Jeux paralympiques 2024 : de Sydney 2000 à Paris 2024, la longévité impressionnante au plus haut niveau de la pongiste française Thu Kamkasomphou

La parapongiste participe à ses septièmes Jeux paralympiques et vise une onzième médaille.
Article rédigé par Hortense Leblanc
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
La parapongiste Thu Kamkasomphou lors de la compétition de double mixte aux Jeux paralympiques de Paris, le 29 août 2024. (CURUTCHET VINCENT / AFP)

"Moi, tu me parles pas d'âge". Thu Kamkasomphou pourrait faire sienne cette citation de Kylian Mbappé. Parapongiste de 55 ans, la Française n'aime pas vraiment qu'on lui rappelle son âge et préfère mettre l'accent sur ses performances et sa compétitivité, alors qu'elle participe à ses septièmes Jeux paralympiques. Elle entre en lice en simple classe 8 (handicap important sur un ou deux membres inférieurs qui gênent le déplacement), mardi 3 septembre, avec l'objectif de décrocher une onzième médaille paralympique.

Un palmarès à faire pâlir bon nombre d'athlètes. Double championne paralympique (en 2000 et 2008), double vice-championne paralympique (2012 et 2016) et double médaillée de bronze (2004 et 2020) en simple, Thu Kamkasomphou compte aussi quatre breloques en bronze par équipes (2000, 2004, 2008 et 2021). Et à Paris ? "J'ai toujours des objectifs élevés", rappelle Thu Kamkasomphou, membre du top 3 mondial et championne du monde en titre.

Cette force de caractère, la pongiste la tient peut-être de son histoire. Née au Laos en 1968, elle a suivi ses parents, qui ont fui la guerre civile, avant de débarquer en France à 10 ans. Sa maladie, une périartérite noueuse, lui est diagnostiquée à l'âge de 17 ans. "Ce sont les vaisseaux sanguins qui sont trop fins, donc ça éclate, ça fait des plaies, qui mettent environ six mois à cicatriser. Ça tire, ça pique, et mes jambes ne sont pas suffisamment irriguées et oxygénées", explique-t-elle. Elle continue toutefois de concourir chez les valides et découvre en parallèle le parasport à 30 ans.

Une pionnière dans le parasport

"Elle était une sportive de haut niveau en valide, à 16-17 ans, elle était en pôle France, et je pense que ce vécu lui sert. C'est un acquis indéniable pour compenser une petite diminution physique liée à l'âge et à l'évolution de la maladie", note Julien Soyer, médaillé d'argent par équipe en paratennis de table aux Jeux paralympiques de Sydney 2000 et Athènes 2004 et consultant franceinfo: sport.

Grâce à cette expérience avec les valides, "elle a une vision du jeu et des coups techniques que ses adversaires n'ont pas forcément", ajoute Emmanuelle Lennon, son entraîneure et ancienne coéquipière en deuxième division à Quimper (Finistère). "Et dans le même temps, ce n'est pas toujours évident parce qu'elle n'a plus les mêmes jambes, et il y a une mémoire du corps qui pense qu'il peut toujours aller chercher certaines balles, alors que ce n'est plus le cas. Il faut qu'elle use davantage de sa main", poursuit-elle.

Pour s'inscrire dans la durée, Thu Kamkasomphou a su s'entourer. "C'est une pionnière dans la capacité à se créer une cellule autour d'elle pour atteindre ses objectifs. Elle a su convaincre des partenaires économiques de la soutenir alors que le parasport féminin n'avait pas forcément une popularité importante, pour se donner la possibilité de mettre en place des dispositifs de performance", explique Julien Soyer. Dernier élément en date : la parapongiste s'est fait livrer chez elle la même table que celle des Jeux de Paris 2024. "Ce n'est pas un échantillon de rigueur qu'elle a, c'est la bouteille entière", rigole Julien Soyer. 

Cette exigence est d'ailleurs l'élément clé de sa longévité, à en croire Emmanuelle Lennon. "Je l'ai connue jeune, j'ai fait des stages avec elle et on se levait tôt le matin pour courir. Elle a toujours eu cette rigueur, qu'elle a apportée aux personnes avec qui elle travaille ou s'entraîne", abonde l'entraîneure. Ne laissant rien au hasard pour performer, elle avait d'ailleurs choisi de ne pas postuler pour être porte drapeau de la délégation française, afin de ne pas y laisser trop de jus, avec une cérémonie d'ouverture la veille de son entrée en lice en double mixte. 

Du haut de ses sept participations aux Jeux paralympiques, Thu Kamkasomphou savoure le chemin parcouru dans l'exposition du parasport : "A Sydney en 2000, on avait un résumé de trois minutes de tous les sports le soir à la télé. Aujourd'hui, c'est 300 heures de direct, c'est incroyable". Après son élimination dès le deuxième tour en double mixte avec Lucas Didier, ses matchs de simple seront à suivre sur France Télévisions. Avant de prendre sa retraite ? Il n'en est pas question. "On me le demande souvent, mais après Paris, dès le lendemain, c'est Los Angeles. Je suis une compétitrice et tant que mon corps me laissera en paix, que j'aurai l'envie et que je serai sélectionnable, je serai encore là", promet-elle.

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