SÉRIE. Paris 2024 : le carnet de bord des Jeux paralympiques - épisode 3 : une année unique

À 226 jours du début des Jeux paralympiques d'été de Paris 2024 - les premiers de l'histoire en France - franceinfo: sport donne la parole à deux athlètes en situation de handicap, amenés à briller l'été prochain.
France Télévisions - Rédaction Sport
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Gwendoline Matos (goalball) et Sofyane Mehiaoui (basket fauteuil), deux athlètes en route vers les Jeux paralympiques de Paris 2024. (Claude Jouanserre / Florent Perville / FFH)

Quel est le quotidien d'un athlète paralympique ? Comment se prépare-t-il à une échéance comme les Jeux de Paris 2024 ? Est-il possible de faire changer le regard sur le handicap à travers un tel événement ? Ces questions - et bien d'autres - ont conduit la rédaction de franceinfo: sport à proposer un format où la parole reviendrait directement aux sportives et sportifs tricolores qui visent les Jeux paralympiques.

Pour le troisième épisode de ce carnet de bord mensuel, Gwendoline Matos (goalball) et Sofyane Mehiaoui (basket fauteuil) évoquent cette année si particulière, avec l'ambition de briller dans la capitale.

Gwendoline Matos • 29 ans • goalball (maladie génétique rare de la rétine depuis ses 7 ans)

"Quand on m'a parlé du goalball en 2016 et que j'ai découvert la pratique, je ne pensais qu'à Paris 2024"

Gwendoline Matos, joueuse de l'équipe de France de goalball, lors de la Coupe de France de la discipline, le 29 avril 2023 à Besançon (Doubs). (FLORENT.PERVILLE)

Les fêtes se sont très bien passées, et c'est vrai que le sujet des Jeux est pas mal revenu sur la table pendant les repas. Je ne réalise pas encore trop pour l'instant, car la sélection des joueuses qui évolueront avec l'équipe de France n'a pas été officialisée. Une fois que j'aurai la sélection, ce sera le moment de réaliser ce que cela représente, à savoir du plaisir et du bonheur. Les Jeux dans notre pays, ce n'est qu'une fois dans notre vie !

La fin d'année 2023 a été bien chargée. On a disputé l'Euro au Monténégro mi-décembre. On a fini à la sixième place. L'objectif était de finir dans les sept premiers pour rester en division A avec les meilleures nations du continent. C'est un aboutissement de tout le travail que l'on a fait. Maintenant, je vais disputer la phase aller des championnats de France (13 et 14 janvier), à Lyon, avec mon club de Besançon. Après cette compétition, la sélection sera faite pour les Jeux paralympiques. On connaît presque tous les qualifiés pour cet été : au niveau "Europe", il y a la France, la Turquie et Israël. Niveau "monde", le Canada, la Corée du Sud, le Japon et la Chine. Il y a une huitième et dernière place qui reste à déterminer.

Au travail, je suis passée à mi-temps depuis le 1er janvier sur mon boulot de référente handicap au service des sports du département du Doubs. Cela me permet d'avoir plus de temps pour m'entraîner et me poser tout court.

Sur le plan médical, comme je suis placée sur la liste ministérielle en tant que sportive de haut niveau, tous les ans je dois remplir un dossier médical avec un bilan sanguin, cardiaque, dentaire... Concernant ma classification, je suis dans la catégorie B3, c'est-à-dire que j'ai moins de 1/10e au niveau de mon acuité visuelle - ce qui est le maximum autorisé par la Fédération internationale. Je dois repasser ma classification tous les quatre ans, l'actuelle court jusqu'en 2026. Il faut savoir que lorsqu'on joue à l'international, on a un masque opaque et des patchs oculaires pour être sûr qu'il n'y ait pas de tricheries. 

Sofyane Mehiaoui • 40 ans • basket fauteuil (poliomyélite contractée à l'âge d'un an)

"Avec la naissance prochaine de ma fille, prévue pour juin, quoi qu'il arrive cela sera une année particulière"

Sofyane Mehiaoui face à l'Italie lors des championnats d'Europe de basket fauteuil, le 14 août 2023. (FFH / © Claude Jouanserre)

Cette période des fêtes a été bien dense. Je sors tout juste d'un stage équipe de France à Bordeaux. Cette année, avant de rêver des Jeux, il y a surtout la qualification à aller chercher lors du tournoi à Antibes, du 12 au 15 avril. J'essaie de moins répondre aux sollicitations diverses, de ne pas trop m'éparpiller et d'avoir mon propre agenda, en adéquation avec mes ambitions. On m'a invité au match de NBA à Paris jeudi dernier, mais j'ai dû refuser car j'avais entraînement. Je me force à avoir mes objectifs et à me les imposer. Je pense que s'il n'y a pas de sacrifices, on ne peut pas progresser. 

Je garde donc des créneaux pour moi, pas forcément pour m'entraîner davantage mais aussi pour me reposer. Ce que j'ai aussi changé en ce début d'année, c'est que je me suis asséché un peu, j'ai maigri. Je fais également un peu plus de musculation pour préparer mon corps à être plus en forme, à avoir de l'explosivité mais aussi de l'endurance pour moins se fatiguer. À ce niveau-là, perdre 5 kilos, ça fait la différence. Au niveau de mon fauteuil, je vais le changer pour essayer d'être un peu plus haut. Il faut tester et voir ce que ça donne.

Fin janvier, je vais participer à la Coupe de France de basket fauteuil à Toulouse avec le club dans lequel j'évolue, les Hurricane 92 à Gennevilliers. On veut essayer de remporter le titre. En championnat, cette saison il y a des équipes très fortes. On s'est renforcés pour faire une deuxième partie de saison intéressante et tenter de jouer les playoffs en finissant dans les quatre premiers.

À partir de mars, on sera de retour en stage avec l'équipe de France, en vue du tournoi de qualification paralympique. Tout cela est hyper stimulant. Ça va être une année très particulière pour moi, d'autant plus qu'on attend un heureux événement avec la naissance de notre fille. 2024 va passer à toute vitesse, il va falloir profiter de tous ces beaux moments et de ces grosses échéances.

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