Paralympiques 2024 : ancien militaire blessé en Irak, Cyrille Chahboune est fier de représenter la France autrement avec les Bleus du volley assis

Article rédigé par Apolline Merle
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
L'ancien militaire Cyrille Chahboune, libéro de l'équipe de France de volley assis, pose au musée Grévin à Paris, le 28 mai 2024. (STEFANO RELLANDINI / AFP)
L'équipe de France de volley assis entre en lice jeudi face au Kazakhstan pour son premier match de poules, lors d'une participation inédite aux Jeux paralympiques.

"Représenter la France a toujours été quelque chose de fondamental pour moi, quelque chose qui me touche tout particulièrement." Avant d'être le libéro de l'équipe de France de volley assis, Cyrille Chahboune défendait déjà les couleurs de la France, mais sur un autre terrain. Membre des commandos parachutistes de l'armée de l'air pendant plus de dix ans, le Bordelais de 38 ans a porté l'uniforme au sein des forces conventionnelles, puis des forces spéciales. "Pendant toutes ces années, j'ai eu la chance de partir sur une multitude de missions au Tchad, en Afghanistan, en Libye, au Mali, etc.", énumère-t-il. 

Mais, en octobre 2016, sa vie prend un tout autre tournant. Envoyée en mission en Irak pour lutter contre Daech, l'unité de Cyrille Chahboune est victime d'une attaque par drone. Le bilan est lourd : deux militaires kurdes irakiens, qui combattaient aux côtés des forces françaises, sont tués et deux militaires français, Cyrille Chahboune et son frère d'armes Guillaume Ducrocq, sont gravement blessés.

Plus d'un mois en réanimation

"Je suis resté en réanimation pendant plus d'un mois, mon pronostic vital était engagé. J'ai subi une cinquantaine d'opérations en tout et j'ai été amputé des deux jambes. Ensuite, une longue période de rééducation a commencé, avant ma sortie de l'hôpital en décembre 2017", se remémore Cyrille Chahboune qui a alors dû apprendre à marcher avec des prothèses et réapprendre les gestes de la vie quotidienne.

Cyrille Chahboune en 2015 lors d'une mission militaire à Tessalit, au Mali. (DR)

Au cours de la rééducation, le militaire se remet au sport "pour passer le temps à l'hôpital". Il bénéficie aussi d'un processus de reconstruction par le sport, mis en place par l'armée au Centre national des sports de la défense à Fontainebleau (Seine-et-Marne). "En 2018, j'ai même participé aux Invictus Games [une compétition pour les vétérans de guerre blessés] à Sydney, dans plusieurs sports comme le volley assis, la voile où j'ai été médaillé d'or, le rugby fauteuil, le développé couché, ou encore la natation", énumère Cyrille Chahboune. Avant de choisir pour de bon le volley, il s'est aussi essayé au ski alpin, et au tir au pistolet, discipline où il a même rejoint l'équipe de France de paratir sportif.

"Ce parcours de reconstruction par le sport était quelque chose dont Cyrille avait besoin, que ce soit physiquement ou psychologiquement. Il devait aussi retrouver le besoin se dépasser."

Guillaume Ducrocq, militaire blessé lors de la même attaque que Cyrille Chahboune

à franceinfo: sport

"Cyrille est un homme de défis, c'est même une nécessité pour lui", appuie l'un de ses plus proches amis dans le civil, Jonathan Ambach, "admiratif" de son parcours. "On évite de le lui dire, car il prend la grosse tête autrement", plaisante-t-il. 

"Environ six mois après l'accident, il était déjà presque autonome. Il est très résilient et il a cette force de savoir se relever de n'importe quelle épreuve", confie encore Jonathan Ambach, qui sera là pour soutenir son ami à l'Arena Paris Nord de Villepinte (Seine-Saint-Denis). "Il ne lâche jamais rien et se donne toujours au maximum dans ce qu'il fait. Il va toujours de l'avant", confirme Guillaume Ducrocq.

Aux prémices de l'équipe de France

En parallèle de sa sortie d'hôpital, Cyrille Chahboune est contacté par Rémy Boullé, ancien commando de l'armée de l'air et médaillé de bronze aux Jeux paralympiques de Tokyo en paracanoë. Son ami lui conseille de tenter sa chance en équipe de France de volley assis, alors en pleine construction. L'ancien militaire adhère dans la foulée et, après un stage avec les Bleus, rejoint l'équipe de France en janvier 2018 de manière officielle, accompagnée de son frère d'armes Guillaume Ducrocq, lui aussi recruté. "Avec Cyrille, nous ne sommes pas du genre à se laisser aller. On avait toujours des objectifs. Celui des Jeux s'est rapidement ajouté, même si on ne savait pas trop comment cela allait évoluer", témoigne Ducrocq, qui n'a pas été retenu pour Paris 2024. 

Le libéro de l'équipe de France de volley assis, Cyrille Chahboune, lors des championnats d'Europe en 2022. (DR)

Sélectionné pour les Jeux paralympiques de Paris 2024 – les premiers pour l'équipe de France de volley assis, créée il y a six ans et invitée en tant que pays hôte – Cyrille Chahboune est fier de porter de nouveau les couleurs de la France au plus haut niveau.

"Je fais souvent le parallèle entre le sport et l'armée. En étant militaire, je représentais déjà la France à l'international et aujourd'hui, je continue à le faire en tant que sportif sur les terrains."

Cyrille Chahboune

à franceinfo: sport

L'ancien militaire, décrit par ses proches comme un "patriote", "ne prend jamais une photo sans son drapeau tricolore". "Et puis, poursuit Cyrille Chahboune, j'étais dans les forces spéciales, qui sont le haut de la pyramide de nos forces armées en France. Les Jeux aussi, c'est le haut de la pyramide pour les sportifs."

A Paris, Cyrille Chahboune rêve de vivre l'expérience inédite des Jeux, "devant des salles pleines", et que l'équipe soit "poussée par la force du public". Si la médaille paraît difficile à aller chercher pour cette jeune équipe de France, 23e nation mondiale, le libéro des Bleus veut malgré tout "être compétitif". Et porter haut les couleurs du drapeau tricolore.

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