexiste et de devoir aller sortir notre meilleure performance tous les quatre ans. Ça passe aussi par féminiser les staffs. Quand on voit que pendant des années, dans des sports, il y a eu des staffs uniquement masculins, sans aucune présence féminine. Pour moi, c'est important que l'athlète, qu'il soit masculin ou féminin, puisse avoir le droit de s'adresser un homme ou une femme de son staff, en fonction de la situation et des émotions qu'il ressent. 

Faut-il tendre vers la parité dans les instances 

La parité parfaite, je ne sais pas, parce qu'après ça dépend quand même des compétences de chacun et des qualités de chacun et des envies de chacun et chacune aussi. Mais en tout cas, au moins une véritable mixité.

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