: Reportage A quatre jours du début des Jeux, la vasque paralympique s'est embrasée à Stoke Mandeville
Au milieu d'une pluie battante, Helene Raynsford, première championne de para-aviron de l'histoire en 2008, et Gregor Ewan, médaillé de bronze en curling fauteuil à Sotchi en 2014, s'échangent un regard. L'instant est suspendu dans le stade de Stoke Mandeville, samedi 24 août, avant que les flammes épaisses ne surgissent du chaudron face à eux. C'est ici que la flamme des Jeux paralympiques connaît ses premières étincelles avant de rallier Paris.
Une bourgade d'à peine 6 500 âmes située à un peu plus de 70 kilomètres au nord-ouest de Londres. Là même où ces Jeux ont pris racine. C'est le 29 juillet 1948 que tout a débuté. Le neurochirurgien d’origine allemande Ludwig Guttmann prenait le pari fou de faire s’affronter 16 vétérans blessés de la Seconde Guerre mondiale dans des épreuves sportives. Ces "Jeux mondiaux des chaises roulantes et des amputés" – la dénomination originale – allaient devenir les "JP", une alternative aux JO à destination des meilleurs sportifs en situation de handicap du monde entier.
Le berceau du paralympisme
"Ici, tout le monde connaît son histoire et ce qu'on lui doit", expliquent Paul et Andrew, deux volontaires venus "donner un coup de main" sur l'événement et habitant à trois kilomètres. "Il a été le premier à lier la rééducation des blessés de guerre au sport de haut niveau à l'hôpital situé juste à côté. Aujourd’hui, grâce à lui, le nom de la ville est associé indirectement aux plus grandes légendes paralympiques."
Alors que la flamme ne s'était plus allumée à Stoke Mandeville depuis 2012, le Comité paralympique international a milité de toutes ses forces pour un "retour aux sources". Désormais, elle sera toujours allumée depuis la ville du comté du Buckinghamshire lors des prochaines éditions. Un acte salué par Martin McElhatton, directeur général du sport britannique en fauteuil (WheelPower) : "C'est un marqueur important d’être ici avant d’arriver à Paris, c’est une marque de reconnaissance envers la naissance et le lieu de développement du mouvement paralympique."
"Notre responsabilité est de donner de la visibilité à ces athlètes paralympiques, d'avoir la même ambition, la même folie et la même audace que pour les Jeux olympiques."
Tony Estanguet, président du Comité d’organisation de Paris 2024à franceinfo: sport
Devant une foule armée de parapluies, de vestes plus ou moins imperméables et de capes transparentes, les prises de paroles se succèdent sur la scène. Le président du Comité paralympique britannique, Nick Webborn, et celui du Comité international paralympique, Andrew Parsons, évoquent à tour de rôle l'impact que peut avoir "l'événement le plus transformateur de la planète, le seul événement mondial d'envergure qui met les personnes en situation de handicap au premier plan".
Un symbole à pérenniser
Dans les discours, il n'est plus question que de sport, loin s'en faut, mais de "transformation sociétale", de "changement de regard sur le handicap" et de "transmission vers les plus jeunes générations". Autant de défis que Tony Estanguet, le patron du Comité d'organisation de Jeux de Paris 2024, reprendra à son compte quelques secondes plus tard. Même si l’ancien céiste veut insister sur l’importance de l’aspect sportif. Les souvenirs des Jeux de Rio sont encore vifs dans son esprit. "J’ai pris une claque. Je me souviens très bien de Sandrine Martinet, une championne déficiente visuelle en parajudo, quand elle a gagné la médaille d'or et s'est mise à pleurer en prenant sa fille dans les bras. C’était incroyable. Là, j'ai réalisé la puissance de cet événement."
L’averse redouble d’intensité alors que la cérémonie touche bientôt à sa fin. La torche est brandie une dernière fois avant que le feu ne rejoigne la lanterne et son guide qui la surveille vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Dans l'après-midi, elle va rejoindre Folkestone, au sud de l'Angleterre, avant que 24 relayeurs britanniques – et autant de Français – ne se passent le témoin dans le tunnel sous la Manche, dès dimanche. La présence de l'arrière-petite-fille de Sir Ludwig Guttmann Laura Mills parmi les porteurs viendra ajouter à la symbolique. Une fois arrivée à Calais, la flamme se divisera en 12 exemplaires qui vont parcourir le territoire jusqu’au moment du grand rassemblement, le 28 août, lors de la cérémonie d’ouverture place de la Concorde.
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