Paralympiques 2024 : Laurent Chardard, Ugo Didier et Alex Portal, les "trois fantastiques" qui portent la paranatation tricolore masculine

Si les trois paranageurs, tous ingénieurs de métier, entretiennent des liens forts, leurs manières de s'entraîner sont très différentes.
Article rédigé par Clément Mariotti Pons
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Laurent Chardard, Ugo Didier et Alex Portal se sont illustrés, mardi 3 septembre 2024, en ramenant trois médailles à la natation française lors des Jeux paralympiques de Paris 2024. (AFP / PHOTOPQR/OUEST FRANCE/MAXPPP)

"Ça va être une très belle soirée avec de sacrées finales, vous verrez." La promesse d'Ugo Didier après sa série matinale sur 100 m dos (catégorie S9), mardi 3 septembre, a été tenue. En finale, lui a décroché l'argent, tandis qu'Alex Portal et Laurent Chardard ont pris le bronze, faisant gonfler un bilan provisoirement établi à dix breloques pour les paranageurs français. Des performances nourries par un public survolté. Et la razzia des "trois fantastiques", surnom tout trouvé en zone média, a bel et bien eu lieu, nourrie par des relations d'amitié profondes.

Didier-Portal, les deux font la paire

"Ugo et Alex ont des liens très forts, ils ont toujours fait chambre commune depuis qu'ils sont en équipe de France, ça fonctionne bien et il y a forcément de l'émulation entre eux", tente de décrypter Guillaume Domingo, le manager de la performance de la paranatation française. Cet été au village des athlètes, les deux jeunes hommes de 22 ans n'ont pas changé leurs bonnes habitudes.

Tantôt chambreurs l'un envers l'autre, tantôt solidaires quand les courses ne tournent pas comme ils le voudraient, à l'image du 100 m papillon de Portal à Tokyo – qui termine à un souffle du podium (4e) –, les deux potes progressent ensemble et bâtissent un sacré palmarès. Sans l'épouvantail biélorusse Ihar Boki – quintuple médaillé d'or à Paris en catégorie S13 –, nul doute qu'Alex aurait déjà accroché des titres paralympiques, ce qu'Ugo est parvenu à faire lors de son premier jour de compétition.

"Ce sont des jeunes qui travaillent dur, qui s'entraînent sans rechigner et ont un amour du sport, qui ont envie de briller devant leur public et de laisser une trace."

David Smétanine, nageur de l'équipe de France disputant ses 6es Jeux paralympiques

à franceinfo: sport

"J'ai fait ma première course avec eux à Amiens en 2013, se souvient David Smétanine, le doyen de l'équipe de France avec ses 49 printemps. Ils étaient en finale du 50 et du 100 m nage libre multi-classes aux championnats de France. Ugo et Alex étaient tout jeunes et avaient déjà sorti un bon chrono. Les voir 'monter' aujourd'hui et tout l'engouement autour d'eux, c'est super."

Discrétion et positivité, les mantras de Chardard

De son côté, Laurent Chardard n'est pas en reste. Sourire jusqu'aux oreilles après avoir décroché sa première médaille paralympique devant sa famille venue de La Réunion, il mesurait tout le chemin parcouru depuis Tokyo et sa découverte des Jeux. Surtout, il révélait après sa course la raison de son surplus de motivation : "Ugo fait deuxième juste avant moi, ça m'a donné les crocs ! [Il jette un œil au podium d'Ugo Didier juste devant lui] C'est énorme ce qu'il a fait : l'argent après avoir fait l'or, c'est génial."

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Guidé par une mentalité résolument positive, traduite par son "shaka" – un geste de la main consistant à lever son pouce et l'auriculaire pour indiquer qu'il faut "profiter de la vie" –, le nageur de 29 ans préfère être en retrait pour laisser briller les autres. Un caractère plus réservé qui tranche avec la fougue de la jeunesse de son compagnon de chambre à Paris, un certain... Kylian Portal, frère d'Alex.

"Ils ne s'entraînent pas de la même manière"

Au-delà de leurs personnalités, ce sont leurs profils d'ingénieurs qui les inscrivent logiquement dans la même case. Génie civil pour Ugo Didier, mécanique pour Laurent Chardard, chimie pour Alex Portal... "Niveau études, c'est assez similaire oui. Mais sur le tempérament et le fonctionnement, c'est un peu plus différent", tempère Guillaume Domingo. "Ils ne s'entraînent pas de la même manière. Chacun est un peu dans son coin mais quand ils se retrouvent, ils célèbrent ensemble et se félicitent, à l'image de toute l'équipe de France."

Les premiers mots d'Alex Portal après sa quatrième médaille à Paris vont dans ce sens : "J'ai pu regarder dans les gradins la course d'Ugo, celle de Laurent depuis la zone d'échauffement... Ça fait trop plaisir de voir les copains nager et faire des performances de ouf. Ils le méritent, ça donne envie à tout le monde de se surpasser. Maintenant, comme j'ai fini ma compétition, je vais être à fond derrière eux, je peux donner de la voix sans avoir peur de perdre mon énergie, c'est bon !"

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