L'OM rate sa saison, la faute à…

Sur le papier, l'OM visait en août dernier une qualification directe pour la Ligue des champions, un parcours honorable en Europe et peut-être une Coupe. Neuf mois plus tard, le parcours honorable en Europe y est, la victoire en Coupe toujours possible, avec une finale de Coupe de la Ligue à jouer contre Lyon le 14 avril. Reste le point noir, la 9e place en championnat, à 20 points du leader et 16 du 3e. 

• L'OM avait-il les moyens de ses ambitions ?

Le budget du club est de 140 millions d'euros. Largement suffisant pour viser une place d'honneur en France, beaucoup plus aléatoire pour permettre une bonne performance en Coupe d'Europe. Comme l'explique Leonardo, directeur sportif du PSG dans L'Equipe, "si tu ne peux dépenser que 100 millions d'euros, c'est impossible de faire une équipe compétitive en Ligue des champions." L'OM n'a dépensé que 10 millions d'euros sur le marché des transferts cet été. Quand on compare ce chiffre avec celui des mercatos précédents, on voit clairement que le club s'est serré la ceinture (25 millions dépensés en moyenne ces dix dernières années d'après OM Planète). Reste que finir 9e ou 10e est indigne du statut d'un club qui a le troisième budget du championnat. 

• Quelle part de responsabilité pour Didier Deschamps ?

Certes, l'entraîneur est toujours le premier fusible à sauter. S'il est difficile d'imputer les résultats décevants (démarrage calamiteux en championnat, rechute brutale au printemps) au seul Didier Deschamps, l'absence d'un jeu un tant soit peu attractif depuis son arrivée est à mettre à son débit. Plus ennuyeux, l'OM donne le sentiment de n'avoir que douze ou treize joueurs au niveau. Dès que Deschamps est obligé de faire tourner l'effectif, à cause des blessures ou des absences dues à la Coupe d'Afrique, la prestation de l'équipe s'en ressent. Au match aller contre le Bayern, ou contre Quevilly en Coupe, les remplaçants ont failli. 

Certes, Deschamps a toujours avancé qu'il privilégiait le résultat d'abord, mais son Monaco et sa Juventus jouaient mieux que l'OM, capable au mieux d'à-coups brillants. Reste que le bilan comptable de l'ancien capitaine des Bleus est remarquable. Comme il le rappelait lui-même le 2 avril : "Pour ceux qui sont avec moi depuis trois ans, c'est le 24e match d'affilée de l'OM en Ligue des champions." Aucun entraîneur à Marseille n'a fait mieux. Mais en même temps, aucun n'a duré aussi longtemps depuis… les années 1980.

• Quelle part de responsabilité pour les supporters ?

Les supporters phocéens ont commencé à prendre leurs distances avec l'entraîneur du club. Lors du match aller contre le Bayern, on avait pu lire des banderoles comme "Ce soir, on est comme vous, on ne sert à rien" ou "Deschamps et tes joueurs, cassez-vous". Certains y voient la main de José Anigo, l'influent directeur sportif, "mis au placard" pour cause d'incompatibilité d'humeur avec Deschamps. Anigo dément toute opération de déstabilisation dans France Football : "Les supporters ne sont pas manipulables." Et pourtant, des doutes subsistent : la fronde des supporters vise exclusivement l'entraîneur et les joueurs, pas le président ou le propriétaire, alors que c'était fréquent les années précédentes.  

• La Coupe de la Ligue comme ultime bouée de sauvetage

Si l'OM gagne la Coupe de la Ligue, pourra-t-on dire que le club a sauvé sa saison ? Il n'y a pas si longtemps, le PSG camouflait ses résultats en dents de scie en championnat par des trophées glanés sur le fil. En s'adjugeant la Coupe de la Ligue, l'OM s'assurerait une place en Ligue Europa, la "petite coupe d'Europe", beaucoup moins lucrative que la Ligue des champions. Sans participation à la reine des compétitions européennes, certaines vedettes du club pourraient aller voir ailleurs. Et obliger l'OM à redémarrer un nouveau cycle.